Jean-Marc Ayrault a cru voir dans la mort tragique de George Floyd aux États-Unis l’occasion de lancer une grande idée d’une ardente modernité : débaptiser la salle Colbert de l’Assemblée nationale et le bâtiment Colbert du ministère de l’Économie. C’est peu dire que sa tribune parue dans Le Monde samedi dernier a fait un flop.
Ce nom « est aujourd’hui indissociable du Code Noir qui a fait entrer l’esclavage dans notre droit », s’indigne-t-il. Pourquoi « aujourd’hui » ? Ne l’était-il pas déjà en 1685, lors de la promulgation dudit Code ? (Peut-être pas tant que ça, à vrai dire, puisque Colbert était mort… en 1683.) Ne l’était-il pas déjà en 1989, quand Jean-Marc Ayrault a été élu maire de Nantes ? Pas une seule fois en 23 ans de mandat il n’a paru remarquer la présence d’une rue Colbert dans sa ville. Dans son blog, tenu de nombreuses années, il a beaucoup parlé d’esclavage, jamais du ministre de Louis XIV.
« Aujourd’hui », Colbert, il n’en veut plus. « Le travail de mémoire prend du temps », a-t-il plaidé. Beaucoup de temps, même : trente et un ans de « travail de mémoire » entre 1989 et 2020. Quel labeur ! Après avoir lutté contre l’esclavage, que personne ne défendait, Jean-Marc Ayrault s’en prend à un personnage mort il y a 337 ans.
Il n’y a pas que Nantes. La salle Colbert, le « petit hémicycle » de l’Assemblée nationale, date de 1932 ; député de 1988 à 2012 et de 2014 à 2016, Jean-Marc Ayrault s’y est souvent assis sans broncher. Quant au bâtiment Colbert du ministère de l’Économie, il a été inauguré en 1989, sous la présidence de François Mitterrand. Le Premier ministre Ayrault aurait pu y remédier entre 2012 et 2014 mais n’avait pas encore accompli son « travail de mémoire ».
Trahi par le Musée de Nantes
Entre protestations, sarcasmes et, surtout, indifférence, l’accueil fait à sa proposition si mûrement réfléchie a dû ulcérer l’ancien maire de Nantes. Il a ouvert un parachute ventral en s’exprimant dans Presse Océan ce mardi. Puisque Le Monde ne fonctionne pas, il sait qu’il peut toujours compter sur une bienveillance locale.
Alors il ressort la vieille fable des Nantais ignorants de l’histoire de la Traite, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage inauguré « en présence de personnalités très fortes » (le tiercé Christiane Taubira, Lilian Thuram et Nicéphore Soglo – que du lourd) et le Musée d’histoire de Nantes, où l’esclavage et le Code noir sont « extrêmement bien racontés ».
Puisque Jean-Marc Ayrault nous y invite, allons donc voir sur le site web du musée. On y lit (salle 12) que « dans le Code Noir, le maître se doit d’être bon et doit subvenir à tous les besoins de l’esclave : en terme de nourriture, d’habillement et de soins ». Colbert ? Peut-être pas un si mauvais bougre, dans le fond.
Sven Jelure
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Tous les anti-racistes ne mangent pas de sushis. Je préfère être un bobo qu’un gros beauf.
« Il ne faut pas trop évoquer la traite arabo-musulmane pour que les jeunes arabes ne portent pas sur leur dos tout l’héritage des méfaits des Arabes » Christine Taubira citée par Eric Conan dans l’Express du 4 mai 2006.
Traite arabo-musulmane qui perdure du VIII siècle à nos jours réduisant à l’état d’esclave des blancs ou des noirs selon les époques.
Il semblerait aussi que l’ethnie dont est issue l’aimable Assa Traoré est organisée en société esclavagiste. Le ratio démographique a pu atteindre un homme libre pour un esclave. On peut parier sans trop se tromper que son grand-père, gouverneur de l’une de ces régions du nord du Mali, possédait lui-même des esclaves !
« Femmes de réconfort » est l’euphémisme employé au Japon à propos des victimes, souvent mineures, du système d’esclavage sexuel de masse organisé à travers l’Asie par et pour l’armée et la marine impériales japonaises, en particulier durant la Seconde Mondiale…
Il est plus « juste » selon JMA et consorts de faire porter ce poids aux seuls européens en les culpabilisant à outrance…
On verra combien de temps il faudra au musée pour corriger son site dans un sens plus ayraultiquement correct.
Hola, moi, je ne me mouille pas. Je suis un mauvais esprit très discipliné : j’ai seulement lu ce qui est écrit sur le site du Musée d’histoire de Nantes. Pour avoir des idées sur ce nouveau commerce triangulaire (restaurants > Uber Eats > mangeurs de sushis), j’attendrai l’édification d’un Mémorial de l’immigration clandestine.
« Colbert ? Peut-être pas un si mauvais bougre, dans le fond »
Vous n’y pensez pas @Sven, c’est toute la bien-pensance progressiste, décolonialiste et indigeniste qui va vous tomber dessus ! Au XXI siècle, les esclaves viennent sur les « plantations » seuls en Zodiac, certes un peu aidés par les ONG. Ils sont nourris, logés et soignés au frais du contribuable ! Là réside le modernisme.
Le bobo anti-raciste et écolo a besoin de ces nouveaux esclaves pour se faire livrer à vélo des sushis à moindre frais. Le premier n’utilise son vélo-cargo électrique que pour emmener sa progéniture à l’école…
Il faut déboulonner « Le Penseur » de Rodin qui est une insulte à tous ceux qui n’ont pas de cerveau….