#JR 2020 : Il y a des maisons pour ça

« Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission… »
La phrase de Clémenceau est restée célèbre. À Nantes, on fait la même chose ou presque. Ça s’appelle, par exemple, “le dialogue citoyen”. Style “cause toujours, on décide…”. L’autre astuce, c’est créer une maison. Comme, par exemple, celle de la tranquillité publique.

Y a-t-il un Nantais ou une Nantaise pour considérer que les choses vont beaucoup mieux, sur le plan de la sécurité, depuis la création d’une “maison de la tranquillité publique” ? Présentée comme une innovation forcément nantaise, cette maison a bien sûr un directeur (Lionel Edmond) et une équipe de permanents dont les horaires leur évitent d’être dérangés le week-end !   À cela s’ajoutent 30 “médiateurs de quartier”, répartis sur huit secteurs de la ville. Leur mission ? “Prévenir les tensions” ou encore “apaiser les conflits par le dialogue”. Ce qui n’a pas empêché de voir les règlements de comptes se multiplier à Malakoff, à Bellevue, à Nantes Nord ou au Breil depuis quelques années. Echanges de coups de feu, morts, blessés, le plus souvent, sans témoins… Les médiateurs devaient être de repos.

Maisons de campagne

Que la Maison de la tranquillité publique n’ait pas eu d’effets bénéfiques sur le climat nantais semble une évidence. Cela n’empêche pas la candidate-à-sa-succession  de prévoir, dans son programme, d’en étendre les services. En clair, on prévoit d’embaucher quelques médiateurs supplémentaires. Avec, en prime, la création d’un “correspondant d’aide aux victimes” (sic). Promis, si #JR2020 l’emporte, les victimes de violences y trouveront leur lot de consolations…

Inutile de revenir sur l’intérêt des maisons de quartiers : avec les mairies annexes, elles sont généralement les premières victimes des tensions dans les banlieues. Toujours pas de bilan chiffré, à ce jour, concernant les dégâts occasionnés par les émeutes du début juillet 2018 à Bellevue, au Breil, aux Dervallières ou à Malakoff. Dans ces quartiers, les nuits calmes sont devenues de plus en plus rares. Mais qu’importe, on prévoit une nouvelle maison de quartier à La Halvèque. Et on va rénover la maison festive de la Roche à Malakoff.

Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Sans doute agacée d’avoir vu Jacques Auxiette créer une “maison régionale de la longévité et de l’autonomie” dont on se demande à quoi elle sert réellement (son agenda est désespérément vide…) et Philippe Grosvalet inaugurer une maison départementale des personnes en situation de handicap, Johanna Rolland a imaginé de “créer une maison de la longévité et des générations”. L’objectif : créer “un guichet unique de l’ensemble des services existants”. Présentée comme ça, l’initiative semble pertinente. Au moins tout autant que le regroupement de services au sein de Nantes Métropole qui devait se traduire par des économies de fonctionnement. Le contribuable aura juste eu droit à une ligne supplémentaire de prélèvement sur sa feuille d’impôts locaux !

Gens de (la) maison

Aucun secteur n’échappe à cette frénésie d’ouvrir des maisons pour tout… ou presque. #JR2020 prévoit ainsi l’ouverture d’une maison de l’entreprise, histoire de centraliser “les ressources et les dispositifs d’aides à destination des entrepreneurs”. Une initiative que la Ville ne porterait pas seule, la CCI et les acteurs du territoire étant associés à la démarche.

À défaut d’une maison de quartier, ce bout d’île de Nantes proche des Machines affiche une concentration de “maisons” : la Maison de l’autonomie susnommée, la Maison des adolescents, la Maison de l’avocat… Une concentration qui a visiblement inspiré le boulanger du quartier. Le nom de sa boutique ? La Maison, tout simplement !

