Plus anxiogène tu meurs. L’an dernier, Nantes Métropole voulait se former à la communication de crise en cas d’inondation. Cette année, la Ville de Nantes se prépare à la communication de crise en cas de sécheresse. Et plus si affinités.
La Ville de Nantes affiche sa préoccupation : « Au sortir d’un été où les crises sécheresse et eau potable suivaient la crise sanitaire de longue durée, et en amont d’un hiver pendant lequel le niveau de consommation d’énergie sera observée [sic] de très près, la collectivité renforce ses stratégies de communication de crise. »
Fin 2021, Nantes Métropole recherchait une formation visant « notamment le risque d’inondation ». Mauvaise pioche « en amont » d’un gros déficit pluviométrique. Elle étendait néanmoins ses préoccupations à l’ensemble des risques naturels et technologiques : tempêtes, tremblements de terre, transport de matières dangereuses, accidents industriels, etc.
Ce n’était pas encore assez. La Ville élargit la cible que la Métropole n’a pas su couvrir : « Les sujets sont multiples : eau, déchets, énergie, qualité du service public dans une période de recrutement compliquée, sécurité, incidents de chantier, risques numériques, grèves dans les services publics, crise sanitaire et sociale, inondation, sécheresse, mais aussi fake news, etc. » La vie est pleine de périls, il est heureux que la Ville ait fini par s’en rendre compte sans attendre le quatrième millénaire.
Elle cherche donc un prestataire en « Conseil et accompagnement en communication de crise pour l’information et la relation au citoyen ». Il devra être capable au cas par cas d’analyser la situation, de préconiser des actions de communication, de dispenser des formations, etc. Une sorte de couteau suisse de la com’. Les honoraires pourraient atteindre 200 000 euros H.T. sur trois ans.
Niveau des eaux et niveau des hommes
Mais pourquoi est-ce la Ville qui se prépare à criser cette fois-ci, au lieu de la Métropole comme l’an dernier ? L’une des missions du prestataire, pourtant, est ainsi libellée : « benchmark et positionnement de Nantes par rapport à d’autres métropoles ». Et non par rapport à d’autres villes… En réalité, l’avis de marché est passé au nom de la Ville mais dans le cadre d’un groupement de commandes avec la métropole. Ce qui est étrange. La communication de la Ville et de la Métropole sont communes ; cet avis de marché dénote une inversion des rôles entre deux entités qui n’ont font qu’une en pratique.
Leur « Responsable du Service presse ‑ Conseillère stratégie presse – Cabinet de la Maire-Présidente » a officiellement trois missions : Relations presse de la Maire-Présidente, Communication de crise et Sécurité / tranquillité publique. Elle est doublée d’une responsable-adjointe dont la communication de crise est la première fonction. Une fois de plus, les services de Johanna Rolland avouent leurs lacunes en recherchant chez un prestataire extérieur des compétences censées être déjà présentes (et rémunérées) en interne.
Cette prise de conscience explique peut-être que soient rangés parmi les sujets de crise municipaux la « qualité du service public » et les « grèves dans les services publics ». Ce qui accroît l’étonnement : la Ville ne peut pas grand chose contre l’inondation et la sécheresse, mais ne ferait-elle pas mieux d’affronter la crise de « qualité du service public » en améliorant celle-ci ex ante plutôt qu’en communiquant ex post ?
Et ce n’est probablement pas le seul danger humain redouté par la Ville. La communication de crise doit « distinguer Nantes dans sa capacité d’innovation et de protection, de rebond et d’action face aux enjeux climatiques, aux enjeux de hausse de la démographie, tout en étant un territoire où l’on peut bien vivre, est un enjeu pour l’ensemble des acteurs nantais ». Classés au registre de la communication de crise, les « enjeux de hausse de la démographie » pourraient bien être une manière politiquement correcte de désigner un risque d’inondation migratoire, trop dilué dans le « etc. » pointé plus haut, juste après les « fake news ».
Avis de marché bâclé
Ce qui laisse soupçonner que, par « communication de crise », il faut entendre aussi un peu de communication politique, « au niveau macro et ciblé », comme dit la Ville. Ou peut-être au niveau métropolitain et communal ?
Il pourra être demandé au prestataire d’analyser la communication « actuelle ou précédemment menée ». Johanna Rolland craindrait-elle que certaines prises de position lui reviennent en boomerang ? On pense par exemple à l’Arbre aux Hérons. On dirait qu’il y avait urgence et que l’avis de marché a été rédigé dans la précipitation. Le « cahier des clauses techniques particulières » (CCTP) est livré sous forme d’un document PDF intitulé « LOT N°?? » ! Expédié en une page et deux lignes de texte, il paraît spécialement bâclé et guère conforme à l’article R2111-4 du code de la commande publique. Il ne manquerait plus que la communication de crise déclenche une crise de communication…
Quoi qu’il en soit, le prestataire ne restera sûrement pas les bras croisés. En trois ans, la Ville comme la Métropole ont peu de chances d’échapper tout à la fois aux inondations, aux canicules, aux grèves dans les services publics, aux « enjeux de hausse de la démographie » et aux fausses nouvelles. Le bon côté des choses, c’est qu’avec sa double casquette de maire et de présidente de la métropole, Johanna Rolland couvre un catalogue de calamités suffisant pour être sûre de ne pas se tromper : avec elle, on va tous mouriiiiiiir.
Sven Jelure
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…risque d’inondation migratoire »
Oulala, cher Sven, les bien-pensants vont vous tomber dessus, vous et votre métaphore pluviométrique.
Si vos propos s’inscrivent dans les crimes et délits inscrits au tableau du wokisme ambiant, vous pourriez tomber sous le coup de la loi. Êtes-vous prêt à poursuivre votre blog dans un open-space de 9 m2 en compagnie de 3 autres collègues ?