Les éditions successives d’Estuaire puis du Voyage à Nantes ont été émaillées de nombreux foirages. Le canard dégonflé de Florentijn Hofman, la maison de Jean-Luc Courcoult et le jardin de Fabrice Hyber, tous deux flottants/coulés ou la cabine/aquarium à fuite font encore rigoler dans les chaumières. Mais jamais la manifestation touristique nantaise n’avait montré autant de dispositions pour le délabrement que cette année.
La plupart des immeubles de la place Royale ont été détruits par les bombardements américains de septembre 1943 et reconstruits à l’identique. C’est ce qui a donné à Stéphane Vigny l’idée d’y amasser des copies de statues. Cette assertion du Voyage à Nantes est totalement fausse, on l’a dit, mais elle a pu donner des idées à certains immeubles. Jeudi après-midi, la rue de Strasbourg était fermée après l’effondrement d’un bon morceau de corniche, qui a blessé un touriste de passage, sur le parcours de la ligne verte, juste à l’angle de la rue de Verdun. Quelques jours plus tôt, c’était rue Bertrand-Geslin qu’un bout de balcon avait lâché.
Serait-ce une animation surprise concoctée par le syndicat d’initiative ? Car le Voyage à Nantes 2019 semble placé sous le signe de la déglingue. Étape obligée de la ligne verte, l’immeuble des Mutuelles Harmonie est entouré d’abris pour protéger les passants. Autre station traditionnelle, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage a été réparé cet hiver, mais il a fallu bricoler un peu : de petits bitonios régularisent l’écartement de ses lames de verre.
Entre les voiles de récupération de Claire Tabouret à la HAB Galerie, les scies mécaniques hurlantes de Human Clock place Graslin, l’« enchevêtrement chaotique » de poutres du belvédère de Kawamata et les nids pas moins enchevêtrés semés ici et là par le même, cette édition tourne le dos aux patines léchées de Philippe Ramette en 2018. Flora Moscovici a compris le concept. Elle a saupoudré de quelques touches de couleur les ruines de cheminées de la rue des Échevins ; là, au moins, c’est déjà cassé.
Stéphane Vigny, encore lui, a voulu prendre de la hauteur sur la façade de Falbalas, à l’angle de la rue de la Paix, avec une œuvre qui, écrit le VAN « apparaît de manière surréaliste sur la devanture ». Sitôt apparue, sitôt disparue : « des difficultés techniques ne nous permettent pas de présenter [son] œuvre », annonce un panneau sur place. De Vigny toujours, au Katorza, un personnage « imperturbable, alors qu’une partie de l’enseigne du cinéma s’effondre sur lui ». Et même au ras du sol, ses copies de la place Royale s’adaptent à l’esprit général de déglingue : il y a de la casse. Les christs, notamment, ont perdu tantôt la main droite, tantôt la main gauche*. « Comment on fait pour le clouer sur la croix, alors ? », demande un petit garçon. Impitoyable logique enfantine.
Sven Jelure
* « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite » ‑ Matthieu 6:3
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Et en ce qui concerne le voyage amiante Tour Bretagne ?
Où peut on se procurer des masques de protection ?
Peut être que cela n’est pas nécessaire ?
Tenez nous informé.
Merci.
Bonjour , je n’ai pas encore réussi à voir le O de katorza « s’effondrer » sur Buster Keaton. Est ce que quelqu’un peut me dire si cette enseigne fonctionne , ou pas??
Trois choses sont sûres :
— Nous n’avons pas vu non plus le dispositif de Monsieur Vigny fonctionner ;
— Cela fait référence au film Steamboat Bill Junior ;
— Buster Keaton est mort en 1966.
Peut-être pourriez-vous passer à Nantes tourisme ?
C’est au 9, rue des États. Près du château. Tenez-nous au courant !
Youpi!
J’ai enfin vu l’enseigne fonctionner , ce 5 septembre.
Bien que mort en 1966 ( merci pour l’info , à replacer au cours d’un dîner ou autour du barbecue..) , Buster Keaton joue les prolongations.
Ben dis donc Sven t’es bien aigri… Souris, profite, c’est l’été !