Toujours plus de dysfonctionnements au palais de justice

Un palais de justice n’a pas que des amis. Celui de Nantes a subi diverses agressions depuis son inauguration en 2000. Le remplacement de six baies vitrées brisées à coups de masse a coûté 100 000 euros en 2012. Pour le protéger, on a fini par installer au printemps 2016 une longue grille dépliante qui barre son parvis d’un bout à l’autre.

Le palais de justice est affligé depuis sa construction de malfaçons diverses. Seraient-elles contagieuses ? Toujours est-il que l’un des pans de la nouvelle grille est tombé en panne voici quelques mois, au bout de deux ans de service. Puis deux. Puis trois. Vers la fin juin, ils étaient quatre.

Aujourd’hui sept, sept pans de la grille ne ferment plus. Pour protéger l’accès du fragile palais de justice, les ouvertures béantes sont barrées par du ruban de marquage zébré blanc et rouge tel qu’on en met autour des chantiers. Pour l’instant, ce dispositif de basse technologie semble fonctionner. 

Sven Jelure

Le musée d’arts de Nantes entre Charlot et Ratatouille

collection du musée d'arts de Nantes

Le musée d’arts de Nantes, peut-être las des artistes confidentiels, prépare pour la fin 2019 une exposition intitulée « Charlie Chaplin et les avant-gardes ». Cette fois, il est à peu près sûr de faire du chiffre en mêlant extraits de films, peinture, photographie, etc.

Pour cette exposition, il cherche à recruter une assistante. Mais au lieu d’une offre d’emploi pour un CDD classique, la direction de la culture de Nantes Métropole a préféré publier un avis de marché portant sur une « Mission d’assistance au commissaire de l’exposition internationale ». Ce qui, après tout, va de pair avec le mélange des genres revendiqué par l’exposition elle-même.

Mélange qui ne se bornera probablement pas à la juxtaposition d’œuvres de différentes natures. La déclaration d’intention du musée peut susciter quelques alarmes :

« De la découverte de Charlot par Léger en 1916, au numéro spécial Disque vert de 1924 consacré à Chaplin, en passant par l’invention du concept de 7e art par Canudo en 1919, qui identifie immédiatement Chaplin comme le premier artiste du médium, l’intérêt des avant-gardes pour ce nouveau moyen d’expression et particulièrement pour Chaplin permet de souligner de nombreuses porosités. »

Cette phrase de soixante mots compose à elle seule un étrange gloubi-boulga. En 1916, Charlot était un personnage déjà très connu dans le monde entier. Il n’avait pas besoin d’être « découvert » par qui que ce soit. 1916 est seulement la date à laquelle Fernand Léger aurait vu pour la première fois un film de Charlot au cinéma ; elle est peut-être importante pour Léger, pas pour Chaplin.

Pourquoi, alors, fixer 1916 comme point de départ de la période couverte par l’exposition ? Pourrait-on dire que le passage de Fernand Léger dans une salle obscure a été le premier signe d’intérêt d’une avant-garde franco-française pour Charlot ? Même pas : Léger avait notoirement été entraîné au cinéma par Guillaume Apollinaire. Ce dernier serait-il moins avant-gardiste ?

Quant à l’expression « 7e art », elle date peut-être de 1919, mais le concept était antérieur : Ricciotto Canudo avait publié en 1911 La Naissance d’un sixième art – Essai sur le cinématographe. Le chantre de « l’impérialisme artistique français » n’était évidemment pas le premier à considérer le cinéma comme un art, et le droit anglo-saxon s’était déjà soucié de protéger les œuvres cinématographiques au titre du droit d’auteur. Et en 1919, bien entendu, considérer Charlie Chaplin comme le « premier artiste du médium » aurait été d’une grande naïveté. C’est d’ailleurs l’année où l’intéressé a cofondé la société United Artists (Les Artistes associés en VF), dont le nom pluriel n’avait pas été choisi par hasard.

Et comme décidément la direction de la culture semble s’acharner à avoir tout faux, le numéro spécial du Disque vert en 1924 n’était pas « consacré à Chaplin » mais à… Charlot.

Toujours plus à côté de la plaque.

https://marchespublics.nantesmetropole.fr/index.php?page=entreprise.EntrepriseDemandeTelechargementDce&refConsultation=15030&orgAcronyme=t5y

Sven Jelure

FCN : Cardoso, l’entraîneur plus…

Miguel Cardoso est donc le nouvel entraineur du FCN. Il remplace Claudio Ranieri dont l’arrivée, il y a un an, était saluée par la presse comme “un choix décisif” pour l’avenir du club. Petite revue de presse : “L’homme force le respect” et, avec lui, “le FCN revit” et “change de dimension”. N’en jetez plus. Un an plus tard, Claudio Ranieri quitte le club par la petite porte et les Jaune et Vert, à défaut de disputer une Coupe d’Europe, parviennent à devancer… Guingamp au classement.

