Cette saison touristique d’après covid-19, ou d’inter covid-19, est un moment à part, c’est entendu. Elle ne se prête pas aux comparaisons. Pourquoi Pierre Orefice, patron des Machines de l’île, s’acharne-t-il à en tirer quand même ?
Il a lancé un cocorico dans un article publié par Presse Océan mardi dernier et modestement titré « Machines : un succès français ». La fréquentation, dit-il, a atteint cet été 77 % de celle de juillet-août 2019 « qui fut l’été de tous les records ». Et il ajoute : « on ne pouvait rêver mieux ». En revanche, on pourrait calculer mieux.
Le patron des Machines évoque un « public essentiellement français qui a remplacé les étrangers ». Normal : si les étrangers sont moins venus en France cet été, les Français sont moins partis. C’est ainsi que l’été a été très bon dans une grande partie de la Bretagne. Mais pas vraiment pour les Machines.
Les remplaçants absents
Les Français sont loin d’avoir « remplacé » les étrangers puisque les ventes de billets affichées ont chuté de 242 189 en 2019 à 185 525 en 2020, soit moins 23,4 %. Pire : la fréquentation des Français eux-mêmes a baissé, et eux n’ont été remplacés par personne. En particulier, le nombre de billets vendus à des habitants de Nantes Métropole a reculé de 12 %, passant de 22 680 à 19 929.
Mais les Machines avaient-elles vraiment vendu 242 189 billets à l’été 2019 ? Hitwest en annonçait 248 221, ajoutant : « Pierre Oréfice, co-créateur des Machines s’en réjouit, même s’il ne cache pas son étonnement ». En cet « été [2019] de tous les records », assurait Pierre Orefice à Ouest France, la fréquentation estivale avait augmenté de 14 % par rapport à 2018. Il est difficile de recouper cette affirmation puisque les statistiques de l’été 2018, réputées mauvaises, n’ont apparemment pas été publiées.
Le goût du pipotage
Cependant, l’année précédente, en juillet-août 2017, selon Ouest France, les Machines avaient vendu 246 420 billets. De deux choses l’une, donc : soit 2019 n’était pas « l’année de tous les records », soit les Machines ont vendu bien plus de 242 189 billets en 2019, et les chiffres de 2020 sont encore moins bons en comparaison. Dans un cas comme dans l’autre, il y a pipotage.
La méforme des Machines pourrait s’expliquer en partie par la réduction de leur jauge imposée dans le cadre des mesures anti-covid19, et personne n’en tiendrait rigueur à Pierre Orefice. Mais on dirait que c’est plus fort que lui : il faut qu’il raconte de belles histoires. Storytelling, quand tu nous tiens…
Petit rappel : en 2012, année d’ouverture du Carrousel des mondes marins (le 15 juillet), les Machines avaient émis 215 079 billets entre le 1er juillet et le 31 août, soit 16 % de plus que cette année. Entre l’été 2012 et l’été 2020, le nombre de visiteurs originaires de Loire-Atlantique a été divisé par trois.
Sven Jelure
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