Entre quai de la Fosse et Île de Nantes, ça coince…

Le pont des soupirs

Nouvel hôpital ? 2026. Doublement du pont Anne de Bretagne ? 2026. Johanna Rolland prépare activement son troisième mandat en reportant, à plus tard, ses “grands projets”. En attendant, le débat se poursuit et les oppositions semblent sortir de leur hibernation. Pour preuve, la pluie de critiques sur le futur (?) pont Anne de Bretagne.

La web série du mandat, comment faire passer le tramway pour desservir un CHU sur une île.

C’était un projet phare de la campagne municipale, au printemps dernier. Nantes allait construire un “pont promenade”, un “pont belvédère”, un “pont place” entre le quai de la Fosse et l’Île de Nantes. Un ouvrage dont la largeur (“entre 35 et 50 mètres”) reste à préciser mais dont l’utilité première est de faire passer une nouvelle ligne de tram appelée à desservir le futur (?) hôpital.

“Un vrai casse-tête”

La construction de ce nouveau pont est un “vrai casse-tête”, selon l’expression d’un architecte nantais. En effet, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage interdit tout projet de construction en amont de l’actuel pont Anne de Bretagne. Par ailleurs, un tramway ne pouvant pas emprunter une voie à angle droit sauf à provoquer des nuisances sonores que connaissent bien les riverains du pont de la Motte Rouge et l’espace entre le quai de la Fosse et la Loire étant par ailleurs contraint, le projet de ligne nécessitera l’aménagement de deux courbes entre la Maison de la mer et l’actuel pont Anne de Bretagne.

Ce ne sont là que les premières contraintes techniques du futur ouvrage. On apprend ainsi (Ouest-France du 26 janvier) qu’il faudra également gommer la pente de 6% du pont actuel, “incompatible avec un accès pour les personnes à mobilité réduite”. On se dirige donc vers deux ponts, à proximité l’un de l’autre, mais à deux niveaux différents, ce qui est techniquement possible mais esthétiquement discutable. Sans compter que le niveau du second ouvrage réduira l’accès à la navigation en amont.

Le pont de trop ?

Une fois franchies ces premières difficultés, le projet n’en reste pas moins “très complexe”. Où faire passer en effet la future ligne de tram, côté sud ? L’espace y est en effet tout aussi contraint que quai de la Fosse. Quand on voit les difficultés actuelles de circulation sur le pont Anne de Bretagne, on imagine mal un système de circulation alternée entre voitures et tram… L’emprise au sol d’une ligne de tram est incompressible. Or, entre piétons, vélos, voitures… l’espace est déjà compté au niveau de la galerie des Machines et de Stéréolux. À la question, où débouchera le futur pont ?, pas de réponse à ce jour.

Un pont d’or

Comme pour le futur (?) CHU, difficile d’avoir un budget précis sur le coût final des travaux. Il est question de “50 millions hors taxes”. Sans qu‘on sache si les aménagements nécessaires, au nord et au sud du pont, sont compris dans cette enveloppe. “C’est deux fois plus que pour les ponts Senghor et Tabarly”, relève ainsi Julien Bainvel quand Laurence Garnier demande, elle, à Johanna Rolland d’appuyer “sur le bouton pause afin que le dialogue citoyen ne soit pas un dialogue de sourds”. Pour mémoire, la consultation “citoyenne” a valu, à Nantes métropole, de recevoir une volée de bois vert. https://dialoguecitoyen.metropole.nantes.fr/project/dnlt/collect/mon-avis-sur-le-projet

Le projet a permis aux oppositions de se réveiller. L’opposition classique, de droite et du centre, n’est pas seule à donner de la voix. La liste Nantes en commun se rappelle au souvenir de Johanna Rolland en rappelant au passage que les projets de nouvelles lignes de tram ne correspondent qu’à “un schéma du passé” n’offrant aucune desserte aux “communes périphériques oubliées”. Quant aux Verts de Julie Laernoes, coincés par leur contrat de solidarité municipale, ils suivent ces échanges “avec intérêt”, laissant à Johanna Rolland le soin de défendre son projet. On attendait au moins une réaction au nom des cyclistes qu’ils défendent : ces intersections de rails, le long du quai de la Fosse, croiseront en effet des pistes cyclables plutôt fréquentées. Attention, danger.

En tout état de cause, ce projet de pont n’est pas (tout à fait) pour demain. Le cahier des charges soumis aux cabinets d’archi n’a pas suscité de précipitation. Le choix du candidat retenu devrait intervenir, si tout va bien, “durant le second semestre de cette année”. Pour un démarrage des travaux, fin 2023. Nantes métropole se borne, pour l’instant, à annoncer trois ans de travaux. Autant dire que les automobilistes n’en ont pas terminé avec les embouteillages sur pont Anne de Bretagne…    

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