Le Voyage en hiver sera encore un grand succès l’an prochain

Le Voyage en hiver a duré six semaines, du 25 novembre 2023 au 7 janvier 2024. Il en a fallu cinq de plus pour en tirer un bilan présentable ! Le 14 février, enfin, Jean Blaise vient présenter le Grand Succès de sa manifestation. Avec ce large délai, compte-t-il que les Nantais montreront une mémoire de poisson rouge ? Le glorieux bilan imaginaire fait quand même tousser.

« Au Voyage en hiver tout le monde était content », écrit Philippe Corbou dans la version papier de Presse Océan le 15 février. « Jean Blaise, le boss du Van, Fabrice Roussel (PS) au nom de la métropole, Gildas Salaün (PS) élu au commerce de la Ville », etc. Mais la version en ligne de son article commence ainsi : « le Voyage en hiver s’est terminé sur un satisfecit général. Mercredi midi, c’était un peu le pays des bisounours au Voyage à Nantes. Tout le monde était content : Jean Blaise, le boss du Van », etc.

Tous les bisounours sont censés emboucher la même trompette : le Voyage en hiver 2023 est une superbe réussite. Jean Blaise a eu soin de s’entourer d’institutionnels et d’obligés qui ne risquent pas de le contredire. Le président de Plein Centre vient dire que les commerçants du centre-ville sont ravis de leur saison. « À Nantes, le Noël pas très joyeux des commerçants », titrait pourtant Presse Océan début janvier. Mais Plein Centre voit forcément les choses d’un œil plus enjoué : cette année encore, ses subventions augmentent (104 000 euros de subvention municipale et 35 750 euros de subvention métropolitaine).

Pas mieux que l’an dernier, mais plus cher

Hélas, même au pays des bisounours, certains s’expliquent mal, ou peut-être sont-ils mal compris. « Les indicateurs nous disent que la fréquentation a été bonne, puisqu’elle est stable avec celle de l’année dernière », déclare Gildas Salaün, quinzième adjoint à la maire de Nantes.

La gaffe ! La grosse gaffe ! Car la première édition du Voyage en hiver, fin 2022, a été un flop. « La cohérence d’ensemble de nos installations artistiques n’apparaissait pas vraiment de façon évidente », ergotait Jean Blaise, cité par Ouest-France, avant d’annoncer mieux pour 2023 : « Cette année, l’éclairage des façades et les compositions sonores créées par les cloches transformeront puissamment l’ambiance de la ville. » Cette transformation puissante n’est pas gratuite : d’une année sur l’autre, Nantes Métropole a rajouté 340 000 euros (+ 45 %) au budget initial. Si la fréquentation est « stable avec celle de l’année dernière », l’échec est cuisant.

D’autant plus que ce deuxième Voyage en Hiver a duré cinq jour de plus que le premier (+ 13 %) ! Comptait-on vraiment sur les décors d’Olinet, les cloches de Blais et la mère Noël de Virginie Barré ? On a surtout allongé d’une semaine le Marché de Noël : voilà au moins de quoi brasser des passants à coup sûr.

Cinq ans fermes

Le clan Blaise revendique 3,7 millions de visiteurs, comme ça, en vrac. Le chiffrage, fourni par Flux Vision, un service d’Orange, est établi d’après les signaux de smartphones. En soi, il ne veut rien dire. On a pu totaliser, par exemple, toutes les fois où un smartphone est passé à proximité d’une des installations du Voyage en Hiver. À la louche, je compterais alors pour un bon millier de « visiteurs » à moi tout seul. Flux Vision permet des analyses de fréquentation beaucoup plus subtiles, en particulier sur l’origine des visiteurs ‑ locaux, nationaux, étrangers… ‑ comme celle effectuée pour Loire-Atlantique Développement en 2022. Mais Le Voyage en hiver, c’est 3,7 millions, et débrouillez-vous avec ça…

Le vrai étonnement dans l’affaire est quand même que Jean Blaise persiste et signe : puisque ça marche très bien comme ça, quoi qu’en disent les polémiques forcément de mauvaise foi, on va continuer l’an prochain ! Peut-être tente-t-il de cacher la poussière sous le tapis. Peut-être s’essaie-t-il à la méthode Coué. Peut-être habite-t-il vraiment un monde parallèle. Le plus probable, cependant, c’est qu’il n’a pas le choix. Les guirlandes de Noël resteront exclues des rues de Nantes, moins par opiniâtreté que pour une raison toute bête : Le Voyage à Nantes s’est lié les mains en signant des contrats pour cinq ans. À cause de cette erreur stratégique du grand chef, les Nantais n’échapperont pas au Voyage en hiver.

Sven Jelure

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