Tiens donc, pourquoi 189 propositions ? Manque de souffle ? Manque d’inspiration ? Ayrault, lui, avait atteint les 200 pour sa campagne de 2008. N’empêche, pour briguer un second mandat, #JR2020 n’a pas ménagé sa peine. Au risque de proposer des mesures qui ne dépendent pas de la Ville ou de donner, à nouveau, le sentiment de préparer quelques places au chaud pour les “fidèles” militants d’un système mise en place depuis une trentaine d’années !
Demain, à lire le programme de la candidate-à-sa-succession, “Nantes doit respirer la santé”, “Nantes doit lutter contre le réchauffement climatique”, à Nantes, “la sécurité doit être un droit pour tous”, Nantes doit mettre en place “de nouveaux services publics dans les quartiers”, “Nantes doit être une ville protectrice et émancipatrice”… Et on vous en passe. On jurerait le programme d’une opposante à la gestion actuelle ! Si on vous (re)dit “ça ira mieux demain”, c’est que la réalité est loin d’être aussi brillante qu’on l’espérait. Celles et ceux qui pensent que tout va bien à Nantes ne peuvent qu’être déçus par le programme de Johanna Rolland.
Planter 11 arbres par jour
Difficile de faire le tri dans l’avalanche de promesses de la candidate-à-sa-succession. La 13e proposition prévoit, par exemple, de planter “25 000 arbres et arbustes”. Soit 11 par jour, samedis et dimanches compris. Les services des espaces verts vont devoir embaucher ! D’autant que le vert étant à la mode, il faut aussi “créer 150 îlots de fraicheur” et “végétaliser la ville en supprimant tous les m2 de bitume inutile”. Pas question quand même de raser Uniqlo pour reconstituer le square Fleuriot de Langle deux ans après sa destruction.
Autre proposition de Johanna Rolland, “créer un parc nourricier, naturel et cultivé” sur les hectares dégagés par le transfert du CHU. Poireaux, carottes, radis, courges et laitues sur des hectares en plein centre-ville ! Reconstituer en somme un peu des tenues maraîchères urbanisées ces dernières décennies dans toute l’agglomération (et vlan ! pour Jean-Marc !). Ces terrains ayant été estimés par les Domaines à 40 millions d’euros (chiffre confirmé par Alain Robert), on n’ose pas imaginer le prix de revient d’un kilo de carottes ou de pommes de terre. Sans parler de la gestion, au quotidien, d’un tel “parc nourricier”.
En Vert et contre tout
L’objectif est moins de prendre des engagements crédibles que de donner des gages aux (futurs ?) alliés écolos. Ainsi est-il prévu de “passer de 250 à 500 km de rues en zone piétonne”. Il y aurait donc, dans la ville de Nantes, 250 km de zone piétonne (page 9 du programme), soit 9 % des voiries de l’aire métropolitaine tout entière (https://www.nantesmetropole.fr/deliberations/co_20160226/08_20160226_CM_DELA_SDA_2016_annexe.pdf ) ! 250 km, c’est près de 6 fois la longueur du périphérique ! Johanna Rolland ne dit rien de celui ou celle qui a fait ce (savant ?) calcul mais elle promet de passer à 500 km, soit la distance de Nantes à Bayonne ! Peut-être le souhait inavoué de mettre Nantes en marche… ou à pied, si vous préférez.
Faut-il parler des promesses qui ne coûtent rien… sinon aux contribuables . Comme la “gratuité des transports en commun le week-end” et “la baisse de 20% de tous les abonnements”. À se demander pourquoi ces abonnements ont augmenté depuis six ans. Autre engagement : “créer 7 000 places de stationnement vélo”. Bonne idée en effet, qui aurait été encore meilleure si on l’avait eue avant d’aménager la nouvelle gare ou de refaire les abords de grandes équipements actuels comme le CHU, le théâtre Graslin ou le Hangar à bananes.
Rien n’échappe au projet de créer “une ville nature”. Il est également prévu d’aménager “30 hectares de toits et murs végétalisés”. Où ? Comment ? Pourquoi pas 50 hectares ? Ou 130 ? Qu’importe. Il s’agit de “favoriser l’écologie urbaine”.
Johanna, petit bras ?
“Nantes en confiance, c’est le contrat que je vous propose… un nouveau contrat écologique et social”. On y trouve tout ou presque. Pas question, bien sûr, d’oublier les quartiers. Quitte à enfoncer les portes ouvertes. Comme cette décision de “transformer les mairies annexes en maries de quartiers (proposition 99) ou “développer des lieux d’activité économique et commerciale dans les quartiers”. Ou encore annoncer l’ouverture de maisons de santé à Nantes Nord et à Bellevue, sans doute pour compenser la fermeture de celle de Malakoff il y a quelques mois, pour des raisons de sécurité : les personnels ne pouvaient plus y travailler. Mais qu’importe.
On y trouve aussi des “mesures” qui ne dépendent pas vraiment de la Ville et dont on voit mal la mise en œuvre pratique. #JR2020 promet, pêle-mêle, de “lutter contre les perturbateurs endocriniens”, de “renforcer la lutte contre la précarité étudiante”, d’“ouvrir un guichet SOS stages pour tous”. Ou encore d’offrir “une solution de réhabilitation énergétique à coût zéro pour les ménages les plus modestes”, mesure pratiquement mise en place au plan national. Même Alexis Corbière a pu en bénéficier !
À lire le détail de ce programme, on se dit que la bureaucratie à encore de beaux jours devant elle. On y trouve tout (ou presque) et n’importe quoi. Y compris, par exemple, de “renforcer le pôle métropolitain Loire-Bretagne” entre Angers, Brest, Rennes, Saint-Nazaire et Nantes. C’était déjà l’un des objectifs de Jean-Marc Ayrault… il y a une trentaine d’années. Depuis, rien n’a vraiment changé. On peut donc remettre le sujet sur la table.
189 promesses pour #JR2020. Son prédécesseur en avait affiché 200 ! Alors, petit bras, Johanna ? Qu’importe, à vrai dire, dans un cas comme dans l’autre, l’essentiel est d’en afficher un maximum. “Plus il y en a, moins les gens s’en souviennent…”, note un observateur de la vie politique locale. La promesse 126 ne manquera pas de retenir l’attention des électrices. Il s’agit d’installer “des distributeurs gratuits de protections périodiques”. Rien, me direz-vous, pour les fuites urinaires ? De quoi susciter une crise de… confiance.