Toujours plus de personnages sur le mur de Royal de Luxe

Un nouvel édifice en tôle devant le restaurant universitaire Ricordeau : non, ce n’est ni une installation du Voyage à Nantes, ni une extension du bidonville naissant du square Jean-Baptiste Daviais. Nantes Métropole consacre 70.000 euros à la réfection du mur de Royal de Luxe.

Ce mur en ruine n’a que sept ans, mais c’est un pan d’histoire internationale. En 2010, le Mexique fêtait le bicentenaire du début de sa guerre d’indépendance. Parmi les manifestations organisées à l’attention du bon peuple figurait El Xolo, un spectacle de rue confié à Royal de Luxe. Prévu pour Mexico, il avait finalement eu lieu à Guadalajara en novembre, en présence de Jean-Marc Ayrault. Dans la foulée de ces réjouissances, Nicolas Sarkozy avait décidé de faire de 2011 « L’Année du Mexique en France ». Plus de 350 événements avaient été programmés. Dont, à Nantes, une représentation à domicile d’El Xolo

Un mur pour lequel Ayrault a renié Florence Cassez
Catastrophe ! le 10 février 2011, la justice mexicaine confirmait la condamnation de Florence Cassez, ressortissante française accusée d’enlèvement et de participation à un groupe armé. Nicolas Sarkozy, qui avait mouillé la chemise pour faire sortir la belle de prison, révisait la vocation de 2011 : l’année serait désormais consacrée à Florence Cassez et non plus au Mexique. Des centaines de manifestations étaient annulées ou amputées : un énorme gaspillage de bonnes volontés et d’argent public*.

Le tout dans un contexte d’unanimité nationale digne d’une coupe du monde de football. Martine Martine Aubry, première secrétaire du P.S., demandait aux maires socialistes de soutenir Florence Cassez en renonçant à toute manifestation labellisée « 2011, année du Mexique ». La ligne de Jean-Marc Ayrault était toute tracée puisqu’il avait lui-même publié sur son blog, le 25 novembre 2010, un billet énergique intitulé « Soutien à Florence Cassez ». Allait-il retenir Jean-Luc Courcoult par les bretelles et annuler l’hommage nantais au Mexique ? Non : le 27 mai 2011, il avait bien lancé le spectacle nantais, et tant pis pour Florence Cassez.

Royal de Luxe montrait encore quelque imagination à l’époque. À ses géants habituels, recostumés en paysans mexicains, il avait adjoint un grand chien noir sorti d’un bloc de glace et un mur tombé du ciel. Un mur mexicain, bien entendu, décoré d’une fresque à la manière du peintre Diego Rivera. Elle représenterait, avait-on annoncé, deux cents personnages de l’histoire de Nantes. Hélas, lors de son dévoilement, on n’en comptait qu’une cinquantaine, environnés de silhouettes anonymes.

Un décor fait de bric et de broc
Puisqu’il s’agissait d’un décor conçu pour un spectacle mexicain, on y trouvait quelques personnages ad hoc, à commencer par Diego Rivera lui-même mais aussi sa propre épouse, Frida Kahlo et le brigand-révolutionnaire Zapata. Côté nantais, Jean-Luc Courcoult et le décorateur du mur, David Bartex, avaient puisé dans les petits personnages anecdotiques du 20e siècle auxquels le journaliste Stéphane Pajot avait consacré deux ou trois livres : le brocanteur La Bouillotte, les demoiselles Amadou, l’acrobate Willy Wolf qui s’était tué en plongeant du pont transbordeur, etc.

Ils avaient aussi portraituré quelques personnalités contemporaines comme Alain Chenard et Georges Courtois, auteur d’une prise d’otages au palais de justice en 1985. Ainsi que divers monuments, techniques et circonstances : le château des ducs de Bretagne, la grue jaune, les grèves des ACB, la Mi-carême, la couture des boîtes de sardines, etc.

Installé place de la Bourse, au bas de la rue Jean-Jacques, le mur était un décor éphémère destiné à durer le temps du spectacle de Royal de Luxe. Il avait plu : on avait décidé de le pérenniser. Mais l’architecte des bâtiments de France avait refusé qu’il reste planté en plein Nantes du 18e s. On l’avait donc déménagé au début de la chaussée de la Madeleine, où il se trouve toujours.

