La reverduration de la ville n’est pas l’unique obsession de Johanna Rolland. Cette dernière pense autant vert qu’égalité entre les femmes et les hommes (à citer obligatoirement dans cet ordre) est pour elle une préoccupation constante. Et qui risque de gratter de plus en plus.
Nantes Métropole recherche en ce moment un prestataire chargé de rédiger ses « rapports annuels d’activité égalité ». La mission porte sur l’une de ces obligations complexes que Nantes Métropole s’attache à rendre inextricables au point que, doutant d’en venir à bout elle-même, elle préfère les confier au secteur privé. On l’a vu, par exemple, en matière d’urbanisme ou de comptabilité sensible au genre. Voici le tour de l’égalité
D’emblée, comme le pluriel de « rapports annuels » l’indique, il y a doublon. Il s’agit de rédiger non un rapport, mais deux : un « rapport sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes » (loi du 4 août 2014, article 61) et un « rapport relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » (loi du 12 mars 2012, article 51). Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Compliqué ? Pas si sûr…
Certes, le travail réclame beaucoup de données sur le sujet mais, sauf désorganisation grave, un service du personnel dans une grande collectivité (la loi s’applique à partir de 20 000 administrés) devrait déjà les détenir. La complication du travail réside plutôt dans la rédaction du rapport, qui réclamera de l’inspiration, car il s’agit moins d’information que de storytelling. Le prestataire recherché par Nantes Métropole relèvera d’ailleurs des « services de conseils en publicité » dans la nomenclature des marchés publics.
Il faudra un pro à la plume agile pour éviter les gaffes. La loi de 2014 porte sur l’égalité « réelle » entre les femmes et les hommes. Le réel, c’est parfois dur, les grandes proclamations ne suffisent pas à le masquer. Or là, il y a de quoi frémir. « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente », assurait Françoise Giroud (1916-2003), championne de l’égalité des sexes au siècle dernier. Cette célèbre boutade féministe pourrait devenir un tantinet dérangeante…
À Nantes, un encadrement aux trois quarts féminin
Johanna Rolland s’est toujours targuée d’aller vers une « ville non sexiste ». À son arrivée aux affaires, la situation des femmes à la mairie de Nantes et à Nantes Métropole n’était pas si mauvaise, pourtant. La moitié des dirigeants mentionnés sur l’organigramme officiel en 2015 étaient des femmes. Sur l’organigramme actuel, les hommes n’occupent plus que 40 % des postes. Partant d’une base d’égalité réelle, la ville est en train de devenir sexiste !
Le rapport « Égalité » 2023 de la ville de Nantes le révèle clairement. Il a beau empiler les déclarations d’intention*, il faut bien en venir finalement aux dures réalités chiffrées : sur les 4 116 agents municipaux, 67,8 % sont des femmes ! Leur proportion atteint même 74,5 % dans les emplois de catégorie A, les « postes importants » de Françoise Giroud.
Au contraire, les hommes peuplent le bas de l’échelle. Ils sont légèrement majoritaires (52 %) dans la filière technique. Pour l’instant, car, dans le même rapport, Johanna Rolland assure : « Nous continuons à travailler sur des sujets comme […] une plus grande représentation des femmes dans les métiers techniques » ! Les hommes ne dominent qu’un bastion : la police municipale, masculine à 70,2 %.
Un publicitaire habile pourra noyer le poisson dans une certaine mesure, à coup de dégagements fleuris sur la « ville non-sexiste », les « LGBTQIA+ phobies » ou les « leux festifs « safer » ». Mais pour que la femme soit vraiment l’égale de l’homme à Nantes Métropole, il est urgent de désigner des hommes. De préférence incompétents, ça doit pouvoir se trouver…
Sven Jelure
* « Les mesures correctives n’étant pas une réponse suffisante aux inégalités entre les hommes et les femmes, il s’agit désormais d’interroger et de changer les pratiques qui conditionnent l’existence du sexisme, des réformes collectives (par l’expérimentation sur la budgétisation sensible au genre), aux postures individuelles (par le déploiement de campagnes de sensibilisation sur l’espace public) », etc.
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J’ignore qui s’occupe de l’urbanisme à Nantes (h ou f) mais il suffit de passer bd de la Bottière pour comprendre dans quelles poches passe une grande partie de l’argent des contribuables : les entreprises du BTP et de la surveillance.
Sans parler de la rénovation discutable (intérieur et extérieur) de tous les immeubles du quartier, ceux qui habitent devant l’entrée du centre commercial vivent au milieu des travaux depuis plus de 10 ans.
Résultat de cet aménagement imposé aux habitants, de nouveaux immeubles dont l’aspect brise l’uniformité du quartier et dont les appartements ne se vendent pas malgré d’interminables et couteux travaux de voirie.