Transfert du CHU : pronostic vital réservé ?

De l’audace, toujours de l’audace… Et à Nantes, plus qu’ailleurs, qui peut le “plus” peut le moins. C’est si vrai qu’après les abandons de Notre-Dame-des-Landes et du YelloPark (deux pas de côté comme dirait Jean Blaise), certains spéculent déjà sur le nouveau chantier du futur (?) CHU. Jamais deux sans trois ?

La Métropole se félicite déjà de présenter “le plus gros projet d’établissement public de santé de France”. À l’état de projet, on en est déjà au milliard d’euros. L’expérience de ce type de chantier peut laisser craindre, au bout des comptes, un dépassement de 25%. Ouest-France nous précise le poids du bébé : 30kg de dossiers divers. Un chiffre qui paraît juste un peu léger lorsqu’on apprend par ailleurs qu’une cinquantaine de personnes travaillent “à temps plein” sur le dossier depuis deux ans.

 

Avant l’enquête, les travaux continuent

 

Si le cœur vous en dit, vous pourrez consulter cette masse de documents à partir du 25 mars puisque c’est à cette date que sera ouverte l’enquête publique. Pas besoin d’en attendre les résultats pour commencer les travaux : sondages et terrassements vont bon train depuis plus d’un an, le long de la Loire, sur le site du futur CHU. C’est dire l’importance de la future enquête… À celles et ceux qui ont mis en avant accessibilité, crainte d’inondations, survol d’avions se dirigeant vers Nantes Atlantique, on se bornera à répéter que tout est parfaitement maîtrisé.

 

Il est ainsi rappelé que le niveau zéro du futur hôpital resterait, en cas de crue millénaire, “40 cm au-dessus de l’eau”. A-t-on pris en compte le réchauffement climatique, la fonte des glaciers et sa répercussion sur le niveau des eaux ? Ou bien a-t-on étudié les crues du siècle dernier qui avaient provoqué l’évacuation de certaines maisons de Trentemoult ? Allez savoir… Toujours est-il qu’on indique qu’en cas de crue “les deux ponts sur la Loire demeureraient hors d’eau” et que “l’hôpital resterait accessible par hélicoptère”. Défense de rire. Si c’est la directrice adjointe de l’hôpital qui le dit, pourquoi en douter ?

 

Les autres points noirs concernant le futur équipement sont balayés avec la même tranquillité. Mieux, ceux-là même qui plaidaient hier le nécessaire transfert de l’aéroport en raison du survol de l’hôpital n’y trouvent plus rien à redire aujourd’hui. On aurait mal entendu. Le futur hôpital serait juste transféré un peu plus proche et un peu plus dans l’axe de la piste de décollage/atterrissage de Nantes-Atlantique mais qu’importe. Quant à l’accessibilité, Nantes Métropole annonce non pas une mais deux lignes de tramway dans un futur qui reste à déterminer. Si leur réalisation prend autant de temps que la desserte de l’aéroport, il faudra se montrer patient. En même temps, les patients ne viennent pas forcément à l’hôpital en empruntant les transports en commun !

 

Voilà en tout cas un dossier dont les Nantais n’ont pas fini d’entendre parler. Un (ancien) panneau de signalisation devrait faire son retour devant les bien nommées salles de consultation de l’enquête publique : Hôpital Silence. Sans doute est-il encore tôt pour établir le diagnostic final mais une chose est sûre, l’opération s’annonce délicate.

Un nouveau tramway plus, plus, plus…

Tramway...

Plus de doute, les prochaines municipales sont sur les rails. Pour preuve, cette communication à tout-va sur cette ville “pionnière” que les Nantais ont la chance d’habiter. Après la présentation de la navette “plus” autonome et “plus” innovante qui a valu cette photo improbable (et réjouissante !) d’un ministre de l’Écologie entouré de l’élite nantaise, sauf Madame la Maire, voilà donc le tramway « nouvelle génération » attendu pour 2022 !

