La Beaujoire : au stade de la colère

“Un stade volontairement sous-estimé…”, “La Beaujoire dans le jeu politique”… : malgré l’abandon du YelloPark, pas de semaine sans que la presse évoque un dossier (un de plus ?) qui pourrait bien animer la campagne municipale nantaise.

Dans une série d’articles, Médiacités Nantes avait pris de vitesse et débordé une communication municipale prompte à botter en touche. Au point qu’en février, Nantes Métropole finissait par dire “non” au projet de YelloPark présenté par Waldemar Kita. Faute d’avoir placé le FCN sur orbite européenne, comme il l’avait promis à son arrivée il y a 12 ans, l’homme se voyait bien en propriétaire heureux d’un stade que son club lui aurait payé. Mais une enquête pour fraude fiscale permettait opportunément à Johanna Rolland de sortir un carton rouge.

“Des négociations d’ici 2021” !

Si la décision était saluée, en coulisse, par des élus qui ne savaient plus comment défendre le projet YelloPark, les associations de supporters ne lâchaient pas l’affaire. Anticor 44 apportait de l’eau à leur moulin en révélant “la stupéfiante sous-estimation” de la valeur du stade de la Beaujoire dans le but de favoriser le projet Kita. L’asso À la nantaise, elle, allumait un autre feu en pointant le loyer “ridiculement faible” payé par Waldemar Kita pour la location du stade. De quoi mettre à mal la “totale transparence” sur ce dossier revendiquée par la présidente de Nantes Métropole.

180 000 euros par an ! Autant dire qu’à ce tarif, le stade de la Beaujoire est offert à Waldemar Kita. En 2014, la Chambre régionale des comptes avait souligné cette anomalie. Et la Ville s’était engagée à “entamer des négociations” pour revoir le montant du loyer. Un engagement resté lettre morte à ce jour. Ce que Nantes Métropole justifie en parlant de négociations gelées “en raison du projet de YelloPark”. Sauf qu’en 2014, comme en 2015 ou 2016, il n’était pas question de YelloPark. Et voilà qu’en 2019, après avoir beaucoup mouillé le maillot pour défendre  le projet de nouveau stade, Pascal Bolo annonce que les négociations auront bien lieu… “d’ici 2021”.  On se pince pour y croire.

La “générosité” de Nantes Métropole

Si on comprend bien, en 2014, la Ville s’engageait à revoir le loyer dans les meilleurs délais et on annonce en 2019 que ce sera fait “d‘ici 2021”.  Le moins qu’on puisse dire est que Waldemar Kita a affaire à un propriétaire compréhensif et généreux. D’ici là, il pourra donc continuer à utiliser le stade à moindre frais et tant pis pour les contribuables nantais. Au bout du compte en effet, ce sont bien les contribuables qui voient leur patrimoine bradé par la municipalité. Le discours officiel “pas d’argent public pour le foot business” n’aura trompé personne : depuis des années, le foot business bénéficie des largesses de Nantes Métropole.

Il y a quelques mois encore, Nantes Métropole justifiait le projet de nouveau stade par son incapacité à rénover l’actuel stade de la Beaujoire. On comprend, compte tenu du loyer versé par son locataire, que le propriétaire puisse trouver la nécessaire rénovation trop coûteuse. Mais ce dossier a-t-il vraiment été géré dans l’intérêt des contribuables ? Inauguré en 1984, le stade a fait l’objet de travaux  en 1998 pour l’accueil de la Coupe du Monde de football et depuis… plus rien ou presque ! Or ce stade, propriété de Nantes Métropole, a été payé par les contribuables. À ce titre, il fait partie du patrimoine collectif.

Une gestion erratique

Pour défendre ses arguments, Johanna Rolland et Pascal Bolo peuvent compter sur la bienveillance de certains journalistes. Dans son édition du 15 mai, Ouest-France publiait un long article sur “l’exploitation de la Beaujoire”. Article dans lequel les positions d’Anticor 44 et d’À la nantaise sont systématiquement remises en cause. Dans un format éprouvé – “vous vous posez  des questions, je vous donne les réponses” -, Stéphanie Lambert déroule un argumentaire que ne renierait pas le cabinet de Johanna Rolland. En gros, tout cela est exagéré. Ben voyons… Y a-t-il eu tentative de “brader ” le stade ? Réponse : mais non, pas du tout. Le loyer : un “cadeau de grande ampleur” ? Réponse : mais non, ce n’est pas si simple. Et on vous passe les arguments qui justifient la non-rénovation du stade par Nantes métropole. Tout cela pour conclure que ce dossier pourrait animer les débats pour les municipale. Tiens donc… en voilà une idée !

Une chose est sûre : un grand nombre de supporters ne croient pas davantage à la volonté de  transparence de Nantes Métropole sur ce dossier qu’aux ambitions sportives de Waldemar Kita. Si l’actuel patron du FCN fait parler de lui, au plan national, c’est davantage pour sa gestion erratique du club et la valse des entraîneurs qui va avec que pour les résultats de son équipe depuis 12 ans.

Victor Hublot

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