Quand Pierre Orefice parle de l’Arbre aux Hérons, il porte quatre casquettes à la fois :
- En tant que co-créateur du projet, il a déjà obtenu 70.000 euros H.T. de droits d’auteur versés par Nantes Métropole pour une simple idée, simplement sur sa bonne mine, sans début de réalisation, sans même savoir si le projet est faisable.
- En tant que salarié de la société Le Voyage à Nantes, il dirige les Machines de l’île. Juridiquement, les Machines n’ont aucun lien avec l’Arbre aux Hérons, qui est un projet de Nantes Métropole. Mais elles en font la propagande à longueur d’années et ont créé de nombreux dispositifs qui lui sont destinés (en dernier lieu le Paresseux), financés par des subventions d’équipement de la métropole.
- En tant que collaborateur mis à disposition du Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons, il recherche des mécènes qui co-financeront la création de l’attraction.
- En tant que co-attributaire, avec François Delarozière et l’association La Machine, d’un marché d’étude confié par Nantes Métropole, il est chargé de définir le projet d’Arbre aux Hérons.
Pierre Orefice a beau être un surhomme, ses journées n’ont que 24 heures. Il ne peut pas tout faire bien à la fois. Après avoir plusieurs fois annoncé que quarante mécènes s’étaient engagés à financer son Arbre (troisième casquette), il ne peut plus en montrer que dix-sept. Quant à l’étude de définition du projet attribuée le 20 décembre 2017 (quatrième casquette), qui devait durer deux ans, elle est repartie pour un tour.
Un prestataire qui ne rend pas son travail en temps et en heure doit en général payer une pénalité. Ici, c’est tout le contraire : le conseil métropolitain du mois d’octobre a accordé aux attributaires 1,4 million d’euros de budget en rab’, en plus des 2,75 millions prévus à l’origine.
En fait, on se demande même si Pierre Orefice a lu l’intitulé de la mission : « étude de définition du projet d’arbre aux Hérons permettant de confirmer sa faisabilité dans le respect des contraintes du site retenu, du coût d’opération défini et des contraintes réglementaires applicables à ce type d’équipement ».
Or il vient de déclarer à Ouest-France (5 décembre) que le coût de construction de l’Arbre ne pourra être finalisé qu’une fois toutes les études réalisées. Relisons donc l’intitulé officiel ci-dessus : la mission vise à confirmer la faisabilité de l’Arbre dans le respect du coût d’opération défini. Curieusement, ce coût d’opération défini n’est pas d’indiqué dans l’avis d’attribution du marché. Mais il a été maintes fois affiché officiellement : 35 millions d’euros.
Et voilà que Pierre Orefice, après avoir plusieurs fois cité lui-même ce montant déjà colossal, laisse entendre clairement qu’il faudra davantage d’argent. Selon lui, donc, l’Arbre n’est pas faisable dans le respect du coût d’opération défini. Puisque l’une des trois conditions posées (respect des contraintes du site, du coût d’opération et des contraintes réglementaires) est hors d’atteinte, à quoi bon continuer ? Il ne reste qu’à enterrer le projet.
Johanna Rolland lui a néanmoins accordé encore plus de temps et d’argent. Ce n’est pourtant pas en augmentant le coût des études qu’on ramènera le budget dans les clous ! Mais c’est peut-être en prolongeant la durée de l’étude qu’on parviendra à passer le cap des élections municipales. Encore un instant, monsieur le bûcheron !
Sven Jelure
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Quatre casquettes pour Pierre Oréfice, soit. Mais qui portera le chapeau ? #JR2020 ne va plus savoir où donner de la tête. En fait, sur ce dossier que vous semblez maîtriser comme sur beaucoup d’autres, la “nouvelle gouvernance” promise par Madame la maire ne s’accompagne pas de plus de transparence. C’est le moins qu’on puisse dire.