2022 ? Au lendemain des prochaines municipales. Le timing est parfait à l’image de la communication sur ces futures rames à l’esthétique “sobre et épuré”, “plus lumineuses et transparentes” et on vous passe les autres “plus” du dossier de presse, retranscrit mot pour mot, ou presque, par une presse enthousiaste. Ce futur tramway ne peut être que “plus” puisqu’un panel (si, si…) de Nantais a été associé au projet.

La réalité, comme pour la navette “plus” autonome, écologique et innovante que celle qui circulent déjà presque partout, est moins brillante que le tableau qu’on nous en brosse. Dans le sens du poil bien entendu. La Semitan va ainsi se débarrasser de ces vieilles rames, grinçantes et fatiguées pour un matériel nous offrant « un saut sur les plans technologiques, de confort, d’esthétique et de capacité ». Pensez donc, on nous annonce pour 2022/2025 une augmentation de capacité de… 20 % !

Les rames, déjà surchargées en tout début de matinée comme en fin d’après-midi, offriront donc 20 % de places supplémentaires. Comme si, depuis le lancement du tramway à Nantes, le trafic n’avait augmenté que de 20 % ou comme si on ne prévoyait, pour les 20 ans qui viennent, qu’une augmentation de 20 %. Plus de visibilité pour les futurs passagers du tramway, oui bien sûr, mais ce qu’on attend de la présidente de Nantes Métropole et son vice-président aux transports, maire de Saint-Herblain, c’est un peu plus de vision. Épargnons le Président de la Sémitan, Pascal Bolo, empêtré dans le dossier de l’ex-futur stade de son “ami” Kita.

Drôle de tram…

Mme la Maire n’en continue pas moins d’affirmer que Nantes est, comme en tout domaine, une ville “pionnière”. Hélas, les chiffres ne lui donnent pas vraiment raison : Strasbourg, mais aussi Bordeaux ou Lyon n’ont pas attendu Nantes pour développer leurs réseaux de transports en commun. Et pour transporter, chaque jour, un nombre de passagers sensiblement supérieur.

Comme le dit le journal “encore un peu de patience avant de rouler dans ces nouvelles rames”. Elles seront, c’est sûr, aussi bondées, de 2022 à 2040, qu’elles le sont aujourd’hui. Nantes plus propose donc à la municipalité de retenir sans attendre Patrick Sébastien pour l’inauguration (en 2022, il semble que son agenda sera allégé). Histoire de reprendre avec lui tous en chœur, “ah ce qu’on est serré au fond de cette rame…”

Toujours plus de tests pour la navette

Trois ans plus tard

“Les transports de demain s’inventent à Nantes Métropole…” Voilà ce qu’annonce un communiqué très officiel de l’agglomération nantaise. De quoi s’agit-il ? D’une nouvelle phase de tests d’une navette autonome. De la métropole lancée dans une course au “plus”, ça mérite bien un roulement de tambour. Sauf que la réalité est un peu moins flatteuse : des navettes autonomes circulent déjà, depuis quelques années, en France. Et un peu partout dans le monde.

À en croire pourtant le texte triomphant de Nantes-Métropole, les tests de ce “nouveau mode de transport intelligent et respectueux de l’environnement” confirmeraient que Nantes est bien cette “ville pionnière de l’innovation et de la transition énergétique”. Une ville forcément “innovante et collaborative” (sic) appelée à servir d’exemple aux autres métropoles.

Celles et ceux qui n’ont pas tout à fait perdu la mémoire se souviennent que cette navette autonome (ou sa petite sœur) a déjà été testée… à Nantes. Lors de l’opération, elle aussi, exemplaire et baptisée à grands frais Complètement Nantes, cette première navette a circulé, en juin 2018, entre la station Gare maritime et la carrière Misery. Un parcours de 650 mètres effectué à la vitesse moyenne, proprement affolante, de 10km/heure ! Selon les chiffres de Nantes- Métropole, non vérifiables donc incontestables, l’engin aurait ainsi transporté, en un mois, 5 200 personnes. Un franc succès puisque ce chiffre a été obtenu en 1029 voyages. Ce qui nous fait donc un peu plus de 5 passagers par voyage – et 669 km parcourus, l’équivalent de 15,5 fois le tour du périphérique nantais.

