Nantes plus jobarde : La Machine à Toulouse

Dans deux mois, La Halle des mécaniques créée par Toulouse Métropole concurrencera directement Les Machines de l’île créées par Nantes Métropole, avec un concept pratiquement identique et des engins encore plus spectaculaires. Un revers majeur pour Nantes et un succès incontestable pour François Delarozière.

François Delarozière doit beaucoup à son talent et pas mal aussi à Jean-Marc Ayrault. Il n’avait que 26 ans quand ce dernier, en 1989, offrit le gîte et le couvert à Royal de Luxe, jusque-là basé à Toulouse. Royal de Luxe n’était alors que l’une des innombrables troupes de théâtre de rue fondées dans les années 1970. Comme presque toutes, elle vivotait. Les généreux financements de la ville de Nantes lui permirent de réaliser ses idées en grand. En grand au propre et au figuré : le succès international de Royal de Luxe repose sur ses Géants. Et les géants sont les enfants de François Delarozière.

Le second tournant capital pour celui-ci date de 2004. Nantes Métropole voulait aménager un équipement « structurant » sur le site des anciens chantiers navals, abandonné depuis dix-sept ans. Une dizaine de projets avaient été présentés. Un cabinet-conseil les avait rangés par ordre d’intérêt. Lors du conseil métropolitain du 18 juin 2004, Jean-Marc Ayrault imposa pourtant l’un des moins bien classés : celui des Machines de l’île, présenté par Pierre Orefice et François Delarozière.

Ce dernier, sans doute conscient de son grand destin, avait créé dès 1989, à Tournefeuille, dans la banlieue de Toulouse, une association vouée aux métiers du spectacle, La Machine. C’est à elle que serait confiée la réalisation des machines géantes installées sur le site des chantiers. Plus étonnant encore, ces travaux lui seraient confiés par marchés de gré à gré, sans appel d’offres. Payées par Nantes Métropole, donc par les contribuables, les machines coûtent ce que deux amis de longue date décident qu’elles valent. La Machine bénéficie ainsi d’une situation financière extrêmement confortable – mais difficile à apprécier exactement*. Si Pierre Orefice dirige les Machines de l’île, le grand gagnant de l’opération est François Delarozière.

Delarozière bientôt concurrent des Machines de l’île

La Machine put ainsi développer des compétences, un savoir-faire, une notoriété, une démonstration commerciale et des relations d’affaires qui allaient lui permettre de vendre des spectacles basés sur ses machines dans le monde entier. On dit merci qui ?

Eh bien justement, on ne dit pas merci. Jean-Marc Ayrault, négociateur déplorable, n’avait exigé aucune exclusivité de la part de François Delarozière. Il a fallu attendre fin 2017 pour que les droits de Nantes Métropole sur l’image des machines construites à ses frais soient formalisés (moyennant une solide rémunération au profit de leurs deux auteurs). Mais rien n’interdit à François Delarozière d’entrer frontalement en concurrence avec les Machines de l’île. Sa situation désormais assurée, c’est ce qu’il s’apprête à faire.

Il inaugurera le 9 novembre à Toulouse Montaudran une Halle des mécaniques où ses machines monumentales seront exposées en permanence. Les préparatifs vont grand train. Le quotidien régional La Dépêche en a rendu compte samedi dernier. « De l’empilement des gros containers aux effluves atlantiques, tout juste arrivés de Nantes, émergent les membres démantibulés d’une araignée géante », écrivait ainsi l’auteur de l’article, Gilles-R. Souillés. Car les 5.000 m² de la halle de Montaudran seront remplis de machines construites pour la plupart à Nantes et en partie financées par Nantes Métropole.

Le clou de l’exposition sera un Minotaure d’une douzaine de mètres de haut qui, longtemps stocké dans les ateliers nantais, fera sa première sortie dans le centre de Toulouse le 1er novembre. Ça ne vous rappelle rien ? Bien sûr, ce sera un alter ego du Grand éléphant. En plus spectaculaire encore : comme le cheval-dragon Long Ma, qu’on a pu voir à Nantes, il crachera du feu et pourra galoper et se cabrer. Avec ses sprints à 1,5 km/h et ses barrissements enroués, le Grand éléphant fera parent pauvre. D’autant plus que le Minotaure arpentera une ancienne piste d’aéroport prestigieuse, d’où s’envolèrent les pionniers de l’Aéropostale.