Si l’on veut pérenniser le mur, autant le remplir correctement
Le temps a fait son œuvre : d’abord destiné à durer trois jours, le mur n’a pas résisté aux intempéries. Rénové une première fois, il est vite redevenu une ruine malpropre, où curieusement certains personnages résistaient mieux que d’autres aux outrages du temps – en particulier la duchesse Anne. Il est si dégradé qu’il n’est pas question d’une rénovation : il s’agit de le refaire entièrement. D’où le budget prévu, qui représente 833,33 euros HT pour chacun des 84 personnages et objets figurés.

Mais à quoi pérenniser un décor temporaire dont presque tout le monde a oublié l’origine ? Si l’on refait le mur pour de bon, autant en profiter pour représenter vraiment les personnages de l’histoire nantaise. Car si les marginaux y abondent, il en manque beaucoup de plus significatifs.

  • Le mur représente des écrivains comme André Breton et Elisa Mercoeur. Pourquoi pas Émile Boissier, René-Guy Cadou, Michel Chaillou, Youen Drezen, Marc Elder, Paul Guimard, Morvan Lebesque, Jean Merrien, Jehan Meschinot, Thomas Narcejac, Benjamin Peret, Michel Ragon, Hugues Rebell, Jean Sarment ?
  • Le mur représente des peintres comme Edmond Bertreux et Jules Grandjouan. Pourquoi pas George Barbier, Étienne Bouchaud, Alexis de Broca, Camille Bryen, Paul Chabas, René-Yves Creston, Jules-Élie Delaunay, Émile Dezaunay, James Guitet, Jean-Émile Laboureur, Maxime Maufra, Edgard Maxence, Robert Micheau-Vernez, Michel Noury, Charles Perron, Ferdinand du Puigaudeau, Pierre Roy, James Tissot, Auguste Toulmouche ?
  • Le mur représente des sculpteurs comme… comme… Tiens, pas de sculpteurs à Nantes ? Pourquoi pas Georges Bareau, Jean Debay, Daniel Ducommun du Locle, Jean Fréour, Guillaume Grootaers, Charles-Auguste Lebourg, Jean Mazuet, Amédée Ménard, Jules Paressant, Jorj Robin, Rafig Tullou ?
  • Le mur représente des musiciens comme Paul Ladmirault et le père Zim-Zim, mendiant joueur de vielle. Pourquoi pas François Benoist, Louis Bourgault-Ducoudray, Elmer Food Beat, Gaston Serpette, Alan Simon, Tri Yann an Naoned, Louis Vuillemin ?
  • Le mur représente des hommes de religion comme saint Gohard et un ecclésiastique anonyme qui donne l’extrême-onction à Gilles de Rais. Pourquoi pas saint Donatien et saint Rogatien, saint Félix, saint Martin, Geoffroi Pantin, Louis Juchault de Lamoricière ?
  • Le mur représente des condamnés comme Gilles de Rais et Guy Môquet. Et pourquoi pas Charrette, Chalais, Landais, Pontcallec, Montlouis, Talhouët, du Couëdic, Paul Birien, Joseph Blot, Frédéric Creusé, Michel Dabat, Alexandre Fourny, Léon Jost, Yves Bodiguel, le préfet Bonnefoy ?

Veut-on encore d’autres personnages marquants ? Voici en vrac Sophie Trébuchet, les frères Cacault, Jean-Baptiste Ceineray, René-Théophile Laënnec, Guillaume Laënnec, Mériadec Laënnec, Eugène Cornet, Émile Decré, Louis et Pauline Lefèvre-Utile, Louis Babin-Chevaye, Marc Caro, Tirant Le Blanc, Jean-François de Nantes…

C’est trop ? Mais non : chacun d’eux peut remplacer l’une des quelques 150 silhouettes sans identité figurées sur le mur. De qui Johanna Rolland voudrait-elle priver les Nantais ?

Quant à Pascal Bolo, il semblerait qu’on ait renoncé à le représenter pour éviter les confusions avec El Xolo, le chien noir mexicain chargé d’accompagner les morts dans l’au-delà.

https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/royal-de-luxe-lhistoire-del-xolo-racontee-par-jean-luc-courcoult-191536

* Il aurait suffi d’attendre un peu : Florence Cassez a finalement été libérée début 2013. Tout ça pour ça…

Sven Jelure

Un peu plus de formation, svp

88,3 % de réussite ! Le bac 2018 a connu un taux de réussite exceptionnel. Reste que, selon les lycées et académies, on relève des disparités significatives. C’est ainsi qu’au palmarès national des “bons” lycées (établi par L’étudiant pour l’année 2017), il faut plonger dans le classement pour trouver le premier lycée nantais.