Il y a donc près d’un an, Nantes inventait déjà “les transports de demain”. Autant dire que cette navette autonome 2019, “sans chauffeur et 100% électrique”, a des allures de déjà vue. Reste qu’il s’agit, cette fois, de la tester dans “des conditions de circulation réelle”. Second roulement de tambour dont la presse est chargée de se faire l’écho. Et puisqu’il s’agit d’aller toujours plus loin, cette année, l’expérimentation quitte les quais de Loire pour la zone d’activités aéroportuaires. Ces nouveaux tests sont censés valider “quatre innovations” techniques, présentées dans le communiqué officiel.

Toute cette littérature nous ferait presque oublier que Nantes a déjà quelques longueurs de retard concernant ce mode de transport. Des navettes autonomes circulent déjà dans plusieurs villes de France. Sans parler de celles qui sont en circulation aux Etats-Unis. C’est dans le Michigan que le constructeur français Navya a testé sa navette en 2016. Avant sa mise en service à Las Vegas. On trouve également des navettes autonomes à Sydney ou Singapour ce qui a dû échapper à Francky Trichet, le “monsieur tech” de Johanna Rolland.

Ce qui n’empêche pas les “cocoricos” franco-français. Au printemps 2017, Anne Hidalgo se félicitait d’une “première mondiale” et d’une “révolution des transports” en présentant la navette autonome de La Défense. L’automne dernier, c’est l’agglomération lyonnaise qui annonçait “une première expérimentation d’une navette autonome en route ouverte”. Et cette navette lyonnaise, circulant à 25km/heure (contre 20 à celle de Nantes !) pouvait profiter de l’expérience d’une autre navette, elle aussi lyonnaise, mise en circulation en… 2016, pour relier le quartier Confluence. Libération parlait alors d’une “première mondiale”.

Conclusion : à défaut d’inventer vraiment “les transports de demain”, Nantes Métropole pourrait en faire un peu plus concernant les transports d’aujourd’hui. Ce qui ne serait pas si mal.

Julien Craque

La longévité nourrit la créativité

Il y a Grand débat et Grand débat. Celui qui voit le président de la République occuper largement l’espace médiatique et, à Nantes, celui qui va son petit bonhomme de chemin sur un site web municipal. Dame, un débat sur la Longévité, n’inspire pas forcément un bouillonnement d’idées. Il semble même qu’il reste confidentiel pour beaucoup de gens.

Il suffit pourtant de lever les yeux en longeant le cours des 50 otages : depuis la mi-janvier, des bannières vert pomme y aguichent le passant avec ce slogan du meilleur goût pour un débat sur le vieillissement : « Et si on gardait le meilleur pour la fin ? » Comme disait un notaire cynique d’un client disparu : « Ce qu’il y avait de meilleur en lui, c’était son héritage ».

Au bout d’un mois, neuf propositions ont été déposées sur le site ; elles ont suscité au total sept commentaires. Comment se fait-il que les élus du conseil de Nantes Métropole ne s’empressent pas tous d’apporter au débat leurs meilleures idées ? Ils ont pourtant décidé son ouverture à l’unanimité dans leur séance de décembre.

Dommage. On aimerait connaître leur avis, par exemple, sur la proposition d’une « Dementia Frendly Communauty » (sic). Les organisateurs ont sagement prévu une « corbeille » où seraient jetées « les contributions qui ne respectent pas la charte et qui ont fait l’objet d’une modération », mais qui resteraient tout de même visibles (couvrez ce sein que je ne saurais voir). Hélas pour les amateurs de pipi-caca-boudin, elle contient zéro contribution à ce jour.

