Toujours plus de mur

En voilà un cadeau pour Noël ! Décidée par le Conseil municipal, la rénovation du « mur de Royal de Luxe » est désormais terminée. Il a fallu mettre le prix – un peu plus de 70 000 € – pour redonner à « l’œuvre » un peu de couleur. Tout juste peut-on regretter que la Ville de Nantes n’ait pas osé aller plus loin dans ce projet.

La fresque, dévoilée en mai 2011, avait subi les outrages du temps mais… pas seulement. Il était en effet tentant de faire des moustaches à Jean-Marc Ayrault ou de s’en prendre au portrait de Jean Blaise. La plupart des personnages étaient devenus méconnaissables. Conçu sur le modèle des fresques mexicaines, ce mur tombé du ciel offrait aux passants un large panorama des grandes figures nantaises. De Jules Verne à Barbara et de René-Guy Cadou à Zélélé, le chauffeur africain du marquis De Dion. Il eût sans doute été dommage que les générations futures finissent par les oublier. David Martineau l’avait promis : l’œuvre serait pérennisée. Ne rêvons pas toutefois : à l’heure où l’espace public est devenu un grand terrain de jeu et où tout symbole du pouvoir est appelé à “dégager”, il est à craindre que l’entretien de ce mur continue de peser sur le budget des contribuables. Il avait déjà « subi » une première rénovation il y a cinq ans.

À l’heure où la Corée du Nord rend hommage à Kim Jung II, à l’occasion de l’anniversaire de disparition forcément tragique de son leader historique, certains se réjouiront de voir Nantes sacrifier à l’iconographie communiste des années 60. La place qu’occupe par exemple Jean-Marc Ayrault, immortalisé en petit père du peuple nantais, fera sans doute sourire. Au moins les Nantais. Le “mur tombé du ciel” a en effet des allures de mausolée. Et, en reprenant des couleurs, vives et acidulées, l’œuvre, forcément datée, n’en apparaît que plus kitsch. Lorsque la Ville avait décidé de cette restauration, certains avaient suggéré que le mur soit confié à des artistes nantais du street-art. La Ville n’en manque pas ! Une œuvre contemporaine (et non figurative) aurait eu place dans le parcours du Voyage à Nantes.

Et puis, Nantes souriant volontiers aux audacieux, on pouvait rêver d’un peu plus d’imagination. Puisque Nantes est désormais la ville qui voit double du côté de la Beaujoire, pourquoi pas un deuxième mur ? Ou alors pourquoi ne pas avoir utilisé les deux faces de ce mur ? On est resté dans le convenu, dans le conventionnel d’une copie. Nantes méritait sans doute mieux.

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