Nantes aura bientôt ( ?) un nouveau CHU. C’est du moins ce qu’annonce le programme de Johanna Rolland pour ce second mandat municipal. Mais, en attendant, les travaux continuent sur le site du centre hospitalier appelé à disparaître. C’est ainsi qu’un nouveau “plateau d’imagerie” est en train de sortir de terre, le long de la ligne de tram.
Décidément, à Nantes, tout semble possible, y compris de construire, en 2020, un bâtiment appelé à être rasé dans quelques années. Le site de l’actuel centre hospitalier devrait en effet laisser place à un “parc nourricier”, demain ou… après-demain ! L’actuel CHU de Nantes va donc s’agrandir et se doter d’un “plateau d’imagerie” au top du top : on y pratiquera de l’imagerie moléculaire multimodale. Si cet outil semble indispensable pour appuyer le travail de l’équipe multidisciplinaire du Centre de recherche en cancérologie et immunologie, on reste perplexe devant la gestion des équipements et la politique d’investissement du CHU.
En janvier 2018, l’actuel CHU présentait déjà “un nouveau plateau technique opérationnel d’imagerie et d’endoscopie”. Très officiellement, il s’agissait “de fluidifier le parcours des patients et d’offrir une prise en charge innovante”. Il est vrai que ce plateau recevait 37 patients par jour en moyenne et que les conditions d’accueil étaient loin d’être satisfaisantes. D’où ce premier investissement d’un montant (modeste) de 3 millions d’euros. Il s’agissait, à moindres frais, d’augmenter l’attractivité du CHU et de favoriser la chirurgie ambulatoire. Ce que Ouest-France résumait d’une formule “plus d’imagerie pour moins de bistouris” (10 janvier 2018).
Johanna repasse le plateau !
Les travaux en cours, boulevard Jean Monnet, sont d’une toute autre nature. On construit en effet un nouveau “plateau d’imagerie”. Comme si l’actuel CHU était appelé à se développer sur le site actuel et non à déménager, sur l’île de Nantes, dans les 5/6 ans qui viennent si on en croit Johanna Rolland. Malgré les réticences de ses alliés verts et de l’opposition et les questions sur l’accès au nouveau site et son caractère inondable en cas de crues historiques. Passons sur la suppression, prévue, de 300 lits et les interrogations sur l’avenir de l’Institut de cancérologie de l’Ouest installé, lui, à l’Hôpital Laennec (Hôpital Nord). Un institut où travaillent près d’une centaine de médecins et qui a bénéficié d’investissements lourds comme cet Arronnax (accélérateur pour la recherche en radiochimie et en oncologie), une sorte de cyclotron qu’il est impossible de déménager. L’outil a coûté quelque 37 millions d’euros.
Depuis des mois, on nous redit que l’hôpital aurait besoin d’argent. Manifestement, celui de Nantes n’en manque pas. 3 millions d’euros en 2018 pour le “plateau technique opérationnel”. Combien en 2020 pour ce nouveau plateau d’imagerie actuellement en construction ? Il suffit de poser la question à Johanna Rolland. En tant que maire de Nantes, elle préside en effet le conseil d’administration du CHU. On peut donc penser que ce projet de construction a reçu son feu vert. Du coup, on peut s’interroger sur la stratégie de la municipalité quant à la gestion du dossier hospitalier. Si l’actuel CHU n’a plus aucun avenir, à très court terme, sur son site actuel, il n’y a aucune raison d’investir dans la construction de nouveaux bâtiments. À moins que, s’agissant d’argent public, la question ne se pose pas.
Comme d’autres, le sujet du transfert du CHU a été (habilement ?) escamoté lors de la campagne des municipales. Tout juste a-t-on noté le ralliement de Valérie Oppelt au projet de transfert, projet que son collègue, candidat de la République en marche à Saint-Herblain qualifiait d’absurde. Nul doute qu’on reparlera de ce dossier dans les mois et les années qui viennent. Et il n’est pas sûr que l’image de la maire de Nantes en sorte grandie… malgré ce nouveau plateau d’imagerie qu’elle devrait logiquement inaugurer en 2021.
J.C.
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