Delarozière seul maître à bord

Quant à la Halle, cinq fois plus vaste que la Galerie des Machines de l’île, elle exposera dès son premier jour des mécaniques spectaculaires. Il est probable que François Delarozière aura profité de son expérience nantaise pour éviter des défauts auxquels son ami Pierre Orefice n’a jamais su remédier : mauvaise gestion des files d’attente, absence de présentations en langues étrangères, sentiment d’inéquité des visiteurs quand une ou deux personnes seulement ont accès aux machines, etc.

Car oui, le patron de l’affaire, le seul, ce sera François Delarozière, via sa nouvelle association La Machine Toulouse. Toujours sans le moindre appel d’offres, Toulouse Métropole lui a confié les clés et y a rajouté 577.000 eurosde subvention par an. L’ancien maire socialiste, initiateur de l’affaire, avait pourtant affirmé qu’elle ne coûterait rien aux contribuables.

Que L’Arbre aux Hérons se fasse ou non n’aura sans doute plus beaucoup d’importance une fois l’établissement toulousain ouvert. On peut même se demander si ce n’est pas un rideau de fumée qui a permis à François Delarozière, jusqu’à présent, de travailler avec les Toulousains sans irriter les Nantais. En tout cas, la Halle sera pour lui un couronnement auquel peu d’artistes peuvent prétendre.

Il revient pourtant de loin. Le nouveau maire de droite élu en 2014 avait juré que la Halle aux mécaniques ne se ferait pas. Après un entretien avec François Delarozière, il avait changé d’avis du tout au tout. Delarozière n’est pas seulement un grand créateur, c’est un négociateur d’une redoutable efficacité.

_________

* Contrairement à une obligation légale, La Machine a cessé de publier ses comptes annuels depuis son exercice 2011. Cette année-là, les salaires versés par l’association s’élevaient, sans les charges, à 1,3 millions d’euros pour un effectif de 25 équivalents temps plein, dont quatre cadres, soit 52.000 euros par personne en moyenne.. Elle avait aussi payé plus de 38.000 euros de redevances pour brevets et licences.

Plus de détails diaboliques pour le Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons

  • Le diable est dans les détails, dit-on. Ces détails, le Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons paraît s’acharner à les multiplier.

Dans sa chronologie, d’abord. Sa création a été décidée le 26 juin 2017 par le conseil de Nantes Métropole. Il n’a été créé que le 11 novembre 2017. Pourtant, le recrutement de sa déléguée générale avait été lancé près de deux mois plus tôt. En double exemplaire, même. Une campagne de financement participatif devait être lancée fin 2017, pour 200.000 euros. Elle l’a été au mois de mars 2018, pour 100.000. Les donateurs devaient recevoir leurs récompenses entre mai et juillet. Ils n’en ont reçu qu’une partie, dans les derniers jours de juillet. De par la loi et ses statuts, les fondateurs disposaient de 90 jours après la création du Fonds pour verser sa dotation initiale de 15.000 euros. Il leur a fallu près de 120 jours : elle n’a été versée que le 7 mars 2018. Enfin, Le Fonds devait publier les comptes de son exercice 2017 au Journal officiel (J.O.) au plus tard le 30 juin 2018. Il l’a fait fin juillet.

Quoique… des comptes, ça ? Les experts comptables pourront s’amuser à en recenser les bizarreries, à commencer par l’écart de 1 euro entre le montant du passif et celui de l’actif. Mais surtout, à ces quelques chiffres qu’on dirait griffonnés sur un coin de nappe en papier, il manque quelque chose d’essentiel : ils ne sont pas certifiés par un commissaire aux comptes, ainsi que la loi l’exige.


Un commissaire aux comptes a pourtant été désigné (RSM). Il a bien envoyé sa facture au Fonds (2.400 euros). Alors, pourquoi les comptes ne sont-ils pas certifiés ? Il y a sûrement un détail qui coince. Quand le commissaire aux comptes relève « des faits de nature à compromettre la continuité de l’activité »précise la loi, il doit demander des explications au président du conseil d’administration et prévenir le préfet. Trop de dépenses, pas assez de recettes, cela pourrait faire partie des « faits » visés… Et Bruno Hug de Larauze, président du Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons n’est peut-être pas trop ravi d’avoir été envoyé en première ligne par Johanna Rolland.

