« Transports publics : Nantes concrétise ses ambitions »
Un communiqué officiel de Nantes Métropole est venu rassurer celles et ceux qui désespéraient de voir l’agglomération nantaise prendre du retard en ce qui concerne le réseau de transports en commun. Toutefois, l’effet d’annonce passé, il a fallu se rendre à l’évidence : rien ne sera fait avant… 2026.
À l’approche des municipales, le dossier des transports en commun menaçait de devenir brûlant. François de Rugy faisait certes savoir qu’il n’était (toujours) pas candidat à la mairie de Nantes mais il mettait les pieds dans le plat : en l’absence de nouvelles lignes de tramway, Nantes risquait, bel et bien, de prendre un peu plus de retard en ce qui concerne les modes de déplacements urbains. Fâcheux au moment où était débattu le projet du futur (?) CHU dont l’absence de desserte était pointée par de nombreux observateurs.
Nantes + tard
Qu’importe, le 7 juin, il s’agissait de frapper fort. Et Johanna Rolland ne ratait pas l’occasion d’annoncer non pas une, non pas deux mais “cinq décisions majeures” pour permettre à Nantes de “garder ce temps d’avance” qu’elle n’a plus depuis quelque temps déjà. D’autres grandes métropoles (Bordeaux, Strasbourg, Montpellier, Rennes…) ont mis d’autres moyens que Nantes, ces dernières années, pour développer leurs réseaux.
Il serait vain de chercher, dans ces “cinq décisions majeures”, un projet pour un futur immédiat. Il y a certes “la transformation de la ligne Chronobus C5 en ligne de Busway” mais ce n’est pas, en soi, une révolution. Tout le reste est remis à… plus tard. À défaut du raccordement les lignes de tramway 1 et 2 dont plus personne n’espère la réalisation avant 2030, on annonce non pas une, non pas deux mais trois nouvelles lignes de tramway à l’horizon 2026 !
Si nul ne se hasarde à situer plus précisément dans le temps ce fameux “horizon”, c’est que ces projets en sont encore au stade de… projets. Et chacun a pu se rendre compte que les “nouvelles lignes” annoncées n’en seront pas vraiment. Sur le plan réalisé par Nantes Métropole, on voit bien qu’il s’agit juste de tronçons ajoutés aux lignes existantes. C’est comme si on parlait d’une “nouvelle ligne” pour la desserte de la gare de Pont-Rousseau depuis Pirmil ! L’urgence était, ici, d’assurer tant bien que mal la desserte du futur (?) CHU.
C’est encore loin l’horizon ?
Il faut se rendre à l’évidence, Nantes Métropole communique sur ce “plan ambitieux” de développement des transports en commun pour mieux masquer, précisément, une absence de politique volontariste. Le communiqué officiel rappelle certes (aux moins de 30 ans !) que Nantes a été la “première métropole à réintroduire le tramway en France” en 1985 mais nul trace, dans cet historique, d’un certain Jean-Marc Ayrault qui, après Alain Chenard, a mis en place deux vraies lignes de tramway et un maillage de parkins-relais. Si quelqu’un a redonné un nouveau souffle aux transports publics, c’est bien lui, en s’appuyant sur Maudez Guillossou, un patron de la Semitan attaché à une politique de développement des transports volontariste.
Le souffle, Nantes Métropole le garde aujourd’hui pour sa communication. “Il nous faut sans cesse investir et innover pour garder ce temps d’avance : prendre dès aujourd’hui des décisions importantes pour maintenir la qualité de service de notre réseau de transport, accompagner l’accroissement de son usage, anticiper les besoins de demain et accélérer la transition énergétique…” Fermez le ban.
Tout ça pour ça, serait-on tenté de dire. Parmi les réserves posées au projet du futur CHU figure en effet explicitement la desserte de nouvel équipement, appelé à accueillir des milliers de personnes chaque jour. On y écrit, noir sur blanc, “les voies d’accès et les 2.400 places de stationnement devront être réalisées avant la mise en service du CHU prévue en 2026”. Sauf à considérer que cet hôpital aura, lui aussi, du retard, on note qu’il n’est pas question d’“horizon” dans le communiqué de la commission nationale.
Des vœux pour… plus tard
Dans ses vœux, en janvier dernier, Johanna Rolland avait présenté ses “trois urgences”. Il y a six mois, pas un mot sur l’amélioration des transports en commun. En février, première correction : les transports devenaient une urgence. Il est vrai qu’un sondage (réalisé aux frais du contribuable sur la politique et l’image de la Présidente de Nantes métropole) plaçait les transports en commun en seconde place des priorités de la population de l’agglo (22%), juste après la sécurité (24%).