Pour ce qui est des résultats au bac, L’externat des enfants nantais fait moins bien que les lycées Saint-Joseph de Châteaubriant, Charles Peguy de Gorges ou Saint-Joseph de Machecoul. L’honneur de Nantes Métropole est toutefois sauvé par La Joliverie (Saint-Sébastien-sur-Loire) et le Lycée du Cens (La Chapelle-sur-Erdre).

La performance “moyenne” des lycées nantais se traduit par des résultats, eux aussi, “moyens” au Concours général 2018. La 271e édition n’a vu que trois élèves nantais (sur près de 18 000 candidats) tirer leur épingle du jeu. Bravo donc à Sylvain Bodet (du lycée Nelson Mandela) pour son second prix en éducation musicale, à François Carre (de Livet) et à William Gelly (des Savarières de Saint-Sébastien-sur-Loire) qui vient compléter le podium.

À la lecture de ces résultats, comment ne pas souhaiter, pour Nantes, de meilleurs résultats dans les années qui viennent. La formation n’est pas seulement un atout pour l’avenir. Elle tient aussi, pour les familles, une place importante dans l’attractivité d’une ville.

 

Toujours plus de dysfonctionnements au palais de justice

Un palais de justice n’a pas que des amis. Celui de Nantes a subi diverses agressions depuis son inauguration en 2000. Le remplacement de six baies vitrées brisées à coups de masse a coûté 100 000 euros en 2012. Pour le protéger, on a fini par installer au printemps 2016 une longue grille dépliante qui barre son parvis d’un bout à l’autre.

Le palais de justice est affligé depuis sa construction de malfaçons diverses. Seraient-elles contagieuses ? Toujours est-il que l’un des pans de la nouvelle grille est tombé en panne voici quelques mois, au bout de deux ans de service. Puis deux. Puis trois. Vers la fin juin, ils étaient quatre.

Aujourd’hui sept, sept pans de la grille ne ferment plus. Pour protéger l’accès du fragile palais de justice, les ouvertures béantes sont barrées par du ruban de marquage zébré blanc et rouge tel qu’on en met autour des chantiers. Pour l’instant, ce dispositif de basse technologie semble fonctionner. 

Sven Jelure

Le musée d’arts de Nantes entre Charlot et Ratatouille

collection du musée d'arts de Nantes

Le musée d’arts de Nantes, peut-être las des artistes confidentiels, prépare pour la fin 2019 une exposition intitulée « Charlie Chaplin et les avant-gardes ». Cette fois, il est à peu près sûr de faire du chiffre en mêlant extraits de films, peinture, photographie, etc.

Pour cette exposition, il cherche à recruter une assistante. Mais au lieu d’une offre d’emploi pour un CDD classique, la direction de la culture de Nantes Métropole a préféré publier un avis de marché portant sur une « Mission d’assistance au commissaire de l’exposition internationale ». Ce qui, après tout, va de pair avec le mélange des genres revendiqué par l’exposition elle-même.

Mélange qui ne se bornera probablement pas à la juxtaposition d’œuvres de différentes natures. La déclaration d’intention du musée peut susciter quelques alarmes :

« De la découverte de Charlot par Léger en 1916, au numéro spécial Disque vert de 1924 consacré à Chaplin, en passant par l’invention du concept de 7e art par Canudo en 1919, qui identifie immédiatement Chaplin comme le premier artiste du médium, l’intérêt des avant-gardes pour ce nouveau moyen d’expression et particulièrement pour Chaplin permet de souligner de nombreuses porosités. »

Cette phrase de soixante mots compose à elle seule un étrange gloubi-boulga. En 1916, Charlot était un personnage déjà très connu dans le monde entier. Il n’avait pas besoin d’être « découvert » par qui que ce soit. 1916 est seulement la date à laquelle Fernand Léger aurait vu pour la première fois un film de Charlot au cinéma ; elle est peut-être importante pour Léger, pas pour Chaplin.