Les problèmes du Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons pourraient en outre provoquer un dommage collatéral. Son déficit considérable de 2017 est dû essentiellement aux 77.680 euros facturés par Le Voyage à Nantes pour la sous-location de la station Prouvé, des travaux d’aménagement et surtout la mise à disposition de Pierre Orefice et l’une de ses collaboratrices – pendant moins de deux mois. Cette facture abracadabrantesque n’a pas empêché la SPL Le Voyage à Nantes de plonger dans le rouge en 2017. Mais sans elle, son déficit aurait dépassé le seuil psychologique du quart de million d’euros.

Sven Jelure

Le Voyage à Nantes pompe les sous de L’Arbre aux Hérons

Le Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons a été créé officiellement le 11 novembre 2017. Qu’a-t-il fait au cours de son bref premier exercice comptable, du 12 novembre au 31 décembre ? À première vue, rien. Il n’a semblé sortir du bois qu’en mars dernier lors de l’opération de financement participatif sur Kickstarter.

Pourtant, d’après ses comptes établis par le cabinet Strego, il a signé dans ce court laps de temps trois conventions avec la société Le Voyage à Nantes (avec laquelle il n’a aucun lien juridique) :

  • L’une d’elles régit un « traitement des données », à savoir la « gestion des emails transmis par le VAN au Fonds de dotations, pour l’envoi d’informations et de newsletters ». Elle concerne probablement la campagne Kickstarter qui n’a démarré qu’en mars 2018. En tout cas, elle ne s’est traduite par aucune dépense en 2017.
  • Une autre porte sur la station Jean Prouvé, l’ancienne station-service posée à côté des Machines de l’île. Ce bâtiment confié par Nantes Métropole au Voyage à Nantes a été sous-loué au Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons, qui y a installé son siège, moyennant un loyer annuel de 7.500 euros H.T. hors charges. Mais les charges changent tout : avec elles, la facture 2017 atteint 7.254 euros pour moins de deux mois ! S’y ajoutent 9.137 euros de travaux d’aménagement.
  • La troisième convention est plus étonnante encore. Elle concerne une « mise à disposition de personnel : Mme A. Dziadkiewicz (assistante de direction – mi-temps) ». Le Voyage à Nantes l’a facturée 61.289 euros. Non, vous ne rêvez pas : 61.289 euros pour 35 jours ouvrables, soit 1.751,11 euros par jour.

Plus d’un SMIC par jour pour un travail à mi-temps ? Non, il y a un truc, là ? En effet, il y a un truc : en réalité, le Fonds de dotation a aussi supporté une partie du salaire de Pierre Orefice, directeur des Machines de l’île !
(voir le premier article de Julien Craque pour Nantes plus en juin dernier)

Le pourcentage de son temps consacré au Fonds n’est pas précisé. Mais si, délaissant Les Machines, il lui avait lui aussi consacré la moitié de son temps, la facture s’élèverait donc à 1.751,11 euros par jour pour un équivalent plein temps. Ce serait tout de même très bien payé. À titre de comparaison, pour toute l’année 2017, le Fonds de dotation du CHU de Nantes a supporté 22.017,04 euros d’honoraires.

Sven Jelure

Plus de donateurs à trouver pour L’Arbre aux Hérons

Dans ses deux premiers mois d’activité, en 2017, le Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons n’a pas seulement signé trois conventions (voir article précédent). Il a aussi trouvé trois donateurs. Trois entreprises qui ont consacré chacune 15.000 € de « dons manuels » à L’Arbre aux Hérons.

Du beau monde : SFCMM, Adekma et Cryo Ouest, sont des références dans leur domaine. Et, par un heureux hasard, ces entreprises exercent des activités potentiellement utiles à la construction d’une grande structure métallique : elles sont respectivement spécialistes du façonnage de tubes et profilés, du levage de grosses charges et de la peinture de navires, ponts et autres grands équipements. Adekma a effectué en juin dernier des « essais de tractions de L’ Eléphant avec la 250 T Grove [l’un de ses énormes camions-grues] pour remonter les quais des Machines de l’Ile de Nantes… Affaire a suivre [sic] ». À suivre en effet, car on aimerait savoir à quoi servent de tels essais. À remonter l’Éléphant au cas où il tomberait dans la Loire ? Le coût de la prestation n’a pas non plus été précisé.

