Hier, il était de bon ton de voir grand. Désormais, plus c’est mini, plus c’est joli. Prenez une forêt, par exemple, celle du Gâvre ou de Mervent. Quelle horreur ! Tous ces arbres… on pourrait s’y perdre ! Alors qu’une mini-forêt, c’est vert et, comme son nom l’indique, c’est petit. Riquiqui même. Mais c’est dans l’air du temps.
On va ainsi planter 690 arbres sur le site de Transfert à Rezé. Le projet devrait occuper… 230 mètres carrés ! Pas question de “geler” une zone appelée à être urbanisée dans quelques années. On va donc, sur cette modeste surface, planter 3 arbres au mètre carré ! Un pépiniériste sérieux vous expliquera qu’un pommier, par exemple, a besoin pour se développer de 5 à 10 mètres d’espacement en tout sens. Plus économe que le peuplier auquel il faut un minimum de 7 mètres d’espacement en tout sens.
Mais tout ça, c’était avant le concept de Mini Big Forest (chaque mot à son importance !) qui fait la promo de ces “forêts urbaines participatives”. Tellement participatives, ces forêts, qu’il faut bien le soutien de Nantes Métropole (et des contribuables !) pour soutenir le projet de cette association. Plusieurs “mini-forêts” ont été installées dans l’agglomération nantaise, dont l’une dans le quartier du Clos Toreau à Nantes.
La nature en ville est à la mode. Et la solution dorénavant trouvée avec ces mini-forêts. Un concept qui permet de bétonner et bitumer l’ancienne allée Duguay-Trouin, par exemple, en laissant de-ci, delà un mètre carrée de terre pour y planter une mini-forêt. Astucieux, non ?
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Ou le brin d’herbe qui cache la forêt.
Ouest France avait révélé la méthode utilisé pour la communication de campagne (électorale, qui plante des promesses qui elles mêmes n’engagent que celles et ceux qui y croient) :
« Planter 10 000 arbres à Rezé, 25 000, voire 110 000 à Nantes, les candidats aux municipales 2020 assènent des chiffres qui laissent songeur. Comment est-ce possible ? Tout tient à l’initiative du couple fondateur de l’association MiniBigForest qui applique la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki. »
Si la méthode Miyawaki mérite que l’on s’y intéresse, l’ériger en système unique relève exclusivement du nettoyage plus vert que vert et ce n’est pas ça qui réduira les températures estivales sur les esplandes entièrement pavées.
Le reste du programme est intéressant à plus d’un titre :
« 12 I Réaliser un plan « Pleine terre » pour végétaliser la ville
en supprimant tous les m² de bitume inutile. »
« 13 I Des arbres partout dans la ville : « planter, protéger, sensibiliser », planter 25 000 arbres et arbustes, coconstruire
une Charte de l’arbre en ville, un site internet dédié à l’arbre. »
Ah, la coconstruction, tout un programme à elle seule, mais ce n’est pas tout.
Le plan « pleine terre » est une émanation directe du PLUM donc ça existe déjà. C’est le règne du CBS ( ou coefficient de biotope par surface) qui appliqué sur une zone impose une proportion de surfaces favorables à la biodiversité, au cycle de l’eau et à la régulation du microclimat, dites surfaces éco-aménagées .
Le CBS qui est de 1,2 pour la pleine terre dégringole à 0,3 si on met du sédum avec un peu de terre sur une couverture, dite végétalisée, avec du vrai goudron bien dégueu en dessous.
A bah tiens, ça c’est la 14 :
« 14 I Créer 30 hectares de toits et murs végétalisés, publics et
privés, pour favoriser l’écologie urbaine. »
C’est dommage, le programme se prive d’un autre dispositif déjà existant, l’espace de ressourcement.
Dans le baratin de propagande métropolitain ça donne ça « les espaces de ressourcement sont des espaces de proximité aux qualités micro-climatiques, sonores, olfactives et paysagères propices au bien être des habitants. Ces espaces situés en zone urbaine plutôt dense, d’être plus au calme dans un environnement moins pollué avec des températures plus fraiches en été… »
En bref après avoir bétonné l’éco quartier plus que de raison, on garde un espace résiduel avec de la flotte (et des moustiques) et deux trois arbrisseaux (ou une mini grande forêt géante, maintenant que ça fait partie de l’attirail) et ça évite de crever de chaud l’été dans son logement bruyant, pollué où sa pue.
Sinon suggestion gratuite, pourquoi ne pas mixer uritrottoir (autre invention nantaise faisant suite aux pipis urbains sauvages ) et mini grande forêt? Ca fait un bon mètre carré, 800 arbres ça devrait aller.
Au-delà des histoires « participatives », de la com’ mais, surtout, quand on n’est pas finalement obsédé par cette com’ et donc soumise à elle, des déchets divers charriés par la ville qui ne manqueront pas de finir entre les arbres (voir des planques à contrebande) , cette méthode a fait ses preuves pour favoriser des espaces de biodoversité.
Quant aux conseils des pépiniéristes sur le développement d’un arbre, il ne vaut mieux pas les écouter pour le développement d’une forêt.
Une forêt n’est pas une somme d’arbres soi-disant bien développés.
Un pépiniériste n’est pas un garde-forestier et n’importe lequel digne de ce nom l’admettra sans problème.
Encore un billet terriblement laborieux et qui souffre encore plus en le comparant au dernier de Sven Jelure.