Juin 2018, la presse est appelée à saluer l’arrivée d’un nouvel homme providentiel, Miguel Cardoso. Sans plus attendre, elle ne manque pas de lui tresser des lauriers. On le compare au grand José Mourinho (rien que ça), on parle de “sa philosophie de jeu” (mais oui), on salue sa réputation de “formateur aguerri”. Et on en passe. Seul, un fâcheux parle à mots couverts d’un “bras de fer” (déjà !) avec la direction du club à propos du recrutement. Il va bien falloir en effet quelques renforts après une fin de saison 2017/2018 qui a vu plusieurs éléments de poids quitter le navire dont le capitaine Léo Dubois. Et il se dit que Diego Carlos, la jeune star brésilienne, pourrait bientôt l’imiter.

L’an dernier, un journaliste avait commenté l’arrivée de Ranieri avec une certaine lucidité : “Cela ne suffit pas à envisager le FCN autrement qu’un faire-valoir de notre championnat”. Les faits lui ont donné raison. Autant dire que l’entraîneur – Ranieri hier ou Cardoso demain – n’est peut-être pas le problème du FCN dont le patron, Waldemar Kita, entend toujours faire la pluie et le beau temps. Force est de constater que, depuis son arrivée au club (11 ans déjà !), on aimerait juste une éclaircie. Mais rassurez-vous, il l’a promis en avril dernier “cette équipe va grandir”. Certains n’attendent que ça.

Un peu plus de transparence

Le Voyage à Nantes au secours du Carré Feydeau ? L’édition 2018 y installe en effet une… installation ! De quoi redonner un peu de vie à un espace quasiment à l’abandon. Personne n’y annonce plus l’arrivée de nouveaux commerces. Alors, on occupe l’espace comme on peut.

Il est vrai que, depuis 2013, Nantes ne sait plus quoi faire de ce fameux Carré Feydeau. La communication municipale, à l’époque, y annonçait pourtant un “nouveau poumon commercial”. Alors que les critiques se faisaient entendre sur la beauté architecturale de la chose, il a bientôt fallu se rendre à l’évidence : les “grandes enseignes” annoncées ne viendraient pas.

Il a fallu attendre septembre 2017 pour entendre Madame le maire déclarer : Le Carré Feydeau est une erreur… Quatre ans de réflexion pour un constat qu’avaient déjà fait nombre de Nantais.

Ça ne pouvait pas marcher à cause de la hauteur des loyers commerciaux… disait, à cette même époque, Madame le Maire.

Trop chers, les loyers ? Manifestement pas pour le Voyage à Nantes qui s’y installe cet été. Au-delà de l’intérêt artistique de l’installation en place, l’initiative soulève quelles quelques questions. Le propriétaire a-t-il offert cet espace au Voyage à Nantes ? A-t-il aussi payé la préparation de ce local ? Ou la facture sera-t-elle refilée (discrètement ?) aux contribuables nantais ? Alors que le Voyage à Nantes a connu, l’an dernier, quelques difficultés financières, un peu plus de transparence ne nuirait pas. Dans le cadre, bien entendu, d’une “nouvelle gouvernance” revendiquée.

Nantes est comblée par ses édiles !

Il est vrai que depuis les années trente, il y avait un peu de relâchement. Adolphe Moitié et Léopold Cassegrain n’avait pas vraiment eu de successeur à leur mesure. Il aura fallu attendre l’arrivée de Johanna Rolland pour enfin renouer avec cette spécialité nantaise : le comblement !

Combler la fontaine du square Fleuriot.

Un grand projet à la mesure des ambitions de notre Métropole hyper-tout (connectée, verte, cyclable, cultivée, etc.). Peut-être même que ce lieu Uniq[lo] sera intégré à une programmation culturelle prochaine ? Avouez que ce serait grave-décalé ! Mais revenons à notre ex-square. Je suis à 100 % d’accord avec vous tous, jusqu’à reprendre aussi ces éléments de langage finement ciselés par de brillants spin doctors : Nantes se réinvente aussi grâce à ces vrais projets urbains éco-responsables. Moins de magnolia en ville c’est aussi moins de rotations de camions pour transporter les feuilles tombées sur l’espace public, c’est plus de confort pour les occupants des hôtels du quartier qui pourront ouvrir les fenêtres de leurs chambres sans être gênés par ce bruit d’eau, et du même coup ne pas utiliser de climatisation.
Mais surtout, c’est l’ouverture d’une petite boutique à l’éthique écologique connue dans le monde entier. On ne se rend jamais assez compte des efforts permanents que vous faites tous pour que Nantes se réinvente en capitale verte. Plus eut été trop.

