Rolland-Laernoes, le duo qui vous en promet plus

L’union… dans la désunion

323, pas un de moins, ce sont les “engagements” de la liste Johanna Rolland/Julie Laernoes pour le second tour des municipales à Nantes. Une longue liste où le sérieux côtoie l’anecdotique, où le farfelu le dispute au dogmatique. Du côté d’EELV, on estime être parvenu à faire reculer “la machine Rolland”. On se console comme on peut.

“Les engagements, plus il y en a, moins les gens s’en souviennent…”, s’amuse-t-on dans les couloirs de l’hôtel de ville. Qui se souvient, par exemple, des 110 propositions de François Mitterrand pour gagner les Présidentielles de 1981 ? Alors, les équipes de Johanna Rolland et Julie Laernoes n’ont pas lésiné. Oubliées plus que jamais ces 110 propositions mitterrandiennes, voilà 323 engagements rollandais.

Le poids des maux

Chaque grand chapitre a fait l’objet d’une interminable prise de têtes entre les conseillers des deux listes. Chaque mot en a été pesé. “Nantes doit respirer la santé”, affirme d’emblée le premier chapitre. Qui pourrait vouloir le contraire ? Idem pour ce rappel : “la sécurité un droit pour tous”. Et qui bouderait son plaisir d’habiter “une ville ouverte et innovante” ? Certains chapitres reprennent, sans surprise, des airs déjà entendus pour nous promettre, par exemple, “une ville protectrice et émancipatrice”. Ou encore “un dialogue citoyen et une transparence renforcés”. Ce n’est plus #JR2020, c’est #Nantes + !

Le second chapitre, lui, est de nature à retenir l’attention des juristes. Nantes entend en effet promouvoir “la justice écologique”. Ni plus ni moins. On connaissait la justice républicaine, voilà qu’on nous promet une justice verte.

Dans ce grand fourre-tout des engagements électoraux passés au greenwashing, il est question de “réduire la voiture solo”, d’“intensifier l’intermodalité”,  de  “passer à 500 km de rues piétonnes” ( !) ou encore de “traquer le plastique”. Il ne manque qu’un alinéa sur la protection des ratons-laveurs.

Tout et son contraire

On se souvient de l’opposition de Julie Laernoes au développement urbain et à la métropolisation. Voilà qu’on nous promet de “permettre à tous d’habiter Nantes”. De quoi attirer, si on comprend bien, de nouveaux habitants ? Non, pas vraiment, en fait, il s’agit de lutter contre la flambée des prix dans l’immobilier. L’idée est d’étudier la création d’un office foncier municipal afin d’offrir “plus de logements à des prix inférieurs de 20 à 40% au marché”.

Les Verts, vent debout contre le développement urbain de Johanna Rolland, réclament néanmoins la construction de “5 000 nouveaux logements sociaux”.  Prévoir, dans le même temps, d’aménager “100 000 mètres carrés de squares, jardins et parcs” n’est pas de nature à faire baisser le prix des terrains encore disponibles à Nantes. Mais qu’importe.

Noyés dans la masse, certains “engagements” passeraient (presque) inaperçus. Comme le n°66 qui prévoit de  “faciliter l’accès au nouvel hôpital”, projet par ailleurs dénoncé par l’ensemble des écologistes. Même discrétion de Julie Laernoes sur le projet tans décrié de l’Arbre aux Hérons. L’engagement co-signé par EELV prévoit pourtant d’accompagner (sic) l’installation de l’Arbre aux hérons, “vitrine du savoir-faire et de l’inventivité nantaise à l’international”.

Rien ne change

On donnera crédit à Johanna Rolland de ne pas avoir caché son jeu : son programme, dès le premier tour, était de “continuer”. Elle le fera donc, sans surprise, avec les mêmes. La presse n’a pas dit grand chose (et pour cause !) des 323 engagements Rolland-Laernoes. Comment ne pas s’interroger pourtant sur cet engagement 115 dont le libellé peut laisser songeur. Allez, pour le plaisir : “S’engager dans une démarche “désinvestissement fossile” favorisant les partenaires bancaires éthiques, avec la création et signature d’une charte ouverte à l’ensemble des acteurs du territoire”. Allo, docteur…

Dans un long article, Médiacités a néanmoins expliqué “comment les écologistes ont raté leurs municipales”. À lire cette analyse, Ronan Dantec aurait trahi ses anciens amis écolos en raison de l’opposition “trop frontale” de Julie Laernoes à l’égard de Johanna Rolland. La belle affaire… On en reparlera au moment des Sénatoriales. De même que le refus d’alliance de Julie Laernoes avec Margot Medkour n’avait sans doute rien à voir avec les marchandages, dans l’arrière-cuisine électorale, avec le staff de Johanna Rolland.

Bien décidée à s’offrir un second tour impérial, la candidate-à-sa-succession a donc lâché du lest. Un peu trop au goût de certains “camarades” socialistes. Surtout parmi ceux qui, du coup, ont dû sortir par la petite porte afin de faire place aux nouveaux “amis” Verts de Johanna Rolland. Dont Florian Le Teuff, tombeur du projet YelloPark, qui se retrouve 4e sur la liste. Et Christophe Jouin, “l’enfarineur” de Johanna Rolland, est assuré d’être élu… Le nouvel élu avait jeté à la tête de Mme la Maire un paquet de farine, place de la Petite Hollande, pour protester contre sa gestion du dossier des migrants. Au petit jeu de “qui enfarine qui” dans cette liste recomposée, les paris sont ouverts. Voilà qui promet en tout cas de joyeux débats en coulisses.

Après avoir signé, solennellement ces 323 engagements, les Verts ont annoncé qu’ils garderaient leur liberté de voter, ou non, certains budgets. On pourrait parler de vaudeville mais il s’agit bien d’élections. Nantes, ville innovante s’il en est, vient d’inventer l’union dans la désunion.

JC

 

 

 

2 réponses sur “Rolland-Laernoes, le duo qui vous en promet plus”

  1. Un duo qui vous en promet plus.

    Plus d’abstention?
    Est-ce qu’il va faire mieux qu’en 2014 avec « seulement » 46,18 %?
    Parce que le changement dans la continuité et changer les choses de l’intérieur conduisent inévitablement à l’immobilisme.

    40 ans en continu dans l’illusion de la croissance infinie et non faussée des 30 glorieuses, ça va commencer à faire un peu long, surtout sur la fin.
    Même pour les CSP+ importés à coûts de démarchage sur base d’attractivité territoriale subventionnée, perçoivent qu’on leur a survendu une supposée qualité de vie qui date du premier mandat de Jean-Marc Ayrault, avant bétonisation à tire-larigot.

    Ce dernier vient d’ailleurs de ressortir des oubliettes en surfant sur l’actualité en proposant de débaptiser la salle Colbert de l’Assemblée nationale. « Au-delà, le Président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage fait part de sa réflexion sur ces statues ou noms de rue, qui font référence à des personnalités impliquées dans la politique colonialiste de la France. »

    Par contre, les rues Mellier ou Montaudouine n’ont jamais posé de soucis du temps de l’exercice de l’ex-maire. O tempora, o mores!

  2. Pas grand monde ne parle du passage de la 2eme à la 22eme place de Pascal BOLO sur la liste de Rolland ; représentait-il la principale plaie du groupe Socialiste ?
    Quand on voit qu’il a passé quasiment seul la finale de la coupe du monde 2018 au Hall XXL, et son autre solitude sur le projet Yellopark, on se dit que sa traversée du désert ne faisait que commencer…

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