Navibus : ma dernière croisière sur la Loire

La traversée Gare maritime-Trentemoult en Navibus N1, on l’a tous faite. Mais d’avoir navigué sur le N2 entre le Bas-Chantenay et le Hangar à bananes avant le confinement, ça vous classe tout de suite dans une élite de happy few.

À en croire Nantes Métropole, la nouvelle ligne de Navibus doit favoriser « les déplacements de loisir entre deux zones dotées d’équipements touristiques et culturels : Jardin extraordinaire, Machines de l’île, commerces, bars et restaurants… ». Les touristes vont sûrement se précipiter. Ce qu’on ne leur dit pas, c’est qu’il y a un bon kilomètre de l’embarcadère à la grille du jardin. Un kilomètre pas bien riant, entre bâtiments décatis et circulation des boulevards de Cardiff et de Chantenay.

Vous vous demandez, touriste, où vous allez ? En arrivant sur place, au 23 boulevard de Chantenay, vous vous demanderez où vous êtes : un grand panneau vous annonce aux numéros 8 et 9, le château de Nantes ! Ce n’est pas ce que vous avait dit le guide Lonely Planet ? Pas d’affolement ! Le château a simplement installé là son service technique, avec celui du Voyage à Nantes, dans d’anciens bâtiments du chantier Dubigeon.

Qui habite là ? Et le château, où est-il ?

On en vient d’ailleurs à se demander si la ligne de Navibus n’est pas surtout destinée aux vaillantes troupes du VAN qui logeraient sur l’île de Nantes. Avec le néo-roquio, quelques minutes leur suffisent pour aller au travail sans affronter les embouteillages. Si le bateau était vraiment destiné aux touristes, c’est raté, même avant le coronavirus. Aux heures creuses, la rareté des voyageurs donne facilement l’impression d’être un propriétaire de yacht. Happy few, on vous dit.

Sur la Heb Ken (en breton « ni plus ni moins », qui est aussi le nom d’une crêperie de la rue de Guérande, près de la place Royale, et la devise de la ville de Pont-l’Abbé), un bateau de 140 places, flotte fièrement un kroaz du. Sa rotation est rapide, si rapide que vous n’avez guère le temps de vous arrêter à déguster une bière maison à la Little Atlantic Brewery, qui fait face à l’embarcadère. En dix minutes, vous passez du pied de la grue Dubigeon, la noire, au pied de celle du quai Wilson, la grise. Un petit bonjour au passage à l’autre Navibus, celui de la ligne Trentemoult-Gare maritime – les deux lignes se croisent au large de Cap 44 – et vous voilà à deux pas du Hangar à bananes. Il faut attendre de se hisser sur le quai pour apercevoir le désastre architectural de l’île de Nantes. Du bateau, vous n’en avez rien vu : de quoi vous assurer une croisière sereine.

Mais tout ça, c’était avant. Depuis mardi, la N2 ne circule plus. On espère la revoir bientôt. En attendant, restez confinés.

Sven Jelure

Une réponse sur “Navibus : ma dernière croisière sur la Loire”

  1. Le vrai problème avec cette nouvelle ligne fluviale (qui va de la pointe ouest de l’île de Nantes à Chantenay) c’est qu’elle croise l’autre ligne (gare maritime-Trentemoult) mais aucune interconnexion n’est assurée !

    Si l’on veut aller par exemple de Trentemoult à Chantenay (un simple transbordement) la nouvelle ligne de navibus ne le permet pas !

    Qui imaginerait un réseau de transport en commun avec une ligne du nord vers le sud et une autre de l’ouest vers l’est sans aucune correspondance pour aller par exemple du sud vers l’ouest ?

    Sur la Loire, à Nantes, l’interconnexion n’existe pas !

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