Mais si la qualité est là, la quantité fait défaut. Voici plus de deux ans déjà, Nantes Métropole annonçait que quinze entreprises étaient déjà prêtes à verser 50.000 euros chacune. Au lieu des 750.000 euros attendus (50.000 x 15), on en a donc 45.000 (15.000 x 3)…

Pour que L’Arbre aux Hérons se fasse, il faut trouver des fonds privés à hauteur d’un tiers de son coût, tel est le principe fixé explicitement par Johanna Rolland. Une fois déduits les 373.525 euros récoltés auprès des particuliers lors de la campagne Kickstarter, il reste à dénicher au moins 11,5 millions auprès des entreprises. À raison de 15.000 euros l’une, il faut trouver 767 volontaires.

Au rythme de 2017, trois entreprises en deux mois, 42 ans et demi seraient nécessaires pour les réunir. Mais L’Arbre doit ouvrir au public en 2022. Il faut donc multiplier le rythme par dix !

Alarmiste, ce calcul ? Non, abusivement optimiste, pour deux raisons :

  1. Le budget des grands chantiers publics est en général annoncé hors taxes pour ne pas effrayer le contribuable. Quand on dit que L’Arbre aux Hérons coûtera 35 millions d’euros, il faut probablement comprendre 35 millions H.T. – et donc encore plus d’argent à trouver pour payer les taxes.
  2. Le calcul ci-dessus suppose que le fonctionnement du Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons ne coûte rien et que tout l’argent récolté est affecté à la construction de L’Arbre. Or, tout au contraire, il coûte cher, comme nous le verrons bientôt.

(à suivre 🙂

Un service unique !

Nantes plus est admiratif

Plus d’accès du justiciable au palais de justice…
Après des mois de pannes, les grilles du palais de justice ont, semble-t-il, été réparées. Pourtant, cet édifice déjà vermoulu n’est pas au bout de ses peines.

Une vaste palissade vient d’être installée sur son parvis pour la « mise en place d’un service unique d’accès du justiciable ». En langue profane, une entrée.

En attendant, on pénètre dans l’édifice par l’extrémité ouest de sa façade. Un portique de sûreté et un poste de contrôle y ont été installés. LE justiciable doit montrer profil bas et vider ses poches. Au passage, le palais de justice s’est mis dans un mauvais cas. L’article R232-31 du code des procédures civiles d’exécution prévoit l’affichage des avis de vente forcée sur saisie immobilière « à un emplacement aisément accessible au public ». Ce qui n’est pas franchement le cas d’un hall des pas perdus aussi sévèrement défendu.

Champion du monde de la signalétique
En petit sous « HORS SERVICE » : « Veuillez vous manifester à l’accueil du public »

Ah ! au fait, comme un malheur n’arrive jamais seul, le boîtier de l’appel destiné aux personnes handicapées ne fonctionne plus. « Veuillez-vous manifester à l’accueil du public » indique un avis scotché par-dessus. En langue profane, Demerdieren Sie sich.

Un peu plus loin, le bâtiment d’Harmonie Mutuelle souffre lui aussi de ses petites misères. Il a fallu construire une sorte d’arc de triomphe pour protéger les passants contre les chutes de matériaux. Le bâtiment avait pourtant été rénové en 2010. Le quai François-Mitterrand serait-il un endroit malsain ?

Voyage à Nantes 2018 : encore un instant, monsieur le bourreau

Plus 12 %

Quand une boutique prolonge une promotion, c’est soit qu’elle a trop bien marché, soit qu’elle a mal marché. Le Voyage à Nantes est prolongé d’une semaine, jusqu’au 2 septembre au lieu du 26 août.

S’agit-il de donner enfin leur chance aux foules qui n’auraient pu accéder à l’Éloge du pas de côté ni descendre dans les entrailles du Carré Feydeau ? Ou bien d’améliorer ses statistiques grâce aux Nantais qui font leurs courses de rentrée ? Réponse avec le prochain bilan du Voyage à Nantes.

