Aux dernières nouvelles, Nantes aura donc deux stades à la Beaujoire. Waldemar Kita, le Président du FCN, a en effet obtenu de la Ville le droit de construire le sien juste à côté de “l’ancien”, inauguré en grandes pompes le 8 mai 1984. Une décision assumée par Johanna Rolland qui a pris tout le monde, ou presque, à contre-pied en sortant d’un chapeau un projet dont il n’avait jamais été question jusqu’à présent.
À vrai dire, la maire de Nantes ne savait plus comment se sortir d’un véritable imbroglio. Pour parvenir à ses fins (avoir un stade à lui), le patron du FCN avait obtenu l’appui d’un groupe immobilier permettant de présenter un projet d’ensemble, baptisé YelloPark : on rasait le “vieux” stade de la Beaujoire, on construisait une nouvelle enceinte de 40 000 places pour le ballon rond ainsi qu’un ensemble d’immeubles d’habitations et de services. Pour ce faire, la Ville de Nantes cédait “au prix du marché” un ensemble de 21 hectares et se félicitait d’une opération qui “ne coûterait pas un euro d’argent public”.
Le projet YelloPark ne tardait pas à soulever une véritable levée de boucliers. Sur le front de l’attaque, des riverains qui dénonçaient la construction de milliers de logements susceptibles de déséquilibrer un peu plus un quartier vivant déjà au rythme des matches de foot ainsi que des foires et salons qui se tiennent au parc expo, mais aussi des associations de supporters qui criaient au sacrilège et craignaient de voir le “foot business” avec ses loges VIP reléguer au second plan celles et ceux qui soutiennent le FCN.
Pour tenter d’éteindre la contestation, Nantes Métropole demandait, dans un premier temps, au groupe Réalités de revoir son projet immobilier. Plus question de construire une tour, plus question de densifier l’espace… Difficile en effet de communiquer sur “la nature en ville” et de laisser couler le béton à tout-va. De quoi doucher l’enthousiasme de Yoann Joubert, PDG du groupe immobilier Réalités. D’autant que des rumeurs insistantes faisaient état de relations devenues tendues avec Waldemar Kita.
Dès lors, l’annonce de l’abandon du projet immobilier ne faisait plus guère de doute. Ce que la Présidente de Nantes Métropole a fini par comprendre. Mais de là à présenter un projet de deux stades mitoyens, il y avait un pas de côté que personne n’avait imaginé. Chacun a été prié de reprendre quelques éléments de langage : la décision a été prise à la suite de la concertation citoyenne, Nantes disposerait bientôt de deux stades comme Paris avec le Parc des Princes et Jean-Bouin, tout cela ne coûterait “pas un sou aux contribuables… et on en passe.
Dans la presse, et sur les réseaux “sociaux”, les réactions étaient partagées entre stupéfaction, colère et… éclats de rire. Pas l’ombre d’un projet de stade dans le programme municipal de 2014. On rappelait au premier adjoint, Pascal Bolo, son opposition, en 2012, à la construction d’un nouveau stade à la Beaujoire. Devenu aujourd’hui ardent avocat du projet de Waldemar Kita “dans l’intérêt de la Ville”, l’adjoint ne veut pas entendre parler de rénovation et de mise aux normes de l’actuel stade de la Beaujoire.
Rappelons que la Ville de Paris (que Nantes Métropole ne cesse d’invoquer ces derniers temps) dispose d’un Parc des Princes construit en 1967. Stade que le PSG n’imagine pas quitter. Ce “vieux” stade a été entretenu et rénové en 1998 et en 2014. On ne peut que se réjouir de voir l’actuel patron du FCN avoir plus d’ambition que son homologue du PSG. À défaut d’avoir construit un grand club, Waldemar Kita rêve d’un grand stade… Son ami (?) Yoann Joubert est désormais bien placé pour savoir qu’il peut y avoir un (grand) pas entre rêves et… réalités. Alors, suite au prochain épisode.
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