Nantes Métropole s’apprête à dépenser jusqu’à 220 000 euros H.T. pour une étude intitulée « Diaghéron », alias « la réalisation d’un diagnostic complet de l’état général du « Grand Héron » ». C’est à la fois une BONNE nouvelle et un terrible aveu.
Une bonne nouvelle parce que pour la première fois, Nantes Métropole passe une commande concernant l’Arbre aux Hérons sous forme d’un marché public ordinaire. Pendant des années, elle a considéré qu’elle pouvait s’en dispenser en invoquant l’article R2122-3 du code de la commande publique (ou son prédécesseur l’article 30 du décret 2016-360 du 25 mars 2016), car l’Arbre était pour elle une œuvre d’art jusqu’au dernier de ses boulons.
Elle utilisait systématiquement cette possibilité pour passer des marchés de gré à gré, toujours attribués aux mêmes : M. Orefice, M. Delarozière et la Compagnie La Machine. Pour la loi, il s’agit d’une possibilité, pas d’une obligation. Mais Nantes Métropole faisait comme si…
Son avis de marché (pour un Diaghéron) signale donc un changement de doctrine : pour elle, le Héron ne serait plus une œuvre d’art. Vu son état, certes, on est tenté d’y voir une épave, un héron-ventouse abandonné sur l’esplanade des Machines. Pourtant, il s’agit bien de cette œuvre pour laquelle Nantes Métropole, une cinquantaine de mécènes et 5 511 donateurs de Kickstarter ont versé quelque chose comme une dizaine de millions d’euros.
Économies immédiates
On connaîtra peut-être un jour les raisons de ce revirement. Mais on en voit tout de suite le résultat financier : 220 000 euros c’est une somme presque ridicule par rapport aux millions d’euros dépensés au nom de l’art. Fin 2017, Nantes Métropole a commandé aux prestataires cités plus haut, la « Réalisation d’une étude de définition du projet d’arbre aux Hérons permettant de confirmer sa faisabilité ». Prix hors TVA : 2 575 000 euros, dont 140 000 euros de droits d’auteur à partager entre M. Orefice et M. Delarozière. (On note au passage que Nantes Métropole s’est fait rouler dans la farine puisque l’étude a conclu à la faisabilité du projet…)
Mais en même temps, cet avis de marché à 220 000 euros est le terrible aveu que le recours à l’article R2122-3 du code de la commande publique n’était absolument pas nécessaire précédemment. Nantes Métropole aurait probablement économisé des millions d’euros d’argent public en appliquant tout simplement la loi. Surtout si ses prestataires lui avaient rendu dès 2019 un verdict sincère : non, l’Arbre aux Hérons n’est pas faisable dans les conditions annoncées.
Sven Jelure
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