Arbre en fer, langue de bois et culot d’acier

Pierre Orefice et François Delarozière, promoteurs de l’Arbre aux Hérons, bidonnent souvent*. Dans leur milieu, cela n’a rien d’original. Mais leur vrai problème est qu’ils mentent mal.

Interrogé par Maelle Kerguénou sur Télénantes mardi soir, François Delarozière assure que son Arbre est quasiment un projet écolo. Les écolos qui le condamnent sont engagés dans un « faux débat ». Et il ajoute : « je crois que Yannick Jadot est pour le projet ». Impliquer ainsi le candidat écolo à la présidentielle, ça n’est franchement pas malin si l’on n’est pas sûr de son coup.

Mahel Coppey, patronne d’Europe Écologie-Les Verts au conseil municipal s’empresse de renvoyer François Delarozière dans les cordes. « Les créateurs de ce manège, plus que jamais en manque d’arguments pour faire aboutir leur projet, en sont réduits à inventer un soutien imaginaire en la personne de Yannick Jadot, qui ne s’est pourtant jamais exprimé sur le sujet », déclare-t-elle à Ouest-France.

Revendiquer à tort le parrainage d’un candidat qui a recueilli 4,63 % des voix n’est d’ailleurs pas la pire exagération de François Delarozière. « On rajoute du vert dans la ville », assure-t-il, impavide, à Télénantes. « L’arbre est un hommage à la nature qui accueille un bestiaire végétal, d’animaux rares, souvent en voie de disparition, c’est un écrin de verdure. » La notion de « bestiaire végétal » interpelle, surtout quand on désigne par là des machines. L’animal représenté par une mécanique en métal sera-t-il moins disparu pour autant ?

Le discours n’est pas nouveau. Depuis qu’EELV mange la laine sur le dos des socialistes nantais, MM. Orefice et Delarozière cherchent à verdoyer leur projet. Mais accrocher ce grelot-là n’est pas une bonne idée. Car, pour apprécier les vertus végétales de l’Arbre aux Hérons, on dispose d’un jalon objectif et incontestable. Quand les Machines de l’île ont été inaugurées, le 30 juin 2007, elles comportaient déjà une « branche prototype » de l’Arbre aux Hérons. Avec le concours du service des espaces verts de la ville (rémunéré comment, au fait ?), cette branche devait devenir un magnifique jardin suspendu.

Quinze ans plus tard – quinze ans ! ‑ tout le monde peut voir le résultat. Au premier coup d’œil, la branche peut faire illusion parce qu’elle est encadrée de deux résineux qui ont bien poussé. Mais déduction faite de ces vrais arbres, la végétalisation n’a guère dépassé le stade des jardinières de balcon. Plusieurs d’entre elles ont même disparu !

Le sommet de la branche prototype en 2013 :

Le sommet de la branche prototype aujourd’hui :

Les dessins et vidéos magnifiques montrant un Arbre aux Hérons chargé d’une nature luxuriante ne sont que des vues d’artiste. Même pas protégés par des arbres proches, exposés plein soleil et plein vent, les pots de fleurs de l’Arbre aux Hérons devraient probablement être régulièrement replantés. Un poste à ne pas oublier dans son compte d’exploitation prévisionnel – dont on n’a toujours pas vu le bout de la queue.

Sven Jelure

* Nantes Plus en a cité de nombreux cas, par exemple à propos du nombre de billets vendus par les Machines de l’île, de leurs retombées économiques ou du nombre de mécènes de l’Arbre.

 

Une réponse sur “Arbre en fer, langue de bois et culot d’acier”

  1. Ce qui nous ramènera à l’aménagement du territoire jacobin qui a voulu faire de la Loire-Atlantique un département industriel, et maintenant de services, en dédaignant son agriculture et l’horticulture, laissant ces domaines au Maine-et-Loire et Angers, sans légitimité particulière.
    Résultats ? S’il faut vraiment faire des parcs d’attractions urbains, c’est un Tela botanica qui aurait dû trouver sa place à Nantes, et s’il faut verdir la ville, quitte à ce que ce soit un pansement sur une jambe de bois, les projets immobiliers végétalisés devraient être au moins sur la même dynamique à Nantes qu’à Angers.
    Et ce n’est pas le cas.

    La génération Ayrault s’enorgueillait de capacités visionnaire et imaginative (et de gauche), elle n’a fait que légitimer la philosophie de Guichard.

    Et aujourd’hui, quand on voit les suffrages des Nantais allant à des jacobins les plus rétrogrades depuis la IVeR, de Macron à Mélenchon, avec un discours se réclamant de la modernité et de l’avenir, on se dit que, plus que le reste du pays, Nantes n’est pas entrée dans le XXIe siècle.

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