Les Allumées en mode quasiment rien

Ce n’est pas parce qu’Allumées commence comme Alzheimer qu’on doit oublier les anniversaires. Mais les souvenirs commencent quand même à se mélanger un peu.

« Il y a trente-deux ans, Les Allumées, festival pour déjantés, débutait à Nantes », titrait Ouest-France ce 14 octobre. Vraiment, 32 ans déjà que nous roulons sur la jante ? Mais pourquoi célébrer un 32e anniversaire ? En général, on célèbre des chiffres ronds : 25e anniversaire, 30e, 40e… Un 32e, ça ne ressemble pas à grand chose.

Encore mieux : ce titre est faux ! Le festival Les Allumées n’a pas débuté le 14 octobre 1991 mais le 15 octobre 1990. Il y a donc… 33 ans ! Ouest-France se corrige d’ailleurs en sous-titre : en 1991, il y a 32 ans, c’était la deuxième édition – Leningrad/Saint-Petersbourg ‑ qui commençait. Ce qui rend le mystère encore plus opaque : pourquoi célébrer le 32e anniversaire de la deuxième édition d’un festival plutôt que le 33e de la première ? Ou le 28e de la sixième – La Havane – qui n’a pas eu lieu ?

À moins bien sûr qu’il y ait dans cette deuxième édition quelque chose à célébrer particulièrement en 2023. Légitime est donc la question posée par Ouest-France : « Que reste-t-il des Allumées et plus particulièrement de l’édition 1991 ? » La réponse laisse rêveur : « Quasiment rien, sauf que ce fut six jours de fête. » En voilà une affaire !

« On en parle encore à Saint-Petersbourg », conclut Ouest-France. C’est présomptueux : il se passe beaucoup de choses dans la grande capitale culturelle qu’est « Piter », et six jours de nouba à 2 500 km de là en 1991 n’ont probablement pas laissé de traces très profondes dans la mémoire de la ville. À bien chercher, sans doute, on pourrait y trouver des gens qui en parlent encore. Je ne les ai pas rencontrés – alors que j’ai rencontré des chanteurs de la Capella ravis de leurs participations à la Folle Journée !

Au moment où Jean Blaise s’apprête à prendre sa retraite, il est sans doute de bon ton de rappeler le seul fait vraiment notable de sa carrière. Hélas, avec ce genre de célébration, les superlatifs d’autrefois paraissent plutôt défraîchis.

Sven Jelure

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