Nantes, nouvelle Capitale French Tech. Voilà qui méritait bien l’un de ces communiqués ronflants dont Nantes Métropole s’est fait une spécialité. Plus la réalité est “gazeuse”, plus il convient de faire de la mousse. Car, comme bien souvent, au poids des mots répond le choc d’une réalité nettement moins glorieuse.
Premier “détail” minimisé par le service info métropolitain, Nantes n’est que l’une des 13 capitales french tech de l’hexagone. On y retrouve le Grand Paris, Aix-Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Lyon-Saint-Étienne et même… Brest. Voilà donc la crème de la french tech soutenue par le secrétariat d’État au numérique qui ne ménage pas ses efforts, via la mission french tech créée à cet effet, puisque sont aussi labellisés quelque 48 communautés french tech et 48 communautés french tech à l’international. Au total, ce sont donc 109 communautés qui ont été labellisés par la Mission french tech.
Relancer le « machin »
La french tech est devenue l’un de ces “machins” dont on raffole en France. À l’État, et donc aux contribuables, plutôt qu’aux entreprises et au secteur privé, de préparer et de financer des lendemains qui chantent. Pas si simple si l’on en croit La Tribune (du 3 avril dernier) qui souligne la nécessité de “relancer” la machine. Cette labellisation vise, nous dit-on, à “faire le ménage dans les initiatives locales… dont le fonctionnement est souvent rendu difficile par les luttes de pouvoir entre les différents acteurs”. Une analyse qui semble faire écho à la longue enquête que Médiacités Nantes a consacré à ce sujet.
Dans cette enquête, en trois volets et fort bien documentée, Médiacités Nantes a pu souligner les (très) faibles retombées économiques réelles de la “start-up nantaise”. Et mettre en lumière les relations entretenues par cette “bande de copains” startupers avec la municipalité. Un article de Presse-Océan, dès octobre 2017, parlait déjà de “gros sous et copinage”. Dès qu’on parle Nantes-tech, l’adjoint au numérique, Francky Trichet, est en première ligne. Avec en charge l’animation et le contrôle du mouvement. Le bouillonnement, c’est bien, mais inutile qu’il déborde le cadre que la ville lui a fixé.
Kat Borlongan, directrice de la Mission french tech, créée par Fleur Pellerin en 2013, a publiquement regretté que “certains boards de French Tech ont été menés par des gens qui n’étaient pas entrepreneurs et n’avaient que ça à faire”. Suivez son regard. D’où le souhait formulé de soutenir désormais “des projets concrets avec des résultats attendus”. Son souhait ? qu’au moins 75% des membres des “boards” de ces “capitales french tech” soient des entrepreneurs ou des dirigeants de startups. Ce qui, aujourd’hui, est loin d’être le cas.
Résultats décevants
Ce serait (presque) négligeable, si les résultats étaient au rendez-vous. Or, côté résultats, justement, l’enquête de Médiacités révèle, sans surprise, les maigres retombées enregistrées à ce jour en terme d’activité économique et d’emplois. Par ailleurs, la pérennité des entreprises est loin d’être assurée. Qu’importe cette réalité : Nantes Métropole “estime” que “5 700 emplois ont été créés”. On appréciera la prudence puisqu’on ne sait pas d’où vient cette “estimation”, ni de quand elle date.
Nantes Métropole qui ne manque pas de souligner son soutien à l’innovation a souhaité mettre en place “son” quartier de la création. La création labellisée, ce sera là et nulle part ailleurs ! Ce quartier aura son “bâtiment totem”, la halle 6 des anciens ateliers Alsthom. Une halle appelée à devenir “le centre névralgique pour l’animation et le rassemblement de la communauté”. Fermez le ban.
Appelée à promouvoir la “nouvelle capitale french tech”, la presse locale s’est sagement empressée de relativiser. C’est ainsi que Ouest-France, dans son numéro du 4 avril rappelle que “l’association reçoit des subventions qui servent à ouvrir des locaux où ces entrepreneurs organisent des pince-fesses…” Nantes reste une fête et c’est là l’essentiel. Le journal reconnaît épargner à ses lecteurs “le jargon mystérieux utilisé par la Métropole pour célébrer ce type d’événements”. Ce dont chacun lui est reconnaissant. Encore que, pour le plaisir, on peut jeter un œil sur le site (nantestech.com) pour en être convaincu : Nantes, c’est plus que jamais Nantesplus ! Le contribuable, lui, aimerait juste un peu “plus” de résultats concrets. À défaut, Francky Trichet et ses startupers pourraient sortir de l’entre-soi et offrir aux contribuables nantais une soirée… mousse. Soirée évidemment sponsorisée par le service com’ de Nantes Métropole, devenu maître en la matière.
Victor Hublot
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