Si la participation est minuscule, les spécialistes municipaux du « dialogue citoyen », eux, ont fait les choses en grand. Ils ont rédigé une charte, ouvert un site web, organisé des réunions locales. Ils se sont creusé les méninges en imaginant non pas un débat unique mais six débats correspondant à six « communautés » : les Historiens de l’art, les Ecrivains, les Cinéphiles, les Arpenteurs, les Veilleurs, les Observateurs, les Créateurs. Ces derniers sont invités à participer à « la création d’un espace d’exposition (type showroom) » et jeu de plateau avec « modélisation en 3 dimensions (type escape game) ». Tant de créativité pour si peu de débat…

Cependant, rien n’est perdu : le débat est ouvert jusqu’au mois de mai. Allez, allez, les citoyens amateurs de showroom et d’escape game, on se dépêche.

Sven Jelure

Match nul à La Beaujoire

Madame La Maire – Johanna Rolland – vient de siffler la fin du match. Après avoir défendu bec et ongles, contres vents et marées, le projet de nouveau stade de Waldemar Kita, voilà qu’elle nous dit aujourd’hui : “l’annonce d’une enquête préliminaire du parquet national financier visant la situation fiscale de M. Kita rend impossible la cession d’un terrain à son profit.”

Johanna et les Pieds nickelés

Kita hors-jeu, quelle aubaine pour la Maire qui sort le carton rouge. Dans ses rêves les plus fous où elle rejouait le match, jamais elle n’avait imaginé meilleure occasion d’enterrer définitivement un projet fumant. Contesté de partout, ce projet de YelloPark avait révolté les riverains, mobilisé les opposants et fragilisé durablement la majorité municipale. À tel point que Madame La Maire prenait le risque de ne pas être réélue parce qu’il lui fallait assumer d’avoir voulu changer les règles du jeu à la nantaise, ce qui entachait du même coup sa “nouvelle gouvernance”.

Alors Nantes plus s’interroge. Certes, riverains, citoyens et élus opposés au projet n’oublieront pas les crochets, dégagements, tacles, relances et récupérations qui ont entouré le projet, ni le nom de ceux qui ont joué pour le YelloPark. Mais s’il n’est pas certain que Johanna Rolland connaisse la profondeur de sa surface de réparation, réalise-t-elle qu’elle relègue Nantes du côté du ventre mou. Ou peut-être pire, en deuxième division !

En voyant double avec ce projet hallucinant de deux stades côte à côte à La Beaujoire, Johanna Rolland avait trouvé le moyen de souligner la singularité nantaise. Elle donnait même raison au surréaliste André Breton ! Et maintenant, elle renie jusqu’au pas de côté de Jean Blaise et du Voyage à Nantes. À quand le retour à la belle endormie des bords de Loire ?

Jules Verbe

Nantes engagée contre le verdurisme

Le jardin des plantes gagne 320 m², s’enthousiasmait la mairie de Nantes le mois dernier. Quoi ? Après avoir été enfin débarrassé de la trentaine d’arbres qui le polluaient, le parvis de la gare allait-il être à nouveau envahi de verdure ? L’idée, paraît-il, est que le jardin se prolonge vers la ville.

Heureusement, dans la réalité des choses, c’est plutôt la ville qui se prolonge vers le jardin. Les 320 m² ajoutés au jardin des plantes se situent à la rencontre de la rue Écorchard et de la rue Stanislas Baudry, qui descend le long du lycée Clemenceau. Sur cet espace se dressaient autrefois cinq ou six arbres de bonne taille. La ville a pris soin de les abattre avant d’annexer le terrain au jardin des plantes. Ce que gagne ce dernier, c’est en réalité 320 m² de trottoirs, très proprement pavés, ma foi.

