Plus de gradinerie en bord de Loire

Me voilà fier comme Artaban. Le conseil métropolitain a découvert le 4 octobre le projet de réaménagement de la place de la Petite-Hollande. Les débats ont surtout porté sur le parking, dans sa partie est. Mais c’est à l’ouest que la nouveauté se passe. Le projet prévoit la suppression de l’extrémité du parking au profit d’une « cale gradinée » (sic) descendant vers la Loire.

Voici ce que j’écrivais le 12 février 2015 dans ma deuxième contribution au Grand débat sur la Loire :

« Il nous faudrait un endroit à la gloire de la Loire, un lieu de rencontres et de réjouissances au contact du fleuve. On l’imagine comme un amphithéâtre descendant vers une petite rade, où les Nantais viendraient se promener, se rencontrer, manifester, pique-niquer aux beaux jours, assister parfois à des spectacles flottants. À marée montante, on évacuerait les gradins inférieurs. Au jusant, on les réinvestirait. Cette Tribune Loire devrait être toute proche du centre-ville. On pourrait lui sacrifier une partie du parking de la Petite-Hollande, face à la médiathèque. »

En somme, exactement le dispositif présenté au conseil métropolitain. Pour être honnête, je proposais aussi un autre emplacement pour cette cale : la creuser à la place d’un palais de justice en voie d’autodestruction. Mais il ne faut quand même pas trop en demander.

Loireschwimmen et ghats de Nantes

Là où je me sens moins flambard, quand même, c’est que l’idée n’est pas vraiment neuve. « Ta cale gradinée, c’est du déjà vu », m’avertissent d’un air blasé Victor Hublot et Aphrodite Duras, qui ont toujours un temps d’avance. « Il y en a une belle à Bâle. On s’y est baigné il y a pas longtemps. » Chaque été depuis près de quarante ans, Bâlois et visiteurs se jettent à l’eau par milliers pour la Rheinschwimmen.

Jacques Chirac avait promis qu’il se baignerait dans la Seine en 1988. Il avait été réélu maire de Paris l’année suivante. Johanna Rolland sait ce qui lui reste à faire : promettre qu’elle sera la première à plonger dans la Loire depuis sa cale gradinée.

Et puis, le gradinage c’est impeccable pour la fête de la musique : le fêtard qui trébuche du dernier gradin émergé de la cale ne tombera pas plus bas que le premier gradin immergé, où il aura pied. Comme le bon goût a de moins en moins cours, il y aura bien quelqu’un pour proposer de la baptiser cale Steve Maia Caniço.

Mais comment reprendre l’avantage sur Bâle ? Là, j’ai un joker, ma quatrième contribution au grand débat sur la Loire : l’aménagement de lieux de cérémonie sur les bords du fleuve. Avec la suppression de la voie sur berge (mais à quelle voie donnera-t-on le nom d’André Morice en échange ?), on pourrait prolonger la cale gradinée sur 1, 5 km pour former les ghats de Nantes. Comme à Bénarès (oups, Varanasi, hindouisation oblige), on pourra y organiser des crémations par milliers. On viendra du monde entier pour voir ça !

Et toc ! Victor Hublot, Aphrodite Duras, l’incinération au bord de l’eau, vous n’avez pas encore pratiqué ça, tout de même ? Quant à Johanna Rolland, personne ne lui demandera d’être la première à monter sur le bûcher.

Sven Jelure

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