Irrémédiable jobardise du lecteur de magazine… On a beau savoir que l’important est dans le cahier publicitaire, on espère toujours de l’information. « Nantes, ce qui se mijote », titre Le Point cette semaine : ça met en appétit, non ? Hélas, ce plat mijoté tient plutôt du sandwich sous blister.
Quand un poids lourd de la presse hebdomadaire française d’information veut faire découvrir la sixième ville de France à ses lecteurs, qu’y lit-on ?
On y apprend que le projet de CHU est contesté : en voilà de l’actu ! Ou encore que la gare SNCF a fait l’objet d’un « lifting réussi » ; elle a ouvert au public le 20 novembre… L’actu devrait être plus brûlante avec les chantiers navals (de Saint-Nazaire, mais bon…) : pour eux c’est « l’heure de vérité », titre le magazine. Mais dès la deuxième phrase, on lit que le directeur général des chantiers de l’Atlantique « ne se préoccupe pas de la situation immédiate ». Pour l’heure exacte, repassez dans dix ans.
Faute de vraie actualité, Le Point s’est rabattu sur l’art de vivre avec une série de « coups de cœur pour bien déconfiner ». Il préconise de visiter (liste exhaustive et dans l’ordre) Little Atlantique Brewery, Bains d’Epsom, Barak, Meraki, Zoom, Ping Pong, Sepia, Coquerico, Flowers Jue, Delicatessaine et Billie’s. Inutile d’aller jusqu’en Seine-Saint-Denis pour trouver la Californie, et avec même la mer pas loin !
Alors, trouvera-t-on « ce qui se mijote » dans l’incontournable interview de Johanna Rolland ? La maire de Nantes nous informe que « l’enjeu du monde d’après sera de lutter contre les fractures sociales et territoriales ». Le monde d’après, Emmanuel Macron nous l’avait déjà faite, celle-là. D’après quoi ? Cela reste à préciser. Mais c’est du monde de maintenant qu’on voudrait avoir des nouvelles ! Heureusement, l’avenir se présente bien : Johanna Rolland assure au point qu’elle a « rejoint la dynamique plateforme Idées en commun d’Anne Hidalgo à travers l’équipe de France des maires pour réfléchie à des enjeux de fond ». Compte tenu de cette initiative audacieuse, comment Laurence Garnier ose-t-elle dire que « la ville de Nantes n’a rien compris » ?
Sven Jelure
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