Alors que viennent d’être abattues deux douzaines d’arbres alignés le long du quai Henri-Barbusse et que commence l’abattage de 70 (soixante-dix !) grands platanes sur le quai Brancas et le quai Duguay-Trouin, le message est clair : à bas le végétal, la verdure ne gagnera pas !

Vue l’étroitesse du quai, les arbres devaient gêner l’installation de l’axe vélo nord-sud

Cela dit, il reste du travail à faire. Si les magnolias survivants du square Fleuriot de Langle ne sont qu’en sursis, tout comme le square du nouveau palais de justice, on aperçoit encore ici ou là des troncs et des branches qui n’ont rien à faire en ville.

Et puis, en général, quand elle abat, la ville annonce qu’elle replantera. Un marché public pour abattre de vieux grands arbres, un marché public pour en planter de petits jeunes, c’est peut-être vingt ans de gagné (et quelques centaines de milliers d’euros dépensés), mais Nantes se retrouvera en fin de compte dans la même situation : des arbres tout partout. Johanna, encore un effort pour parachever l’œuvre minéralisatrice de Jean-Marc Ayrault !

Plus d’étais pour l’Arbre aux Hérons

D’un seul coup, on en sait beaucoup plus sur l’Arbre aux Hérons. Et la réalité s’avère assez différente du projet qu’on continue à nous vendre. Elle serait plutôt dans le registre de l’échafaudage, si ce n’est de l’usine à gaz.
Nantes Métropole Aménagement vient de publier un avis de marché portant sur une étude d’ingénierie relative au risque incendie de l’Arbre (merci à E.L. pour le signalement). Un épais dossier technique joint à l’avis décrit l’œuvre.

Oh ! il comporte pas mal d’imprécisions (« la plupart des branches sont creuses »), de vœux pieux (« la structure laisse transparaître une impression de force ») et de dispositions renvoyées à plus tard (« des études seront menées afin de rendre l’Arbre aux Hérons accessibles à tous »). Le temps presse, pourtant : Nantes Métropole doit disposer de toutes les informations techniques et financières début 2020 pour décider si elle lance la construction ou pas.

En l’état, néanmoins, les documents en disent assez pour qu’une conclusion s’impose : l’Arbre aux Hérons tel qu’il est envisagé aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec l’élégante « Cité dans le ciel » représentée par les dessins de Stéphane Muntaner. Ce sont pourtant ces dessins qui ont servi à vendre l’idée au conseil de Nantes Métropole et à récolter des financements participatifs via Kickstarter. Publicité mensongère ?

La principale différence d’aspect réside dans la présence d’une trentaine d’étais métalliques destinés à supporter les branches, la terrasse du bar et les plates-formes des hérons et à permettre l’accrochage des escaliers, passerelles et autres éléments. Certains de ces poteaux auront jusqu’à trente mètres de haut. Sans doute indispensables pour la stabilité de l’ouvrage, ils modifient son aspect. L’Arbre n’a plus rien d’aérien.

L’association La Machine cherche à rattraper le coup en faisant de nécessité vertu. D’après son petit storytelling, « le principe constructif est inspiré des racines aériennes du banian ou figuier de l’Inde ». Colossale finesse ! Le banian, alias « figuier étrangleur », s’étend de proche en proche en lançant des racines de sa ramure vers le sol. La Machine assure donc que « l’Arbre émet des racines aériennes depuis l’ensemble des branches ». En réalité, bien entendu, les étais montent du sol pour soutenir les branches. Du moins les branches les plus basses. Pour les autres, on est encore dans le flou : « Proposer des solutions alternatives pour les reprises de charge sur les branches hautes (haubanage) », note La Machine. En clair, des câbles métalliques devraient s’ajouter aux poteaux.

Par ailleurs, comme les hérons ne pourront transporter qu’un nombre restreint de visiteurs, l’attraction sera divisée en deux « circuits » distincts, celui des Hérons et celui Jardins suspendus. Chacun d’eux aura son propre ascenseur et ses propres escaliers : encore plus de poteaux et de poutrelles. Si vraiment il faut fermer la centrale de Cordemais, on saura où recycler ses ferrailles.