Pourquoi, alors, fixer 1916 comme point de départ de la période couverte par l’exposition ? Pourrait-on dire que le passage de Fernand Léger dans une salle obscure a été le premier signe d’intérêt d’une avant-garde franco-française pour Charlot ? Même pas : Léger avait notoirement été entraîné au cinéma par Guillaume Apollinaire. Ce dernier serait-il moins avant-gardiste ?

Quant à l’expression « 7e art », elle date peut-être de 1919, mais le concept était antérieur : Ricciotto Canudo avait publié en 1911 La Naissance d’un sixième art – Essai sur le cinématographe. Le chantre de « l’impérialisme artistique français » n’était évidemment pas le premier à considérer le cinéma comme un art, et le droit anglo-saxon s’était déjà soucié de protéger les œuvres cinématographiques au titre du droit d’auteur. Et en 1919, bien entendu, considérer Charlie Chaplin comme le « premier artiste du médium » aurait été d’une grande naïveté. C’est d’ailleurs l’année où l’intéressé a cofondé la société United Artists (Les Artistes associés en VF), dont le nom pluriel n’avait pas été choisi par hasard.

Et comme décidément la direction de la culture semble s’acharner à avoir tout faux, le numéro spécial du Disque vert en 1924 n’était pas « consacré à Chaplin » mais à… Charlot.

Toujours plus à côté de la plaque.

https://marchespublics.nantesmetropole.fr/index.php?page=entreprise.EntrepriseDemandeTelechargementDce&refConsultation=15030&orgAcronyme=t5y

Sven Jelure

FCN : Cardoso, l’entraîneur plus…

Miguel Cardoso est donc le nouvel entraineur du FCN. Il remplace Claudio Ranieri dont l’arrivée, il y a un an, était saluée par la presse comme “un choix décisif” pour l’avenir du club. Petite revue de presse : “L’homme force le respect” et, avec lui, “le FCN revit” et “change de dimension”. N’en jetez plus. Un an plus tard, Claudio Ranieri quitte le club par la petite porte et les Jaune et Vert, à défaut de disputer une Coupe d’Europe, parviennent à devancer… Guingamp au classement.

Juin 2018, la presse est appelée à saluer l’arrivée d’un nouvel homme providentiel, Miguel Cardoso. Sans plus attendre, elle ne manque pas de lui tresser des lauriers. On le compare au grand José Mourinho (rien que ça), on parle de “sa philosophie de jeu” (mais oui), on salue sa réputation de “formateur aguerri”. Et on en passe. Seul, un fâcheux parle à mots couverts d’un “bras de fer” (déjà !) avec la direction du club à propos du recrutement. Il va bien falloir en effet quelques renforts après une fin de saison 2017/2018 qui a vu plusieurs éléments de poids quitter le navire dont le capitaine Léo Dubois. Et il se dit que Diego Carlos, la jeune star brésilienne, pourrait bientôt l’imiter.

L’an dernier, un journaliste avait commenté l’arrivée de Ranieri avec une certaine lucidité : “Cela ne suffit pas à envisager le FCN autrement qu’un faire-valoir de notre championnat”. Les faits lui ont donné raison. Autant dire que l’entraîneur – Ranieri hier ou Cardoso demain – n’est peut-être pas le problème du FCN dont le patron, Waldemar Kita, entend toujours faire la pluie et le beau temps. Force est de constater que, depuis son arrivée au club (11 ans déjà !), on aimerait juste une éclaircie. Mais rassurez-vous, il l’a promis en avril dernier “cette équipe va grandir”. Certains n’attendent que ça.

Un peu plus de transparence

Le Voyage à Nantes au secours du Carré Feydeau ? L’édition 2018 y installe en effet une… installation ! De quoi redonner un peu de vie à un espace quasiment à l’abandon. Personne n’y annonce plus l’arrivée de nouveaux commerces. Alors, on occupe l’espace comme on peut.

Il est vrai que, depuis 2013, Nantes ne sait plus quoi faire de ce fameux Carré Feydeau. La communication municipale, à l’époque, y annonçait pourtant un “nouveau poumon commercial”. Alors que les critiques se faisaient entendre sur la beauté architecturale de la chose, il a bientôt fallu se rendre à l’évidence : les “grandes enseignes” annoncées ne viendraient pas.

