Nantes cultive les arbres en toc…

De la gare à Miséry

Le Marché de Noël, c’est mort : Nantes n’en aura pas. Le sapin de Noël, c’est mort aussi ? Parions que Johanna Rolland va faire profil bas, très bas, sur ce sujet ! Quand son collègue bordelais Pierre Hurmic a exclu de dresser un arbre coupé, c’est-à-dire un « arbre mort » en guise de sapin de Noël dans sa ville, il est devenu la risée des médias sociaux. Elle ne tient sûrement pas à subir le même sort.

Au moment où Pierre Hurmic parlait, elle envoyait pourtant au Bulletin officiel des annonces de marchés publics (BOAMP) un avis de marché portant sur l’achat d’un arbre de Noël. À l’article 1 du règlement de consultation, elle rappelait que Nantes est engagée dans une « démarche de transition écologique » et que « l’implantation d’un sapin coupé est en contradiction totale avec cette démarche ». Quasiment du Hurmic dans le texte.

À défaut d’un arbre mort, elle demandait « un ‘sapin’ de Noël nouvelle génération qui pourrait être fabriqué en matériaux recyclés et/ou s’éclairer ou s’animer par l’interaction du public ». (Le texte a disparu du web depuis lors… mais on avait pris soin de le télécharger.)

Or qu’est-ce qu’un matériau recyclé sinon un matériau à qui l’on donne une « seconde vie » ‑ donc mort au moins une première fois ? Et voué ici à une seconde mort après Noël… Johanna Rolland était mal partie. Heureusement pour elle, à peu près personne ne semble avoir remarqué le marché. Sauf son attributaire naturellement, la société rennaise Ludik Énergie,

Voici des semaines déjà que les services municipaux ont commencé à déposer, sans trop de précipitation, des décorations de Noël en travers des rues et sur les magnolias coniques du cours des 50 otages. Le « sapin » façon écolo devait être installé au cours du week-end des 20 et 21 novembre. Rien n’a l’air de bouger pour le moment. Ludik Énergie refuse de communiquer sur le sujet. L’inquiétude monte !

Des arbres en béton, en métal et même en arbre – mais mort

Si le sapin de Noël artificialisé devait être abandonné, ce serait un très mauvais signal pour l’Arbre aux Hérons, géant de métal qui, lui aussi, n’a d’arbre que le nom (et même plus la forme, dans la version actuelle du projet). Non, Nantes ne peut pas renoncer à ce qui s’impose comme l’un des ses attraits les plus remarquables : les arbres en toc.

Depuis quelques années, combien de fois nous a-t-on fait miroiter une future « continuité de la gare à la Loire », allant jusqu’au Bas-Chantenay ? L’Arbre aux Hérons devait en ponctuer l’extrémité ouest. Pas seul : depuis 2012, Lunar Tree se dresse au-dessus de la carrière de Misery. C’est « un arbre mort, d’un blanc immaculé, de 12 mètres de haut », indique Le Voyage à Nantes, qui l’a acheté à Mrzyk et Moriceau en 2012. Un arbre mort ? Chutttt ! Il ne faudrait pas que Pierre Hurmic apprenne ça.

Lunar tree

Et depuis vendredi dernier, l’extrémité est de la « continuité de la gare à la Loire » a aussi ses arbres en toc. Ils soutiennent le plafond de la nouvelle gare SNCF de Nantes dessinée par Ricciotti. Pas moins de dix-huit arbres en béton d’un seul coup ! Le sapin de Noël sera-t-il l’arbre qui cache cette forêt ?

Sven Jelure

8 réponses sur “Nantes cultive les arbres en toc…”

  1. Ils ne sont pas encore morts mais les arbres du quai des Plantes ont triste mine… Nantes cultive (aussi) la nature en pots et on attend avec impatience le printemps prochain pour juger de l’état de ce “métaséquoia” de plus de 20 mètres, planté à grands frais,l’été dernier, par le Voyage à Nantes dans le verdoyant quartier de la Prairie aux Ducs.

  2. Faudra penser à demander à Madame Johanna Rolland à quoi pense-t-elle quand elle donne des légumes morts à manger aux élèves dans les cantines des écoles nantaises…

    1. Qu’on ne plante pas les légumes à n’importe quel moment de l’année pour assurer une production correcte en regard de l’investissement de temps et de moyen des agents de la fonction publique qui auraient pû faire quelque chose de plus adapté à leurs emplois à la place ?
      Et qu’il aurait été plus intelligent d’acheter directement aux maraîchers nantais qui ont fait face à la crise du confinement eux aussi ? Surtout à une époque où le fossé entre métropole et campagne se creuse.

      1. @Vertcocu

        JR, tout comme son prédécesseur JMA, ne fonctionne que dans la com’. Qu’importe le prix de revient du kilo de carrotte, c’est le contribuable qui paie.

        Dans un autre registre communication, nous attendons toujours les tonnes de légumes bio promises par nos « agriculteurs zadistes ». Production qui devaient inonder les marchés nantais pour la plus grande joie des bobos tête à claque en vélo cargo.

        #ghostvegetables

  3. Et il en reste encore un qui n’a pas été mentionné : l’arbre en ferraille d’Éric Fonteneau. A droite du carré Feydeau , non loin du petit parc pour enfant. Sobrement intitulé « un arbre, la forêt ». Il ne vous reste plus qu’à le trouver ! NB Eric Fonteneau était l’auteur de l’ancienne fontaine du square Elisa Mercoeur. Comme sa fontaine est partie avec la rénovation en 2011, on lui a commandé une autre oeuvre

    1. Place Sainte-Elisabeth (autre terrible raté d’urbanisme, place vide, cernée par la circulation privant les restos de terrasses), il y a le banc et panneau publicitaire végétal.
      Jamais essayé de m’asseoir dessus mais je n’y ai jamais personne non plus.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *