L’avenir des Machines de l’île entre d’autres mains que celles de Nantes Métropole ?

À quand un Grand Éléphant en briques LEGO® ? Ce n’est sûrement pas le seul moyen pour régénérer les Machines de l’île. Mais si Nantes Métropole ne sait pas comment leur donner, enfin, la portée internationale qui était leur ambition de départ, d’autres pourraient avoir des idées à sa place.

« Les Machines de l’île sont peut-être ce que j’ai vu de mieux dans ma vie. » L’homme qui parle est Justin East, directeur mondial de la R&D chez Merlin Entertainments, numéro deux mondial des parcs d’attraction et autres sites de divertissement, derrière Disney. Ce groupe britannique est propriétaire entre autres des parcs LEGOLAND, de la grande roue London Eye, du musée de cire Madame Tussauds, etc. Au total, cent quarante attractions, vingt-trois hôtels et six villages de vacances.

Justin East n’est donc pas un visiteur lambda. Qui plus est, il s’adresse aux spécialistes de son domaine dans un entretien publié par Blooloop, un site web de référence pour l’industrie mondiale des attractions.

Un hommage extraordinaire rendu aux Machines spontanément par un grand professionnel de la profession, donc ? On a un peu de mal à y croire. Justin East passe une partie de son temps à visiter les attractions touristiques les plus extraordinaires du monde, pour y puiser des idées nouvelles. Et une autre à inventer des « expériences clients » plus gratifiantes les unes que les autres. Après cela, les Machines seraient « ce qu’[il a] vu de mieux dans sa vie » ? Allons donc !

Il ne cherche d’ailleurs pas à préciser ce qu’elles auraient de si extraordinaire à ses yeux. Il se contente de répéter le vieux discours rabâché par l’institution elle-même : « projet artistique et culturel, les Machines de l’île fusionnent les mondes inventés de Jules Verne, l’univers mécanique de Leonardo da Vinci et l’histoire industrielle de Nantes », etc. Il ne peut ignorer que cette triple revendication relève à 90 % du bullshit. Il a pu voir aussi que, quelles que puissent être leurs qualités propres, le fonctionnement des Machines est perfectible sur bien des points. Malgré leurs quinze ans d’existence, par exemple, la gestion des queues et des réservations laisse toujours à désirer. Et surtout, jamais elles n’ont dégagé le moindre bénéfice d’exploitation. Alors que Merlin Entertainments veille à gagner beaucoup d’argent avec ses attractions !

Merlin plein d’appétit

Un personnage tel que Justin East ne parle pas pour ne rien dire et son jugement ressemble plutôt à une amabilité diplomatique. Merlin Entertainments, a beaucoup d’argent et ses actionnaires (en particulier l’énorme fonds Blackstone et la holding KIRKBI A/S, qui appartient à la famille fondatrice de LEGO) lui demandent de grossir. Les années 2020 et 2021 n’ont pas été propices, mais le groupe est reparti de l’avant. Il crée des attractions nouvelles et en rachète. En avril, il a ainsi repris l’aquarium géant de COEX à Séoul (Corée du Sud). La France reste pour lui un point faible ; sauf erreur, il n’y possède qu’un établissement, l’aquarium Sea Life de Marne-la-Vallée.

Le coup de chapeau de Justin East cacherait-il un projet moins désintéressé ? Nantes Métropole voit bien que le site des anciens chantiers navals est sous-exploité et que les Machines ronronnent. Pierre Orefice, leur patron et co-fondateur, a 67 ans : il joue déjà les prolongations. Son départ en retraite pourrait être l’occasion de confier le site à des pros qui ont fait leurs preuves. Et de se débarrasser du même coup d’un Arbre aux Hérons devenu un buisson d’épines inextricable.

Sven Jelure

Une réponse sur “L’avenir des Machines de l’île entre d’autres mains que celles de Nantes Métropole ?”

  1. M. Orefice ne veut plus faire ses courses chez Leroy Merlin à cause de la guerre en Ukraine. Et Merlin Entertainements viendrait faire ses courses chez M. Orefice ? Il est fort, ce Merlin !

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