Plus d’interventions de Johanna Rolland sans référence au dialogue citoyen. Promis, juré, ce serait la base de sa gouvernance municipale. Nouvelles lignes de tramway ou aménagement de la place de la Petite Hollande ? Pas de décisions sans consultation de la population. Une procédure qui a au moins l’avantage de… “laisser du temps au temps”. En attendant, cause toujours…
En juin dernier, on allait voir ce qu’on allait voir : réélue quasi-triomphalement (avec un taux d’abstention de 70 % !), Johanna Rolland confirmait le lancement d’une série de “grands projets” sur lesquels les “Nantaises-z-et-les-Nantais” auraient leur mot à dire. Ce qui ne pouvait pas mieux tomber car ils avaient quelques idées sur ces questions.
Drôle de tram
“Le projet de tram pose encore bien des questions”, titrait ainsi Ouest-France, dans son édition du 18 janvier. Non contents d’être consulté, voilà que le peuple osait s’interroger sur la pertinence de ces nouvelles lignes. On relevait même une “pluie d’avis critiques”, très majoritaires parmi les 582 contributions individuelles déposées au 18 janvier alors que la consultation s’achève le 24. Difficile de ne pas remarquer que ces ‘nouvelles lignes” ne sont guère que quelques tronçons ajoutés au réseau existant et que, globalement, c’est l’hyper-centre de Nantes qui va bénéficier de ces nouveaux équipements.
Priorité des Verts quand ils étaient dans l’opposition, la ligne circulaire pour éviter de devoir passer par le centre et desservir les communes de la première couronne est remise… à plus tard. Par contre, déjà desservie par le tram-train, La Chapelle-sur-Erdre(dont le maire, Fabrice Roussel, est socialiste et vice-président de Nantes Métropole) aura bien son bout de ligne de tramway. Carquefou, Sainte-Luce, Thouaré attendront.
Même grogne dans le sud-Loire. Mais si le maire de Saint-Sébastien-sur-Loire, Laurent Turquois, peut avoir quelques idées, son étiquette de centre-droit ne plaide sans doute pas en sa faveur. Même si le Groupement d’analyses et d’études de Loire-Atlantique a lui aussi souligné que l’ensemble des nouveautés annoncées n’allait finalement concerner qu’une commune de plus.
Hollande le retour
Le réaménagement de la place de la Petite Hollande a fait, lui aussi, l’objet d’une consultation populaire. Malgré une vaste campagne de promotion des services communication de la Ville et de la Métropole, l’intérêt pour ce “grand projet” reste limité. Seule, la question de la suppression du parking “peu sympathique” (sic), selon les termes de Stéphanie Lambert (Ouest-France du 18 janvier) fait toujours débat. Peu sympathique, peut-être, mais sans doute utile si on en juge par sa fréquentation.
La consultation citoyenne a ses limites : certes Johanna Rolland avait promis un parking souterrain mais les Verts ont finalement obtenu gain de cause. Pas de parking. Pas de construction, non plus, sur le square Daviais. Dans le prolongement de l’îlot Kervégan, le projet initial prévoyait l’aménagement d’un belvédère susceptible d’offrir une perspective sur le fleuve, jusqu’à la butte Sainte-Anne. On se contentera de réaménager le square, en supprimant les arbres “trop hauts” (sic) et en en plantant d’autres “favorables à la biodiversité” ? Défense de rire.
On est également prié de garder son sérieux lorsqu’on évoque un “volume des espaces triplé”. Parle-t-on de la surface au sol ? D’une construction souterraine ? Ou aérienne ? Mystère. Quant à la surface qui devait initialement être aménagée en parcours sportif la voilà réduite à “une grande pelouse”, laquelle sera sans doute plus “sympathique” que le parking.
CHU ? Chu…t !
Et pour le projet du futur hôpital ? Là, curieusement, pas d’appel au dialogue citoyen. Le sujet est sans doute trop sérieux pour qu’on demande son avis aux habitants concernés. Pas question donc de remettre en question ce transfert. Comme si Johanna Rolland tenait absolument à inaugurer le premier hôpital en France construit sur pilotis (lire par ailleurs Un CHU sur pilotis : une première à Nantes).
Instructifs pourtant, les propos de l’architecte Michel Cantal-Dupart sur le sujet. Dès juin 2016, dans un courrier à Bernard Le Mével, il relevait les erreurs d’analyse qui avaient conduit au choix de l’Île de Nantes pour le futur CHU. Certes, Laurence Garnier, au nom de ce qu’il reste d’opposition, a bien tenté de rallumer la mèche mais la cause semble entendue : ce projet-là se fera “quoi qu’il en coûte”, comme on dit désormais. Pas question d’abandonner ce projet phare, Et il le faut sinon le bilan du second municipe, avec le report des autres grands chantiers, risquerait d’être bien maigre.
Mais le fameux dialogue citoyen a tout de même un avantage de poids : il permet aux élus de justifier à l’avance tout retard dans les travaux. C’est ainsi que ceux de la place de la Petite Hollande ne commenceront finalement (et si tout va bien) qu’en 2024. On annonce même la fin de l’ensemble du projet pour… 2028/2029. Autant dire que Johanna Rolland prépare déjà son programme pour un troisième mandat !
Partager la publication "Dialogue citoyen : la démocratie à la nantaise"