Suite de l’aventure incroyable du souterrain perdu du boulevard Léon-Bureau

Mise à jour au 29 mai 2024

Suite à notre billet, les journalistes Jean-Philippe Defawe et Antony Torzec ont interrogé la Samoa : non, la destruction du passage souterrain ne coûtera pas 35.591.700 euros mais 355.917 euros. Certes, le montant indiqué dans l’avis d’attribution publié au Journal officiel de l’Union européenne est bien de 35.591.700 euros mais il s’agit d’une bête erreur de frappe ! Ce montant figure même deux fois dans l’avis, dont une dans la synthèse placée en tête. La faute de frappe, pas encore corrigée à cette heure, cinq jours après parution  de l’avis, se double donc d’une absence de relecture d’un document à valeur légale !

Deux anciens cadres de la Samoa sont actuellement mis en examen aux côtés de Jean Blaise dans l’affaire du Carrousel des mondes marins. Tout s’expliquera peut-être par une simple erreur de saisie…

Divisé par cent, le coût des travaux à effectuer sous le boulevard Léon-Bureau a davantage figure humaine. Il paraît quand même plutôt élevé pour boucher un souterrain d’une vingtaine de mètres sans complications géologiques particulières. Et bien entendu, la faute de frappe invoquée par la Samoa ne répond pas aux autres bizarreries pointées dans notre billet.

La présence du passage souterrain a été « mise en évidence » dans le cadre du projet de nouvelles lignes de tram, écrit la Samoa. Elle explique que le tunnel n’apparaissait pas dans le « patrimoine du service Ouvrage d’Art de la Métropole ». Autrement dit, Nantes Métropole avait bel et bien égaré le tunnel mis hors service voici une quinzaine d’années. Ce n’est évidemment pas très rassurant : y a-t-il beaucoup d’oublis du même genre ?

À cause de cette lacune découverte sur le tard, la Samoa aurait dû procéder dans l’urgence puisque les travaux devaient impérativement être effectués cet été. Le délai de l’appel d’offres a été raccourci, ce que la loi permet en cas d’urgence « dûment justifié par le pouvoir adjudicateur » (directive 2024/24/UE). Mais la lacune du service Ouvrages d’art est elle une due justification ? Difficile à soutenir. Dès le 16 novembre 2023, un participant à l’excellent forum architectural PSS publiait un extrait du phasage des travaux de l’île de Nantes prévu par la Samoa en précisant que « la démolition du tunnel souterrain au droit de Stereolux ne se fera pas avant l’été 2024 ». Il n’y a eu urgence que parce que la Samoa n’a publié son avis de marché que quatre mois plus tard !

Ce caractère d’urgence pourrait contribuer à expliquer que les travaux coûtent cher. La Samoa a d’ailleurs omis d’indiquer dans son avis d’attribution si d’autres offres lui avaient été soumises par des entreprises.

Enfin, on peut se demander pourquoi c’est la Samoa qui s’y colle. Le souterrain, dit-elle, « n’est pas compatible avec l’arrivée d’une infrastructure tramway ». Il aurait alors semblé plus logique de refiler le bébé à l’entité responsable de cette « infrastructure tramway », autrement dit la Semitan. Cela aurait sans doute permis au moins une meilleure coordination des travaux.

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