Qui sont les 101 « grands donateurs » de l’Arbre aux Hérons ? Leur liste nominative est aujourd’hui affichée sous les Nefs des Machines de l’île. Et finalement, les noms qui n’y sont pas intriguent plus que ceux qui y sont.
« Les NOMS des 250 grands donateurs seront GRAVÉS SUR LES BANCS installés sur le site des Machines de l’île ! », avait promis le Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons, capitales et point d’exclamation compris, lors de sa campagne de levée de fonds sur Kickstarter au printemps 2018. Les « grands donateurs » auront attendu une bonne année ce qui aurait pu être fait en quelques semaines, mais le Fonds a fini par s’exécuter. Non pas en gravant les noms sur « LES BANCS » installés sur le site des Machines de l’île mais en installant sur le site des bancs métalliques où le nom des donateurs a été découpé au laser.
Des bancs ? Deux seulement, en fait. Cela paraît un peu chiche pour 250 grands donateurs ? Ces derniers ont simplifié le travail : il ne sont que 101, finalement – la campagne Kickstarter n’a pas été aussi réussie qu’on l’a dit. N’empêche, avec deux bancs seulement pour 101 personnes (et davantage en réalité, car certaines se sont mises à plusieurs pour faire un don), il a fallu tasser les passagers comme dans un avion « low-cost ».
La lecture des bancs est instructive : on y voit sous forme de trous les noms des amis du projet d’Arbre aux Hérons assez passionnés pour avoir donné 1.000 euros. Mais le plus intéressant, c’est tous les autres, les soi-disant passionnés qui n’ont pas donné !
Ni Karine Daniel, ni Johanna Rolland, ni Laurence Garnier
François Delarozière et Louis, Danièle, Pierre Orefice figurent dans la liste des donateurs, c’est la moindre des choses puisque le projet leur a déjà rapporté beaucoup d’argent avant même le premier coup de pioche. Bruno Hug de Larauze a aussi fait son chèque ; un beau geste puisque ses fonctions de président du Fonds de dotation sont gratuites. Karine Daniel, en revanche, ancienne députée socialiste devenue déléguée générale du Fonds, s’est abstenue.
Et la quasi-totalité du conseil de Nantes Métropole, pourtant si enthousiaste sur le papier, en a fait autant. Sauf erreur, un seul conseiller est gravé sur les bancs : André Sobczak. Il est vrai qu’il avait une jolie gaffe à se faire pardonner. Mais on cherche en vain Johanna Rolland. Elle avait pourtant exigé qu’un tiers du projet soit financé via le Fonds de dotation, pas seulement pour l’argent mais aussi pour qu’un maximum de gens puissent participer à une « aventure collective à la nantaise ». Le collectif, c’est bon pour les autres ? Fabrice Roussel, vice-président de Nantes Métropole qui a chaleureusement défendu le projet de l’Arbre est absent aussi.
Laurence Garnier de même. C’est vraiment étonnant. D’abord adversaire du projet en 2014, elle avait radicalement viré de bord et avait été la première à proposer un financement participatif auprès des particuliers, qui auraient pu faire inscrire leur nom sur les feuilles de l’Arbre. Et quand vient la possibilité de se faire inscrire, plus personne… Mieux : sous sa casquette de vice-présidente de la région des Pays de la Loire, elle a accordé à l’Arbre 4 millions d’euros de subvention. C’est plus facile quand ce sont les contribuables qui paient.
Sven Jelure
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