Quand les candidates se renvoient la balle
Viendra ? Viendra pas ? Johanna Rolland a préféré ne pas donner le sentiment de botter en touche : elle a finalement répondu à l’invitation de l’association À la nantaise. Elle est donc venue, ce mercredi 11 décembre, débattre de l’avenir de la Beaujoire et des relations de la Ville avec le FC Nantes.
Si les quatre candidates à sa succession avaient d’emblée répondu par l’affirmative à l’invitation de Florian Le Teuff, Johanna Rolland avait, dans un premier temps, décidé d’envoyer à sa place Bassem Asseh… Il faut dire que, depuis le feuilleton YelloPark, les relations étaient tendues entre l’association des amoureux du FC Nantes et la mairie. Pascal Bolo, actif soutien à Waldemar Kita, était prié de rester aux vestiaires et de faire profil bas. C’est Madame la maire elle-même qui jouerait en défense.
#JR2020 en défense
Car c’est bien de défendre la position de la Ville dont il était question. Après “le fiasco du YelloPark”, évoqué par l’ensemble des adversaires de Johanna Rolland, il convenait en effet de clarifier le projet municipal concernant l’avenir du stade de la Beaujoire et, plus globalement, les relations entre la Ville et le club.
Première à monter à l’attaque, Julie Laernoes ne mâche pas ses mots : oui, le projet Yello-Park est un fiasco, oui, la Ville a fait “ce qu’il ne fallait pas faire”, oui, il faut optimiser l’équipement actuel, l’adapter et le moderniser. À sa suite, Valérie Oppelt semble manquer de vitesse. Alors, quelques généralités plus tard, le ballon est dans les pieds de Laurence Garnier. Plutôt à l’aise, la candidate revient sur le fiasco “politique et démocratique” du projet YelloPark avant de regretter que “depuis sept ans, rien n’a bougé sur ce dossier de la Beaujoire”.
“Le FCN fait partie de notre patrimoine commun…” Johanna Rolland ne prend pas de risque face à un auditoire d’amoureux du club. Et elle enfonce le clou en plaidant pour la réhabilitation du stade. Non sans nuancer cet engagement : la Métropole s’engage à réaliser des travaux pour un montant, dans un premier temps, de 6 millions.
Margot Medkour est plus radicale et plaide pour une “réappropriation” du stade et du club qui, selon elle, doivent appartenir aux supporters. Ce plaidoyer pour un actionnariat populaire risque toutefois d’être insuffisant pour faire face au besoin de travaux à la Beaujoire.
Travaux : attention danger
Premier constat : plus personne ne parle de détruire la Beaujoire. Même Johanna Rolland ne voit plus la nécessité de construire un nouveau stade pour accueillir les manifestations internationales (Coupe d’Europe, Jeux Olympique…). La candidate-à-sa-succession désavoue ainsi son adjoint aux finances et aux sports de haut niveau, Pascal Bolo, qui a toujours affirmé le contraire.
Reste que le coût de ces travaux varie de 30 à… 100 millions ! Si on peut soupçonner Waldemar Kita d’avoir placé la barre très haut pour mieux “vendre” son projet, on comprend moins que Madame la Marie n’ait pas, elle-même, demandé à ses services ce qu’il conviendrait de faire et combien il en coûterait aux contribuables. Mystère. Étrangement, personne ne lui demande de précisions à ce sujet.
Autre question épineuse, le montant, ridiculement bas, de la location du stade. 140 000 euros/an, qui dit mieux ? Pour Julie Laernoes et Margot Medkour, il s’agit là d’une “subvention déguisée au foot business” pourtant dénoncé par Johanna Rolland qui n’a cessé de marteler pendant l’affaire du YelloPark : “ma position est claire : pas un euro des contribuables pour le foot business”. Pas davantage de précisions sur l’hypothèse de la construction d’un nouveau stade. Tout juste la candidate-à-sa-succession s’engage-t-elle à ce qu’à l’avenir, on consulte les riverains. Ce qu’elle revendiquait d’avoir déjà fait pour le projet YelloPark…
La balle au centre
Il faut saluer l’association À la nantaise pour être parvenue à (re)placer le football au centre du débat. Même s’il était étrange de voir un plateau exclusivement masculin face aux cinq jeunes candidates à la mairie. Si les femmes vont (aussi) en stade, ce sont les hommes qui parlent avenir de la Beaujoire et du club, musée du FCN ou actionnariat populaire. La parité n’est pas encore au rendez-vous.
On peut s’amuser de voir les candidates prendre place avec Florian Le Teuff , face au public : Margot Medkour (Nantes en commun) se retrouve à l’extrême gauche et Johanna Rolland à… l’extrême-droite avec, à ses côtés, Laurence Garnier. Entre elles, Julie Laernoes (EELV) et Valérie Oppelt (LREM).
Rien à redire l’organisation de ce débat : temps de parole minuté pour chacune des candidates, tirage au sort de l’ordre des interventions, assistance comptée, applaudissements polis, pas de réactions intempestives dans la (petite) salle des salons Mauduit. On était loin de l’ambiance en tribune à la Beaujoire et c’est peut-être le seul bémol de la soirée.
Car, finalement, tout le monde s’est accordé sur la création d’un musée du FCN, sur la réhabilitation (nécessaire !) du stade ou encore sur l’actionnariat populaire. Du coup, on peut regretter l’absence de tacles (même glissés…) qui aurait pu enflammer le public. L’arbitre Le Teuff n’a pas eu à sortir de carton.
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