Jean Blaise entraîné vers les fonds marins

On ne tire pas sur une ambulance. Mais sur un panier à salade ? Jean Blaise est présumé innocent, certes ; cependant il y a des gens à Nantes que sa mise en examen n’attriste pas plus que cela. Johanna Rolland, elle, doit se mordre les doigts.

Du moins si elle relit son long entretien avec Éric Chalmel (alias Frap), publié par le blog de celui-ci, Les États et empires de la Lune en septembre 2013. Pas encore élue maire de Nantes, mais déjà intronisée par Jean-Marc Ayrault, elle déclarait à propos de la culture municipale :

Il y a eu une forme d’institutionnalisation de ceux qui ont été reconnus et placés en situation de responsabilité de la politique culturelle nantaise, ceux qui ont été à un moment donné l’émergence culturelle nantaise. Si l’on considère qu’en 2014, si je suis élue, ce ne sera pas un cinquième mandat mais le début d’un nouveau cycle, il faudra être capable de se réinterroger, de laisser quelques clefs, d’ouvrir des espaces d’émergence.

Finalement, le nouveau cycle avait fait son travail de cycle : il était reparti pour un tour. Jean Blaise était resté « placé en situation », conservant la tête de la SPL Le Voyage à Nantes, qui elle-même conservait la délégation de la politique touristique métropolitaine.

L’heure d’ouvrir « des espaces d’émergence » s’est pourtant présentée à nouveau en 2017 quand la chambre régionale des comptes a rendu un rapport sur Le Voyage à Nantes. Une section y était consacrée à la construction du Carrousel des mondes marins. Elle signalait pas moins de 21 types d’irrégularités différents : absence de publication d’avis d’attribution de marchés, absence de suivi des marchés, rétroactivité illégale d’un contrat administratif, etc.

Il semble d’ailleurs que la mise en examen de Jean Blaise n’est due à aucun de ces griefs, signe que les enquêteurs ont dû trouver davantage en fouillant les fonds marins. Ce que confirme la mise en examen dans cette affaire de personnes extérieures au Voyage à Nantes ‑ cadres de la SAMOA et hauts fonctionnaires. « Je nous félicite mutuellement de ce travail riche et fructueux » avait écrit Jean Blaise au président de la Chambre à réception du rapport. Sa garde à vue aura sans doute un peu terni son auto-félicitation.

Johanna Rolland n’avait pas saisi l’occasion. Et depuis lors, on ne peut pas dire que le Voyage à Nantes ait fait des étincelles. Son opération estivale patine. Sa seule initiative originale a été d’organiser en 2021 un colloque sur le tourisme du futur… À ce jour, un quart de siècle plus tard, toute présentation de Jean Blaise commence rituellement par : « le créateur des Allumées ». Pourvu que ça dure.

Sven Jelure

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