Il convenait donc de rectifier le tir au plus vite. Ce 7 juin, le plan de communication étant prêt, on pouvait enfin mettre sur la table ce fameux “plan ambitieux” pour les transports publics. Pas étonnant, dans ces conditions, qu’il ait des allures d’improvisation.
Depuis, les réseaux sociaux se sont enflammés. Il s’en trouve même pour rappeler que, malgré les “cinq décisions majeures” annoncées par Johanna Rolland, Nantes restera en retard “à l’horizon 2026” par rapport à son réseau de transport au siècle dernier. Dans les années 30 en effet, le tramway nantais comptait une vingtaine de lignes ! Ce que ni communiqué triomphant de Nantes métropole ni la presse locale n’ont eu la cruauté de rappeler.
Victor Hublot
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« Nantes a été la “première métropole à réintroduire le tramway en France” en 1985 mais nul trace, dans cet historique, d’un certain Jean-Marc Ayrault qui, après Alain Chenard, a mis en place deux vraies lignes de tramway et un maillage de parkins-relais. Si quelqu’un a redonné un nouveau souffle aux transports publics, c’est bien lui »
Vous le dîtes, pourtant : l’homme du tramway nantais, c’est Alain Chénard.
Ayrault n’a fait que confortablement développé un réseau qui avait conquis les Nantais.
Ayrault et ses affidés s’occupent déjà très bien eux-mêmes d’écrire la légende dorée de mandats qui n’auront pourtant rien eu de déterminants. Encore. Parce que le jour où les Machines vont mettre la clef sous la porte et que le nouveau CHU se révèlera moins efficace que les structures actuelles, Ayrault aura un âge vénérable qui le préservera des critiques.
L’Histoire jugera. Et force est de constater que Chénard aura bien plus façonné Nantes qu’Ayrault, en bien moins de temps.
Le schéma en étoile a des inconvénients mais quelles sont les alternatives qui desservent aussi bien le besoin pour un coût identique ? Car on peut faire mieux avec 2 fois plus de lignes, certainement, mais il faut espérer qu’il y a suffisamment de passagers pour le justifier. Les Chronobus ont permis une desserte assez efficace pour un coût permettant de développer un réseau important. Moi aussi ça m’arrangerait d’avoir plus de tram et des pistes cyclables en site propre plus convaincantes…
Tout n’est peut être pas faux dans ce que vous évoquez…, mais l’Essentiel à été fait :
Remettre en route un réseau correct de transport en commun à Nantes.
Et c’est plutôt une réussite.
Ayrault aurait insufflé un « nouveau souffle » aux transports publics ? Vous voulez rire ?
A son arrivée aux affaires, la ligne 1 du tram existait et le projet de ligne 2, gelé sous Chauty, n’attendait que d’être réactivé. L’apport d’Ayrault, en presque un quart de siècle, se limite à la ligne 3 (qui a simplement repris la ligne 2 sur la moitié de sa longueur) et à quelques détours ou prolongements. Le Busway aussi, c’est vrai : l’essentiel des emmerdements du tram pour une partie seulement de ses avantages.
A aucun moment, Ayrault n’a tenté de remédier au défaut majeur du système Chenard : sa conception en étoile. Qui, en substance, impose à tout le monde de passer par la station Commerce. Il a bien promis à plusieurs reprises une liaison entre les lignes 1 et 2 mais n’a jamais fait mine de la réaliser.
Egalement à la rubrique du « pas réalisé », la desserte de l’île de Nantes : créer de toutes pièces un nouveau quartier ambitieux sans prévoir de transports publics, c’est juste débile. En fait, Johanna Rolland rame à présent pour remédier aux défauts laissés par son mentor. Mais comme elle n’a pas plus d’imagination que lui, ça va être dur.
Quant aux parcs-relais (appellation officielle), c’était une tarte à la crème de l’urbanisme partout en Europe au début des années 1990. Ayrault y est venu plutôt tardivement, sous la pression de la nécessité – et peut-être celle de son entourage, en effet.
Je n’avais pas lu votre commentaire auquel je souscris avant de rédiger le mien, bien moins détaillé.
Merci de rappeler ce qui caractérise le mieux l’époque Ayrault : la mollesse.