« Avec Fabrice Roussel, premier vice-président de Nantes Métropole, il nous apparaît aujourd’hui qu’un projet d’Arbre aux hérons à 80 millions d’euros, c’est trop » : par cette phrase reprise sur le site web de Nantes Métropole, Johanna Rolland a signé l’acte de décès de l’Arbre aux Hérons. Sa déclaration restera dans les annales de la langue de bois.
Certes, 80 millions d’euros, c’est beaucoup d’argent. Mais pourquoi est-ce « trop » ? La maire de Nantes en donne deux explications.
Voici la première : « Trop parce que ce montant ne permet à l’évidence pas de respecter le principe fondamental d’un financement en trois tiers que j’ai toujours fixé et ainsi de respecter la crédibilité de la parole publique. » Mais à 52,4 millions d’euros, et même à 35 millions comme annoncé par le conseil métropolitain du 17 février 2017, respecter ce « principe fondamental » était déjà mission impossible. C’était déjà inscrit « à l’évidence » dans les comptes du Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons au 31 décembre 2021. Et en réalité, ça l’était déjà dans ses comptes au 31 décembre 2019. Avoir attendu la mi-septembre 2022 a-t-il renforcé la « crédibilité de la parole publique » ?
La deuxième explication du « trop » est encore plus sibylline : « Un tel projet à 80 millions d’euros ne nous apparaît pas compatible avec ce qui doit être engagé, avec ce qui peut être compris ». En quoi un Arbre aux Hérons à 52,4 millions était-il plus « compatible » qu’un Arbre à 80 millions ? En quoi était-il plus compréhensible ? À 52,4 millions, c’était « un investissement tout à fait raisonnable », assurait Fabrice Roussel sur le site de Nantes Métropole. En octobre dernier, il avait justifié ce « raisonnable » en proposant à Ouest-France une référence parlante : « À titre de comparaison, la rénovation du musée d’arts de Nantes a coûté près de 90 millions d’euros ». Eh ! bien, quoi ? À 80,4 millions, on en est encore loin !
Mieux même, la différence entre les 52,4 millions d’euros prévus encore la semaine dernière et les 80,4 millions d’aujourd’hui est bien inférieure à la différence entre les 34,6 millions d’euros prévus pour le musée d’arts et les 88,5 millions qu’il a finalement coûtés ! Une dépense que Nantes Métropole n’a jamais qualifiée de « pas compatible avec ce qui doit être engagé »…
Décidément, la logique de « ce qui peut être compris » paraît tout à fait incompréhensible. Elle l’est pourtant bien davantage que les « raisons » qui portent le coût de l’Arbre de 52,4 millions à 80,4 millions d’euros. Sur lesquelles on reviendra bientôt.
Sven Jelure
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