Nantes toujours plus féministe en paroles

Johanna Rolland tient à ce qu’on l’appelle Madame le maire. N’empêche, à l’occasion de la Journée de la femme, le 8 mars, elle s’est fendue d’une tribune dans Le Monde et d’un discours à l’espace Simone de Beauvoir (auquel la ville de Nantes verse 107.000 euros de subvention annuelle) où s’ouvrait le festival « Portée de femme ». « Le monde culturel et le milieu musical, tout comme la société dans son ensemble, ne sont pas épargnés par les inégalités et discriminations de genre », a-t-elle déploré.

Heureusement que Nantes, histoire de redresser la balance, pratique une stricte égalité « de genre » dans le domaine culturel. La mission incombe à un homme, David Martineau, adjoint à la culture, qui n’occupe que le 11ème rang dans la hiérarchie du conseil municipal.

Quand on parle culture à Nantes, à quelles institutions songe-t-on ? Par l’importance des budgets, d’abord au Voyage à Nantes, dirigé par un homme, Jean Blaise. Deux gros morceaux culturels ou réputés tels sont placés sous sa responsabilité : le Château des ducs de Bretagne et les Machines de l’île, sous la houlette de Bertrand Guillet et Pierre Orefice. Les Machines de l’île se fournissent essentiellement auprès de La Machine, de François Delarozière. Autre gros morceau budgétaire, Angers Nantes Opéra a été confié à Alain Surrans.

Les femmes au musée

Du côté des grandes manifestations culturelles, Nantes met systématiquement en valeur La Folle Journée, fondée par René Martin. Elle est hébergée par La Cité, que gouverne Denis Caille, et Le Lieu unique, dirigé par Patrick Gyger. Loin derrière vient le Festival des Trois continents créé par les frères Jalladeau et aujourd’hui piloté par Jérôme Baron. Quant à Royal de Luxe, qu’on s’entête à dire culturel, Jean-Luc Courcoult y tient toujours la barre. Également dans l’orbite d’une municipalité qui leur confie de gros moyens, Stéréolux, Trempolino et Pick Up Production sont dirigés respectivement par Éric Boistard, Olivier Tura et Nicolas Reverdito.

Pas une femme, donc, pour prouver le sentiment égalitaire de Nantes ? Si quand même : Sophie Levy dirige le Musée d’arts de Nantes. Elle succède même à deux femmes. Qui n’ont pas toujours eu la vie facile : difficile d’échapper à la discrimination de genre. Quant au musée Jules Verne, il a pour patronne Agnès Marcetteau.

En queue de conseil

Du côté de la « société dans son ensemble », le féminisme militant de Johanna Rolland se manifeste clairement dans la hiérarchie du conseil municipal de Nantes et du conseil de Nantes Métropole. Parmi les dix premiers adjoints de Nantes, on compte quand même une femme, Pascale Chiron. Côté pecking order de Nantes Métropole, Michèle Gressus compte au sixième rang des vice-présidents, Claudine Chevallereau au onzième. Dame ! Tout le monde ne peut pas être premier comme Fabrice Roussel, deuxième comme Bertrand Affilé, troisième comme Pascal Bolo, quatrième comme Gérard Allard, cinquième comme Michel Lucas… Les huit femmes, contre douze hommes, de cette armée mexicaine, sont donc plutôt vouées aux derniers rangs.

Tandis que Johanna Rolland mettait la dernière touche à ses déclarations féministes se tenait à la Sorbonne, le 6 mars, un colloque le thème « Féminisme et communication ». Il était consacré au women washing, la com’ à prétentions féministes plaquée sur une réalité qui l’est beaucoup moins.

Sven Jelure

N.B. Article rédigé sur une idée d’E.L. Merci à lui.

2 réponses sur “Nantes toujours plus féministe en paroles”

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