Celui-ci a l’habitude de publier un communiqué de victoire dès le rideau tiré. La prolongation décidée par Jean Blaise lui donne en tout cas une semaine de réflexion supplémentaire.

Pour comparer utilement l’édition 2017 et l’édition 2018 du Voyage à Nantes, il faudra tenir compte de ces sept jours, soit 12 % de durée supplémentaire. Les comparaisons les plus sûres portent sur les sites avec billetteries : on connaît exactement le nombre de billets vendus. Les sites avec compteur sont déjà beaucoup moins fiables. Quant aux sites avec médiateur, le comptage est largement subjectif. L’an dernier, d’ailleurs, le Voyage à Nantes avait renoncé à prendre en compte les « étapes dans l’espace public ne permettant pas un comptage précis (Place Royale, Bouffay, Micr’Home…) ».

Voici donc un petit tableau indicatif de sites avec billetterie, à compléter le jour venu pour comparer les deux éditions. Les scores 2017 ont été augmentés de 12 %.

Étapes du Voyage à Nantes

2017 + 12 %

2018              

Château des ducs de Bretagne – musée et expo

63 239

Machines – Galerie

114 800

Machines – Carrousel

107 791

Machines- Voyage Grand Éléphant

36 708

Musée d’Arts

100 388

Muséum d’histoire naturelle

26 226

Musée Jules Verne

10 282

Planétarium

3 136

 

Un Voyage à Nantes de plus, est-ce un de trop ?

Toute la presse en parle : juillet 2018 a été une période moins faste que l’été 2017 pour le tourisme en France.
L’an dernier, Le Voyage à Nantes avait embouché des trompettes victorieuses : les touristes étaient venus plus nombreux dans la ville. Assurément. Comme à peu près partout. Un peu plus qu’ici, un peu moins que là. Le littoral breton avait fait mieux.

Et en 2018 ? A vue de nez, Nantes n’échappe pas à la tendance. « Au Hangar à bananes, le mois de juillet n’a pas été aussi fructueux que les années précédentes », titrait Ouest France lundi soir. Les installations du Voyage à Nantes n’immunisent pas l’économie touristique locale. Ont-elle jamais eu un effet véritable, d’ailleurs ? En tout cas, il s’est vite émoussé.

Après Les Allumées, seul vrai titre de gloire de sa longue carrière, Jean Blaise expliquait avoir volontairement limité le festival à six éditions. Et encore la sixième, La Havane, n’avait-elle pas eu lieu pour cause de fâcherie avec Cuba. Une de plus aurait été une de trop. Le Voyage à Nantes en est à sa septième édition.

Google Trends

Voici un indice qui ne trompe pas. Google Trends permet de voir à quoi s’intéressent vraiment les internautes. Qu’enseignent leurs recherches en ligne sur « Le Voyage à Nantes » (ou « le voyage a nantes » : si les capitales n’ont pas d’incidence, l’accent sur le « à » en a une) ?

Google Trends, les vrais chiffres du Voyage à Nantes

Les recherches n’ont jamais été plus nombreuses que la première année, en 2012, et même plus précisément lors de la campagne de lancement. Les recherches sur « le voyage à nantes » au mois de juin 2012 forment l’indice 100. Les recherches sur « le voyage a nantes » ont atteint leur maximum, à l’indice 34, le même mois, en juin 2012. Pour le mois de juillet, voici les résultats d’année en année, en indice, au niveau mondial :

Recherches sur

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

« le voyage à nantes »

61

32

33

47

37

31

15

« le voyage a nantes »

17

14

18

26

16

17

8

La tendance à la baisse est donc claire et s’accentue fortement en 2018. Au niveau français, l’évolution est comparable. Et pour cause : les recherches effectuées sur Google émanent de France pour la plupart. Google Trends n’est pas en mesure de citer un pays étranger d’où émanerait ne serait-ce que 1 % des recherches, et cela quelle que soit la période considérée (depuis une heure, depuis un jour… ou depuis 2004, comme dans le graphique ci-dessus).

Le tourisme étranger à Nantes ne progresse pas plus qu’ailleurs et dépend des évolutions de l’économie internationale. Au bout de huit ans, Le Voyage à Nantes n’a pas été capable d’imposer Nantes comme une destination internationale ainsi que l’espérait Jean-Marc Ayrault. Il reste une manifestation essentiellement franco-française et Nantes doit remettre au pot chaque année pour obtenir un effet de moins en moins porteur. 