Victor Hublot

Nantes, toujours plus de mobilisation

Fin du suspens concernant les 15 lieux à “réinventer” : les résultats de la “votation populaire” sont tombés. La première surprise est le (très) faible taux de participation. Malgré un rappel quotidien sur les réseaux sociaux, les Nantais.e.s (comme il convient désormais de l’écrire) ne se sont pas bousculé.e.s pour donner leur avis.

Il faut dire que, lorsque le résultat ne semblait pas déjà acquis avant même le vote (un seul projet porté par une asso créée pour la circonstance), certaines propositions semblaient, pour le moins, farfelues. Qu’importe, il y a eu, par exemple, 1092 voix pour le projet retenu concernant la Galerie Dulcie. Un peu plus de 1000 voix pour une ville qui compte 310 000 habitants.

Ces résultats ont suffi toutefois pour que Madame le maire salue la forte mobilisation citoyenne et l’implication des habitants dans le devenir de leur ville. À lire la presse, une chose est sûre, l’opération de communication a parfaitement fonctionné puisque personne n’a eu le mauvais goût de relever que cette “mobilisation citoyenne” était tout simplement très… moyenne.

L’idée de faire appel aux habitants pour tenter de leur faire prendre en charge l’entretien et la gestion d’espaces dont on ne savait pas trop que faire était plutôt bonne. On pourrait même envisager d’aller plus loin dans cette démarche. Pourquoi pas, par exemple, une votation citoyenne pour l’aménagement d’un vaste “cani-site” place du Bouffay ? Compte tenu de la population canine autour du Carré Feydeau, n’est-il pas urgent d’aménager des lieux d’aisance pour nos amis à quatre pattes ? Le projet pourrait être “porté” par une asso qu’il devient urgent de créer…

Nantes toujours plus propre

Johanna nue

L’info serait (presque) passée inaperçue : Nantes disposera bientôt d’une “galerie zéro déchet” en centre-ville. L’initiative, portée par les Amis de la galerie, est l’une des 41 propositions retenues dans le cadre de la « votation populaire » concernant les 15 lieux à réinventer.

Comment tout d’abord ne pas se réjouir de voir (enfin ?) une galerie proposant régulièrement des expositions d’art remplacée par une déchetterie qui manquait dans le centre-ville. Ce lieu alternatif (sic) s’organisera autour d’espaces d’inspiration (re-sic). On y trouvera un salon, une cuisine… où chacun pourra venir vivre cette expérience (re-re-sic) de sensibilisation sur les questions environnementales (re-re-re…). Vivre donc ce « mode de vie zéro déchet » !

Si le projet, présenté comme tel, reste encore un peu flou, on peut d’ores et déjà faire preuve d’imagination et proposer aux promoteurs de ce projet d’aller plus loin. Pourquoi ne pas organiser, dans cette galerie Dulcie, un musée du Voyage à Nantes ? Que deviennent en effet, les œuvres d’art installées en ville durant l’été ? Sont-elles condamnées à disparaître ? N’auraient-elles pas leur place dans cette déchetterie nouvelle génération ? On attend des Amis de la galerie qu’ils prennent une initiative pour que les générations de demain ne manquent rien de ce qu’était la vie artistique à Nantes au début du XXIe siècle.

JC

Hennebique : laisse béton

Voyage à Nantes

En tirant un peu sur la corde, l’immeuble CAP 44 construit en 1895, a pu voir entrer dans le port de Nantes les derniers navires négriers, tant les commerçants nantais sont restés longtemps sourds aux lois sur l’abolition de l’esclavage.

 CAP 44 est cet immeuble, bardé de bleu, situé le long de la Loire, au bas de la butte Sainte-Anne, en face de la carrière Miséry, lieu d’accueil du futur « arbre aux hérons », le nouveau Parc d’attractions des créateurs de l’éléphant. 

Qualifié de verrue dans la presse et sur les réseaux sociaux, CAP 44 fait aujourd’hui l’objet d’une campagne de dénigrement incroyablement subjective. L’immeuble n’est pas beau, lit on un peu partout. Il est vrai que sa rénovation dans les années 70 n’a pas été très heureuse, masquant l’élégance de sa conception.

Mais est-ce là le vrai problème ? La cité radieuse de Le Corbusier, est-elle si harmonieuse que cela, dans ses proportions, dans la couleur de sa façade, par sa massivité ? 

