Voici trente ans, Royal de Luxe a vendu son âme à Nantes contre une éternité de subventions. Le pacte ayraultien était un marché de dupes : l’âme vendue s’est étiolée et Nantes, qui croyait s’acheter une aura de phare culturel international, se retrouve Gros-Jean-Marc comme devant.
Royal de Luxe reste une icône. Ah ! La Véritable histoire de France ! Ah ! Le Géant tombé du ciel ! Ah ! La Visite du sultan des Indes ! Mais le Géant, c’était en 1994, la Visite, en 2005. Depuis lors, la pente est descendante : El Xolo en 2011, Le Mur de Planck en 2014, Monsieur Bourgogne et sa Fiat 500 en 2019… Au lieu de donner des moyens aux créateurs locaux (que pourraient faire les carnavaliers nantais avec les mêmes budgets ?), Nantes les a confiés à une troupe compradore qui accuse aujourd’hui l’âge de ses artères.
Qui, à Nantes, pourrait encore dire ce qu’a fait Royal de Luxe en 2021 ? Quelques animations scolaires du côté de Bellevue, un « livre » géant fumant en haut d’un immeuble… Fort bien, mais elles nous ont coûté 821 156 euros de subventions publiques plus 96 717 euros de non-loyer pour l’énorme usine de Chantenay. De quoi payer à l’année des dizaines d’animateurs scolaires.
Il y a bien eu aussi un petit spectacle — pardon, une « situation imaginaire » — à Calais, « La Grande évasion », mais ce sont les Calaisiens qui l’ont payé (142 703 euros, semble-t-il), et ce fut apparemment un flop.
Mur pas planqué
« Royal de Luxe, plus très royal, toujours opulent », disions-nous l’an dernier. D’année en année, le constat se confirme : Royal de Luxe dort sur un matelas bien garni. Les subventions nationales ou locales tombent systématiquement, que la compagnie produise ou pas. Elle continue à percevoir des montants calculés en fonction de ses grandes années, que ne justifie plus son rythme ahanant d’aujourd’hui.
Ses comptes annuels 2021, publiés voici quelques jours, confirment qu’elle amasse des économies colossales. Voici l’évolution de son compte « Disponibilités » en fin d’année :
2018 | 381 188 € |
2019 | 488 792 € |
2020 | 690 807 € |
2021 | 908 501 € |
Le compte en banque de Royal de Luxe n’est pas la seule bonne nouvelle. Son Mur tombé du ciel vient d’être repeint par David Bartex voici quelques semaines. Qui l’a remarqué ? La vraie question serait peut-être : Qui avait remarqué son état pitoyable ? Mais puisqu’il est inscrit sur le parcours du Voyage à Nantes, il était difficile de le laisser couvert de graffitis, comme un baromètre des incivilités dans la ville.
Dernière bonne nouvelle, les portraits sont immuables. Le mur date de 2011. De rénovation en rénovation (la précédente datait de 2018), il reste inchangé. Ses « Tri Yann », Jean-Marc Ayrault, Jean Blaise et Jean-Luc Courcoult, n’ont pas pris une ride ! Pas plus, d’ailleurs, qu’Anne de Bretagne, Gilles de Rais et les autres défunts qu’ils côtoient.
Sven Jelure
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