Sven Jelure

Nantes : toujours plus de voyageurs

À chacun son toit. Comme d’autres villes, Nantes a vu, ces derniers mois, de nombreux immigrés arriver sur son territoire. Faute de logements, ils se sont installés, au fil d’expulsions successives, près de la place du Commerce. Le square Daviais est devenu leur refuge. Des dizaines de tentes, pour près de quatre cents personnes. Sans toit, ni installations sanitaires.

On peut toujours faire plus. Srtout à Nantes.

Un toit et des sanitaires

Il y en a pourtant pas très loin, près du restau universitaire et du skatepark de Ricordeau. Ce toit, il protège le chantier de réfection de la fresque à la gloire de Nantes et de celles et ceux qui ont marqué son Histoire. Et les sanitaires sont une contrainte légale pour un chantier de longue durée. Accès réservé à ceux qui y travaillent.

 

On peut toujours faire plus. Srtout à Nantes.

La mairie de Nantes, très officiellement, à fait part de son opposition à l’arrêté d’expulsion concernant les immigrés. Soit. Mais, très concrètement, on fait quoi pour accueillir ces jeunes (pour la plupart) qui ont fui les horreurs de la guerre et la misère ?

Au-delà des postures qui ne mangent pas de pain (surtout de ceux qui n’en ont pas !), un peu plus de fraternité ne ferait pas de mal dans une ville qui fit fortune dans le commerce d’esclaves.

Julien Craque

Pour en savoir plus sur l’accueil à Nantes : http://avf.asso.fr/fr/nantes

Plus de poubelles derrière le théâtre Graslin

Voyage à Nantes : le pas de côté

La ligne verte du Voyage à Nantes 2018 traverse la place Graslin et s’aventure même rue Corneille pour l’installation Inside de Daniel Firman. Mais il ne faudrait pas qu’un touriste non moutonnier fasse un pas de côté jusqu’aux arrières du théâtre.

Il y découvrirait d’une part que Nantes n’a pas attendu Jean Blaise et Philippe Ramette pour se doter de sculptures en forme de clin d’œil. Il y a plus de trente ans que le groupe La danse du sculpteur portugais Charles Correia, ancien des Beaux-arts de Nantes, anime la rue Scribe sous les yeux de spectateurs en trompe-l’œil.

Notre touriste y découvrirait aussi que Nantes n’a pas toujours pour les œuvres d’art le respect que Jean Blaise prétend qu’elle a…

Sven Jelure

Arbre aux hérons : le “plus” des donateurs

Les Machines de Lille. Quel drôle de nom pour les machines de Nantes

Il était dit que les donateurs seraient récompensés. Après une intense campagne de promotion, ils étaient officiellement 5 511 à avoir répondu à l’appel pour le financement participatif  de l’Arbre aux hérons. Et à avoir mis 373 525 euros dans la cagnotte. À peu près 1 % du coût estimé de l’entreprise.

5 511 donateurs pour 373 525 euros, c’est un peu moins de 67 euros par personne. Pas si cher pour entrer dans l’Histoire. Mais tout le monde n’a pas été aussi généreux. Il y a les “gros donateurs” (2 883 à plus de 50 euros) et les autres. Les premiers recevront donc en “cadeau” le dernier croquis du projet, signé par les auteurs. Quant aux petits donateurs, ils se contenteront (défense de rire !) de la version numérique.

Faute d’avoir été réélue députée, Karine Daniel a pris en charge la “fondation” chargée du suivi financier du projet. Si elle se félicite du nombre de donateurs “plus important que prévu” (sic), elle indique que, sur les 370 525 euros collectés via Kickstarter, tout n’ira pas à l’Arbre aux hérons : il faut déduire de cette somme “80 000 à 100 000 euros” de frais.

Au final, la vaste campagne de collecte de fonds aura donc rapporté moins de 1 % du coût du projet. Même pas le 1 % culturel ! Mais réjouissons-nous, nul n’a parlé de l’Arbre aux pigeons. Le projet, porté par François Delarozière et Pierre Oréfice, reste programmé pour 2022.

2222 aurait été plus vendeur 🙂