Non, le handicap de CAP 44 est ailleurs: son maintien ne permettrait pas de profiter d’une vue imprenable sur la Loire depuis la carrière Misery Pire encore: la transformation de son dernier étage en belvédère pourrait contrarier l’exploitation de « l’arbre aux hérons »

Alors maintien ou démolition ? Le sort de CAP 44 a fait l’objet d’une consultation démocratique sur Internet (!), consultation dont le résultat devrait être connu sous peu.

Nantes plus (+) s’émeut de la désaffection entourant cet élément du patrimoine mondial et se demande si les nantaises et les nantais n’auraient pas besoin d’un peu plus (+) d’informations.

Ancien moulin industriel, édifié donc en 1895, CAP 44 est le premier bâtiment industriel au monde, construit en béton armé, selon le procédé « révolutionnaire » de François Hennebique, L’immeuble a été bâti non par assemblage mais de manière monolithique, sans joints. Sa structure, d’une grande finesse, est capable de porter des charges importantes. Il est unique. 

François Hennebique est l’inventeur des poutrelles en béton. Maçon devenu ingénieur inspiré, il a déposé de nombreux brevets, conçu des ponts, des châteaux d’eau et des bâtiments publics. Son œuvre est un témoignage précieux de l’époque du développement du béton, dès 1850.

En France et en Belgique, subsistent encore des édifices… Tous classés. 

À Nantes, ne pourrait-on pas faire preuve à l’égard de ce patrimoine mondial de beaucoup plus (+) de respect et de modestie ? Qui sommes-nous, pauvres nantaises et nantais pour décider du beau et du bon gout architectural des prochains siècles ? Et aussi se poser les bonnes questions. « L’arbre aux hérons » sera-t-il encore présent dans 125 ans ? 

Aphrodite Duras

Toutes les villes se transforment, Nantes plus

Nantes Plus aime les pelles

Dans un sens c’est bien, mais dans quel sens ? Le bon sens n’existant pas, il faut des repères, alors les villes consultent les citoyennes et les citoyens (ici, les Nantaises et les Nantais).

Et que demande la Ville aux citoyens ? Auriez-vous des idées ? Mais au fait, de quel appel à projets sort cette idée de parc d’attraction jaune ? Et qui a eu l’idée de faire parcourir 700 m (à vol d’oiseau) au CHU pour probablement bien plus d’un milliard d’euros ? De quel consultation est née l’idée de raser un bâtiment historique parce qu’il gêne ?

Quoi qu’il en soit, nous aussi, à Nantes plus, nous allons lancer une pelle à projets. La pelle à projets qui permettra de creuser + (plus) d’idées.

Nantes plus est là pour voir s’il n’y a pas mieux à faire. Pour se demander, par exemple, si un arbre aux hérons vaut mieux que plein d’arbustes aux mésanges. Ou s’il ne faudrait pas raser le château des ducs de Bretagne, car on verrait mieux la cathédrale depuis le miroir d’eau.

Nous sommes d’accord avec Madame Rolland et son équipe, il faut raser + (plus).

Toujours plus de projets

« Dessine-moi Nantes » : c’est l’opération lancée par la Ville pour « 15 lieux à réinventer ». Si on en croit la communication municipale, pas moins de 585 contributions étayées et motivées ont été présentées.

Sur l’ensemble de ces projets, 41 dossiers ont été jugés recevables. Et dignes d’être présentés à une “votation citoyenne”. Quant on connaît le sort réservé à la dernière “votation” en date (le projet d’aéroport à NDDL), on peut rester perplexe.

Il n’en reste pas moins que pour réinventer ces dix espaces verts et cinq bâtiments, les idées n’ont pas manqué. Beaucoup de propositions pour les anciens bains douches de Baco, l’ancienne Cocotte en verre de l’Île de Versailles ou encore la galerie Dulcie de l’ancienne École des beaux-arts. On se bouscule moins pour aménager les berges de la Sèvre ou celui du Cens du côté du Breil.

Quelques idées retiennent toutefois l’attention. Comme celle de développer un concept de galerie-laverie-café dans la galerie Dulcie. Ou encore celle de créer une champignonnière dans l’ancienne chapelle du Martray. La forte inertie thermique du bâtiment serait idéale, précise le dossier, pour la culture des pleurotes ! A l’heure où le Canada vient d’autoriser la culture du cannabis, personne n’a osé proposer de projet plus… fumant. Comme on dit à la Ville, “ensemble, nous sommes plus intelligents”.  Une fois le verdict de la “votation” rendu, il n’y aura plus qu’à passer à l’acte. Avec, on suppose, toujours plus (+) d’énergie.

Julien Craque