À défaut de loger celles et ceux qui cherchent un toit, ces différentes maisons permettent au moins d’offrir un travail à quelques “amis” fidèles. Jacques Auxiette, alors président du Conseil régional, n’avait-il pas créé lui aussi une maison (Design’In Pays de la Loire) pour y recaser son ancien directeur de cabinet ? Si ce “machin”  – qui avait pour but de “développer le design dans les entreprises et les organisations publiques” – a aujourd’hui disparu, la technique reste éprouvée. Pour tenir ces établissements, il faut des gens de maison !

Dans la tradition (socialiste ?) de placer ainsi des fidèles, le programme de Johanna Rolland n’oublie pas les amis de l’UDB. Il est ainsi envisagé de « créer un espace dédié au commerce et à l’artisanat made in Naoned ». Le micro-parti breton devrait pouvoir y loger l’ensemble de ses militants !

 

4 réponses sur “#JR 2020 : Il y a des maisons pour ça”

  1. Vert Cocu, merci de vos éloges. Mais ne les bornez pas à La Méforme d’une ville, qui a surtout une fonction d’archive aujourd’hui. Que reprochez-vous donc au billet de Julien Craque ? Ne trouvez-vous pas que la propension de la Ville à multiplier les « maisons » a un petit côté TOC ? La Méforme d’une ville avait d’ailleurs accroché en son temps la « maison de l’autonomie et de la longévité » (https://lameformeduneville.blogspot.com/2013/09/old-brother.html) — un nom qui fleurait bon l’Oceania de George Orwell (« la guerre c’est la paix », etc.) puisqu’elle s’occupe de personnes… dépendantes et en fin de vie.

    1. Disons que pour critiquer les réalisations récentes de la municipalité de Nantes, on ne peut que s’en prendre à l’équipe en place.
      Mais si on se met à critiquer les promesses de son programme, alors il faut le faire pour tous les candidats.
      Sinon, ça laisse comme un arrière-goût de militantisme qui ne l’avoue pas et c’est désagréable.
      On a souvent reproché à la Méforme de « travailler pour le camp d’en face » mais vos critiques visaient finalement que peu les politiques, autant que possible tout du moins, et ne semblaient pas être prises de frénésies à mesure que des élections approchaient.
      Enfin, vous saviez régulièrement rappeler un attachement à Nantes alors qu’ici, on est dans l’attaque frontale.
      Bref, votre blog était plus mesuré et d’autant plus attachant.
      Si le but de celui-ci est de rappeler à quel point l’équipe municipale actuelle est nulle, merci, mais le sachant déjà, je n’y vois pas grand intérêt. Et il est bien tard pour ceux qui n’en sont pas déjà convaincu.
      Ya bien eu un peu de Garnier visée mais c’est léger.
      Alors si s’intéresser à toutes les candidates demandent plus de travail, il faut assumer ou s’abstenir. Et si on charge la barque essentiellement sur JR, on n’est plus très loin du bête et méchant et, là encore, autant assumer et ne pas avoir peur de mettre les électeurs dans le même panier. Ce que justement des Garnier ou Oppelt n’ont pas le courage de faire en refusant de critiquer les mandats Ayrault mais elles sont dans une campagne, elles, elles ont des excuses à se concentrer sur JR.
      Nantes+, pas vraiment, à moins d’être aussi en campagne, au moins contre JR. Et si c’est le cas, il ne faudra pas oublier de fermer boutique si JR perd, peu importe qui l’aura battue et les absurdités que Nantes ne manquera pas de connaître.

  2. Je comprends (et partage) votre admiration pour le talent et la culture de Sven Jelure. Difficile de rivaliser. Pour ce qui est des municipales nantaises, oserais-je dire que le vert cocu était assez tendance lors du mandat qui s’achève…

  3. Merci pour la réponse à mon commentaire de votre article précédent.
    Les contributions de Julien Craque étant bien bileuses, j’en resterais à la Méforme d’une Ville.
    Pas étonnant de constater que Sven Jelure est resté bien longtemps seul sur la toile. Un certain talent, et peut-être une sincérité qui ne l’a pas poussé à attendre les municipales pour sortir les claviers.
    Lire des articles comme ça me donnerait, presque, envie de voter pour la liste de Rolland.

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