Il a fallu attendre septembre 2017 pour entendre Madame le maire déclarer : Le Carré Feydeau est une erreur… Quatre ans de réflexion pour un constat qu’avaient déjà fait nombre de Nantais.

Ça ne pouvait pas marcher à cause de la hauteur des loyers commerciaux… disait, à cette même époque, Madame le Maire.

Trop chers, les loyers ? Manifestement pas pour le Voyage à Nantes qui s’y installe cet été. Au-delà de l’intérêt artistique de l’installation en place, l’initiative soulève quelles quelques questions. Le propriétaire a-t-il offert cet espace au Voyage à Nantes ? A-t-il aussi payé la préparation de ce local ? Ou la facture sera-t-elle refilée (discrètement ?) aux contribuables nantais ? Alors que le Voyage à Nantes a connu, l’an dernier, quelques difficultés financières, un peu plus de transparence ne nuirait pas. Dans le cadre, bien entendu, d’une “nouvelle gouvernance” revendiquée.

Nantes est comblée par ses édiles !

Il est vrai que depuis les années trente, il y avait un peu de relâchement. Adolphe Moitié et Léopold Cassegrain n’avait pas vraiment eu de successeur à leur mesure. Il aura fallu attendre l’arrivée de Johanna Rolland pour enfin renouer avec cette spécialité nantaise : le comblement !

Combler la fontaine du square Fleuriot.

Un grand projet à la mesure des ambitions de notre Métropole hyper-tout (connectée, verte, cyclable, cultivée, etc.). Peut-être même que ce lieu Uniq[lo] sera intégré à une programmation culturelle prochaine ? Avouez que ce serait grave-décalé ! Mais revenons à notre ex-square. Je suis à 100 % d’accord avec vous tous, jusqu’à reprendre aussi ces éléments de langage finement ciselés par de brillants spin doctors : Nantes se réinvente aussi grâce à ces vrais projets urbains éco-responsables. Moins de magnolia en ville c’est aussi moins de rotations de camions pour transporter les feuilles tombées sur l’espace public, c’est plus de confort pour les occupants des hôtels du quartier qui pourront ouvrir les fenêtres de leurs chambres sans être gênés par ce bruit d’eau, et du même coup ne pas utiliser de climatisation.
Mais surtout, c’est l’ouverture d’une petite boutique à l’éthique écologique connue dans le monde entier. On ne se rend jamais assez compte des efforts permanents que vous faites tous pour que Nantes se réinvente en capitale verte. Plus eut été trop.

Victor Hublot

Nantes, toujours plus de mobilisation

Fin du suspens concernant les 15 lieux à “réinventer” : les résultats de la “votation populaire” sont tombés. La première surprise est le (très) faible taux de participation. Malgré un rappel quotidien sur les réseaux sociaux, les Nantais.e.s (comme il convient désormais de l’écrire) ne se sont pas bousculé.e.s pour donner leur avis.

Il faut dire que, lorsque le résultat ne semblait pas déjà acquis avant même le vote (un seul projet porté par une asso créée pour la circonstance), certaines propositions semblaient, pour le moins, farfelues. Qu’importe, il y a eu, par exemple, 1092 voix pour le projet retenu concernant la Galerie Dulcie. Un peu plus de 1000 voix pour une ville qui compte 310 000 habitants.

Ces résultats ont suffi toutefois pour que Madame le maire salue la forte mobilisation citoyenne et l’implication des habitants dans le devenir de leur ville. À lire la presse, une chose est sûre, l’opération de communication a parfaitement fonctionné puisque personne n’a eu le mauvais goût de relever que cette “mobilisation citoyenne” était tout simplement très… moyenne.

L’idée de faire appel aux habitants pour tenter de leur faire prendre en charge l’entretien et la gestion d’espaces dont on ne savait pas trop que faire était plutôt bonne. On pourrait même envisager d’aller plus loin dans cette démarche. Pourquoi pas, par exemple, une votation citoyenne pour l’aménagement d’un vaste “cani-site” place du Bouffay ? Compte tenu de la population canine autour du Carré Feydeau, n’est-il pas urgent d’aménager des lieux d’aisance pour nos amis à quatre pattes ? Le projet pourrait être “porté” par une asso qu’il devient urgent de créer…

Nantes toujours plus propre

Johanna nue

L’info serait (presque) passée inaperçue : Nantes disposera bientôt d’une “galerie zéro déchet” en centre-ville. L’initiative, portée par les Amis de la galerie, est l’une des 41 propositions retenues dans le cadre de la « votation populaire » concernant les 15 lieux à réinventer.