Toujours plus de mur

Le dernier rempart de Nantes

En voilà un cadeau pour Noël ! Décidée par le Conseil municipal, la rénovation du « mur de Royal de Luxe » est désormais terminée. Il a fallu mettre le prix – un peu plus de 70 000 € – pour redonner à « l’œuvre » un peu de couleur. Tout juste peut-on regretter que la Ville de Nantes n’ait pas osé aller plus loin dans ce projet.

La fresque, dévoilée en mai 2011, avait subi les outrages du temps mais… pas seulement. Il était en effet tentant de faire des moustaches à Jean-Marc Ayrault ou de s’en prendre au portrait de Jean Blaise. La plupart des personnages étaient devenus méconnaissables. Conçu sur le modèle des fresques mexicaines, ce mur tombé du ciel offrait aux passants un large panorama des grandes figures nantaises. De Jules Verne à Barbara et de René-Guy Cadou à Zélélé, le chauffeur africain du marquis De Dion. Il eût sans doute été dommage que les générations futures finissent par les oublier. David Martineau l’avait promis : l’œuvre serait pérennisée. Ne rêvons pas toutefois : à l’heure où l’espace public est devenu un grand terrain de jeu et où tout symbole du pouvoir est appelé à “dégager”, il est à craindre que l’entretien de ce mur continue de peser sur le budget des contribuables. Il avait déjà « subi » une première rénovation il y a cinq ans.

À l’heure où la Corée du Nord rend hommage à Kim Jung II, à l’occasion de l’anniversaire de disparition forcément tragique de son leader historique, certains se réjouiront de voir Nantes sacrifier à l’iconographie communiste des années 60. La place qu’occupe par exemple Jean-Marc Ayrault, immortalisé en petit père du peuple nantais, fera sans doute sourire. Au moins les Nantais. Le “mur tombé du ciel” a en effet des allures de mausolée. Et, en reprenant des couleurs, vives et acidulées, l’œuvre, forcément datée, n’en apparaît que plus kitsch. Lorsque la Ville avait décidé de cette restauration, certains avaient suggéré que le mur soit confié à des artistes nantais du street-art. La Ville n’en manque pas ! Une œuvre contemporaine (et non figurative) aurait eu place dans le parcours du Voyage à Nantes.

Et puis, Nantes souriant volontiers aux audacieux, on pouvait rêver d’un peu plus d’imagination. Puisque Nantes est désormais la ville qui voit double du côté de la Beaujoire, pourquoi pas un deuxième mur ? Ou alors pourquoi ne pas avoir utilisé les deux faces de ce mur ? On est resté dans le convenu, dans le conventionnel d’une copie. Nantes méritait sans doute mieux.

Message d’erreur pour les 5 511 donateurs de l’Arbre aux Hérons ?

Ni celui d'autres donateurs

Mise à jour du 16 décembre : Ce matin, j’ai voulu vérifier mon certificat de copartage de l’Arbre aux Hérons sur la page ad hoc du site des Machines de l’île. Plus moyen de constater son existence ! Le système ne fonctionne plus ! L’interrogation retourne une « erreur ». Ce qui ressemble assez à une désactivation précipitée. Qui serait en même temps l’aveu d’une bourde majeure dans la conception de la campagne Kickstarter.

Mais justement, la campagne promettait aux donateurs, à partir de 10 euros, de recevoir un certificat de copartage « vérifiable à tout moment sur le site des Machines de l’île ». Cette promesse n’est plus tenue. Kickstarter va-t-il à présent le reprocher au Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons ?

