Le pont Anne-de-Bretagne, qui relie le quai de la Fosse à l’île de Nantes, ex île Sainte-Anne, doit être élargi. Tous les modes de circulation – piétons, deux roues, automobiles ‑ seront maintenus sur le pont pendant les travaux. Et puis finalement non, une fois toutes les études effectuées dans cette perspective, et tous les contrats passés, ça va pas être possible. Ou plutôt, ça ne servirait à rien car au bout du pont il y a le boulevard Léon-Bureau qui, lui, sera coupé. Plus de boulevard, plus de pont.
On voit de temps en temps des ponts construits au milieu de nulle part, sans qu’aucune route y mène, et l’on incrimine chaque fois les fonctionnaires irresponsables, les politiciens corrompus, les collectivités versatiles, les écolos extrémistes, les réglementations absurdes et/ou les administrations inextricables. Mais Nantes Métropole ne souffre d’aucun de ces maux, n’est-ce pas ?
« C’est vrai que le passage du pont Anne-de-Bretagne est un point clé », déclare Nicolas Martin (EELV). Adjoint aux transports doux, il va devoir gérer un non-transport dur parce que sa clé n’a pas de serrure. À moins qu’il ne tape sur la table ? Car il y a de l’abus :
- Nantes Métropole annonce que la circulation sera coupée pendant toute la durée des travaux du pont, soit plus d’un an. Où et quand a-t-il fallu à Nantes une année entière pour remplacer des canalisations sur 400 m de boulevard ? Et si les travaux du boulevard durent moins d’une année, pourquoi ne pas maintenir la circulation comme prévu pendant au moins quelques mois ?
- On ne va pas élargir le pont Anne-de-Bretagne pour en faire un pont-jardin ou un pont-belvédère, comme le proclame Nantes Métropole, mais pour y faire passer deux nouvelles lignes de tramway. On a dû étudier tout leur parcours en même temps que le pont. On n’a pas découvert l’existence du boulevard Léon-Bureau au mois de novembre 2023.
- Pour fermer le boulevard, on invoque la nécessité d’y remplacer des tuyaux vétustes. Mais on va aussi y créer deux lignes de tram, ce qui exige de défoncer pareillement la chaussée. En quoi les tuyaux seraient-ils plus exigeants que les rails, qui, eux, n’imposaient apparemment pas qu’on coupe la circulation ?
- Les tuyaux, Nantes Métropole sait faire. Tiens, à deux pas de là, par exemple, on installe un vaste réseau de chaleur. Dans la plupart des cas, on se débrouille pour maintenir la circulation. Au pire, on aménage une déviation – ce que permettrait ici la rue Arthur III, presque parallèle au boulevard sur toute sa longueur.
- Les entreprises de BTP sont capables de maintenir la circulation sur un pont en travaux. Elles devraient bien être capables de le faire aussi sur la terre ferme. Nantes Métropole a été capable d’exiger ce maintien pour le pont ; elle devrait en être capable aussi pour le boulevard.
Depuis la noyade de la belle Angèle et de son frère aîné sur son bateau doré, les ponts de Nantes n’ont jamais eu bonne réputation. Ça ne va pas s’arranger. Et attention ! le pont a deux bouts. Nantes Métropole a découvert bien tardivement les problèmes de l’un d’eux. A-t-elle exploré à fond tous ceux de l’autre, le quai de la Fosse ?
Sven Jelure
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