Comment tout d’abord ne pas se réjouir de voir (enfin ?) une galerie proposant régulièrement des expositions d’art remplacée par une déchetterie qui manquait dans le centre-ville. Ce lieu alternatif (sic) s’organisera autour d’espaces d’inspiration (re-sic). On y trouvera un salon, une cuisine… où chacun pourra venir vivre cette expérience (re-re-sic) de sensibilisation sur les questions environnementales (re-re-re…). Vivre donc ce « mode de vie zéro déchet » !

Si le projet, présenté comme tel, reste encore un peu flou, on peut d’ores et déjà faire preuve d’imagination et proposer aux promoteurs de ce projet d’aller plus loin. Pourquoi ne pas organiser, dans cette galerie Dulcie, un musée du Voyage à Nantes ? Que deviennent en effet, les œuvres d’art installées en ville durant l’été ? Sont-elles condamnées à disparaître ? N’auraient-elles pas leur place dans cette déchetterie nouvelle génération ? On attend des Amis de la galerie qu’ils prennent une initiative pour que les générations de demain ne manquent rien de ce qu’était la vie artistique à Nantes au début du XXIe siècle.

JC

Hennebique : laisse béton

Voyage à Nantes

En tirant un peu sur la corde, l’immeuble CAP 44 construit en 1895, a pu voir entrer dans le port de Nantes les derniers navires négriers, tant les commerçants nantais sont restés longtemps sourds aux lois sur l’abolition de l’esclavage.

 CAP 44 est cet immeuble, bardé de bleu, situé le long de la Loire, au bas de la butte Sainte-Anne, en face de la carrière Miséry, lieu d’accueil du futur « arbre aux hérons », le nouveau Parc d’attractions des créateurs de l’éléphant. 

Qualifié de verrue dans la presse et sur les réseaux sociaux, CAP 44 fait aujourd’hui l’objet d’une campagne de dénigrement incroyablement subjective. L’immeuble n’est pas beau, lit on un peu partout. Il est vrai que sa rénovation dans les années 70 n’a pas été très heureuse, masquant l’élégance de sa conception.

Mais est-ce là le vrai problème ? La cité radieuse de Le Corbusier, est-elle si harmonieuse que cela, dans ses proportions, dans la couleur de sa façade, par sa massivité ? 

Non, le handicap de CAP 44 est ailleurs: son maintien ne permettrait pas de profiter d’une vue imprenable sur la Loire depuis la carrière Misery Pire encore: la transformation de son dernier étage en belvédère pourrait contrarier l’exploitation de « l’arbre aux hérons »

Alors maintien ou démolition ? Le sort de CAP 44 a fait l’objet d’une consultation démocratique sur Internet (!), consultation dont le résultat devrait être connu sous peu.

Nantes plus (+) s’émeut de la désaffection entourant cet élément du patrimoine mondial et se demande si les nantaises et les nantais n’auraient pas besoin d’un peu plus (+) d’informations.

Ancien moulin industriel, édifié donc en 1895, CAP 44 est le premier bâtiment industriel au monde, construit en béton armé, selon le procédé « révolutionnaire » de François Hennebique, L’immeuble a été bâti non par assemblage mais de manière monolithique, sans joints. Sa structure, d’une grande finesse, est capable de porter des charges importantes. Il est unique. 

François Hennebique est l’inventeur des poutrelles en béton. Maçon devenu ingénieur inspiré, il a déposé de nombreux brevets, conçu des ponts, des châteaux d’eau et des bâtiments publics. Son œuvre est un témoignage précieux de l’époque du développement du béton, dès 1850.

En France et en Belgique, subsistent encore des édifices… Tous classés. 

À Nantes, ne pourrait-on pas faire preuve à l’égard de ce patrimoine mondial de beaucoup plus (+) de respect et de modestie ? Qui sommes-nous, pauvres nantaises et nantais pour décider du beau et du bon gout architectural des prochains siècles ? Et aussi se poser les bonnes questions. « L’arbre aux hérons » sera-t-il encore présent dans 125 ans ? 

Aphrodite Duras