D’un seul coup, on en sait beaucoup plus sur l’Arbre aux Hérons. Et la réalité s’avère assez différente du projet qu’on continue à nous vendre. Elle serait plutôt dans le registre de l’échafaudage, si ce n’est de l’usine à gaz.
Nantes Métropole Aménagement vient de publier un avis de marché portant sur une étude d’ingénierie relative au risque incendie de l’Arbre (merci à E.L. pour le signalement). Un épais dossier technique joint à l’avis décrit l’œuvre.
Oh ! il comporte pas mal d’imprécisions (« la plupart des branches sont creuses »), de vœux pieux (« la structure laisse transparaître une impression de force ») et de dispositions renvoyées à plus tard (« des études seront menées afin de rendre l’Arbre aux Hérons accessibles à tous »). Le temps presse, pourtant : Nantes Métropole doit disposer de toutes les informations techniques et financières début 2020 pour décider si elle lance la construction ou pas.
En l’état, néanmoins, les documents en disent assez pour qu’une conclusion s’impose : l’Arbre aux Hérons tel qu’il est envisagé aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec l’élégante « Cité dans le ciel » représentée par les dessins de Stéphane Muntaner. Ce sont pourtant ces dessins qui ont servi à vendre l’idée au conseil de Nantes Métropole et à récolter des financements participatifs via Kickstarter. Publicité mensongère ?
La principale différence d’aspect réside dans la présence d’une trentaine d’étais métalliques destinés à supporter les branches, la terrasse du bar et les plates-formes des hérons et à permettre l’accrochage des escaliers, passerelles et autres éléments. Certains de ces poteaux auront jusqu’à trente mètres de haut. Sans doute indispensables pour la stabilité de l’ouvrage, ils modifient son aspect. L’Arbre n’a plus rien d’aérien.
L’association La Machine cherche à rattraper le coup en faisant de nécessité vertu. D’après son petit storytelling, « le principe constructif est inspiré des racines aériennes du banian ou figuier de l’Inde ». Colossale finesse ! Le banian, alias « figuier étrangleur », s’étend de proche en proche en lançant des racines de sa ramure vers le sol. La Machine assure donc que « l’Arbre émet des racines aériennes depuis l’ensemble des branches ». En réalité, bien entendu, les étais montent du sol pour soutenir les branches. Du moins les branches les plus basses. Pour les autres, on est encore dans le flou : « Proposer des solutions alternatives pour les reprises de charge sur les branches hautes (haubanage) », note La Machine. En clair, des câbles métalliques devraient s’ajouter aux poteaux.
Par ailleurs, comme les hérons ne pourront transporter qu’un nombre restreint de visiteurs, l’attraction sera divisée en deux « circuits » distincts, celui des Hérons et celui Jardins suspendus. Chacun d’eux aura son propre ascenseur et ses propres escaliers : encore plus de poteaux et de poutrelles. Si vraiment il faut fermer la centrale de Cordemais, on saura où recycler ses ferrailles.
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