CI -DESSOUS L’INFO ORIGINALE – MAIS ÇA, C’ÉTAIT HIER 

Comme on l’a vu ici, les donateurs de l’Arbre aux Hérons détenteurs d’un « titre de copartage de l’Arbre aux Hérons » pourraient bien être privés du copartage avec le fisc dans certains cas. Mais ils pourraient bien copartager avec des tas d’indésirables…

Le Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons avait promis différentes « récompenses » à ses donateurs. Le titre de copartage en était la pièce maîtresse. Sa détention donnait droit, par exemple à « l’histoire de la construction de l’Arbre aux Hérons racontée en direct de 2018 à 2022 en 14 chapitres (via 3 newsletters par an) ». Soit donc, si l’on compte bien, au moins deux newsletters dès 2018. Vous en avez reçu une, vous ? Moi pas.

Et pourtant, j’ai bien reçu le titre de copartage. Je m’en suis assuré. Chacun peut en faire autant. Car le document n’est pas seulement « nominatif, numéroté, signé par les auteurs », il est aussi « vérifiable à tout moment sur le site des Machines de l’île ». Il suffit de descendre tout en bas de la page de l’Arbre sur le site et de saisir le numéro d’ordre envoyé par le Fonds de dotation.

Attention à saisir votre numéro exact, car si vous vous trompez ne serait-ce que d’un chiffre, vous risquez fort de recevoir le titre de quelqu’un d’autre. Qui sait… Peut-être même tomberiez-vous sur le titre de copartage de Pierre Orefice lui-même ? (Son numéro commence par A et s’achève par 1). Ou celui de Heather C. Ou d’Eloise P. Ou de Kaylin et Lilith V. Ou de Nathalie B. Ou de Nina S. Ou de Tony R. Oui, je suis un peu maladroit, j’ai fait plusieurs fautes de frappe avant de tomber sur mon titre à moi.

Sven Jelure

Complications fiscales pour les donateurs de l’Arbre aux Hérons

Elle avait déjà révélé bien des bizarreries, la campagne de financement participatif lancée sur Kickstater par le Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons. Des mois plus tard, ses animateurs réussissent à en ajouter encore.

La boutique en ligne des Machines de l’île propose à la vente des « titres de copartage » du Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons (merci E.L. pour avoir repéré cette loufoquerie). Titre de copartage ? On s’en souvient, c’était une des « contreparties » proposées aux contributeurs de la campagne de financement participatif. Un don de 50 euros ou plus donnait droit à un titre de copartage imprimé, dessiné par Stéphane Muntaner.

Un document exceptionnel assurait-on alors. Et voilà que, pour l’obtenir, il suffit aujourd’hui de l’acheter, tout bêtement. La symbolique de la copropriété de l’Arbre est complètement oubliée. Au lieu d’imprimer le nombre exact de titres correspondant aux nombre de dons reçus, on a laissé tourner la machine pour copartager du vent et encaisser quelques euros en plus. À l’égard des généreux donateurs, est-ce bien respectueux moralement ? Et est-ce bien raisonnable fiscalement ?

Certains d’entre eux comptaient sans doute bénéficier de l’avantage fiscal attaché aux dons aux associations. La doctrine du fisc en la matière est bien connue ; elle a été fixée par une instruction du 4 octobre 1999 (n° 5 B-17-99). Un don, par principe, est désintéressé. Cependant, des contreparties « prenant la forme d’un bien ou d’une prestation de services » sont admises par dérogation à condition de ne pas dépasser « un rapport de 1 à 4 entre la valeur du bien et le montant du don ou de la cotisation ».

Ici, le calcul est vite fait. Le titre acheté en ligne vaut 16 euros ; 16 x 4 = 64. À cause du papier que leur a envoyé le Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons, les 2.211 contributeurs qui ont versé à Kickstarter un don de 50 euros se trouvent donc hors des clous. Ils ont en main un morceau de papier dont la valeur marchande (16 euros) est supérieure au quart du montant de leur don. Il ne pourront rien déduire de leurs impôts. Sauf générosité particulière du fisc.

Sven Jelure