Clisson, Waterloo du sponsoring ou coup de boost pour l’Arbre aux Hérons ?

Sans même avoir eu besoin de mettre le nez dans ses registres, la Chambre régionale des comptes vient de jouer un sale tour à l’Arbre aux Hérons. À moins qu’elle ne lui ait retiré une sacrée épine du pied ?

« Potius mori quam fœdari ! » Plutôt mourir que faillir : la Bretagne ducale ne plaisantait pas avec la probité ! La voilà la Blanche hermine, vive Fougères et Clisson ! Et Clisson, justement, va devoir raffermir cette fibre : la Chambre régionale des comptes, qui a inspecté ses comptes récemment, lui fait différents reproches pas graves-graves mais pas jolis-jolis non plus.

Ainsi, « le site internet de la commune ne comporte aucune information sur les subventions attribuées pour un montant supérieur à 23 000 € malgré l’obligation légale ». Clisson a promis de se mettre en règle avant l’été 2022. Tiens, pourquoi l’été 2022 ? Il doit bien exister quelque part un fichier des subventions déjà versées qui pourrait être mis en ligne sans délai…

Clisson se montre aussi d’une discrétion de violette à propos de ses marchés publics. Elle n’actualise plus ses données depuis 2015, « ce qui contrevient aux dispositions du code de la commande publique ». Et peut évidemment susciter de noirs soupçons.

Mais la Chambre a gardé le plus beau pour la fin. Sa toute dernière observation porte sur la « participation financière de tiers privés » :

La commune de Clisson bénéficie de recettes de fonctionnement récurrentes au titre d’opérations qualifiées de « mécénat », « parrainage » et « partenariat ». […] Ce type de recettes pose des difficultés au regard des règles de probité et des marchés publics.

Qu’en termes choisis ces choses-là sont dites. Mais pourquoi s’affoler ? En 2019, il y en a pour 5 000 euros : pas de quoi chercher des poux dans la toison de la Blanche hermine, quand même ! Aucun édile sans doute ne se laisserait fléchir contre une si mince obole ! La Chambre insiste néanmoins :

Le respect des règles relatives à la probité implique de ne pas accepter de financement de manifestations communales par des entreprises déjà titulaires de marchés publics de la commune. En effet, une telle contribution pourrait être perçue comme une contrepartie irrégulière à l’attribution du marché.

Cette insistance et cette formulation générale donnent à penser que le message de la Chambre ne s’adresse pas à la seule ville de Clisson. Il sera sûrement soupesé du côté de Nantes Métropole et de ses nombreux fournisseurs. Parmi les « mécènes » de l’Arbre aux Hérons se trouvent plusieurs attributaires de marchés publics de Nantes Métropole et de ses satellites, comme Charier et Id verde. Or si la Chambre s’offusque pour 5 000 euros à Clisson, ces deux-là sont inscrits respectivement pour au moins 200 000 et au moins 50 000 euros sur les tablettes de l’Arbre aux Hérons.

On suppose que la prohibition s’applique aux nombreuses manifestations pour lesquelles Nantes et compagnie tapent de généreux donateurs. Qui du coup auront un bon prétexte pour résister aux sollicitations : « Voyons, Mme Rolland, on ne voudrait pas vous mettre en porte à faux vis-à-vis de la Chambre régionale des comptes ». Surtout en ces temps de campagne présidentielle…

Fin de parcours pour l’Arbre aux Hérons, donc ? Pas si sûr. La pénurie de donateurs était déjà évidente. Le problème n’était pas d’« accepter » des dons mais d’en trouver. Faire financer un tiers de l’Arbre par des parrains, comme promis par Johanna Rolland, était devenu une sorte de pari idiot.

L’avertissement de la Chambre pourrait donc apporter une solution miraculeuse : puisque l’appel aux donateurs est fortement déconseillé, inutile de s’embêter à en chercher. Il suffira de les remplacer par des contribuables.

Sven Jelure

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