Nantes Métropole recule souvent en faisant mine d’avancer. Au nom d’un esprit écolo, voici trois ans, elle a abattu plusieurs dizaines de grands arbres sur le quai Brancas. Son plan d’urbanisme protège en principe les espaces verts, mais elle le modifie pour permettre l’abattage de 120 arbres en pleine ville…
Le plan d’urbanisme métropolitain (PLUM) est plein de bonnes intentions. Son premier objectif affiché est de « protéger le ‘capital vert’ métropolitain ». Ce capital est formé notamment des « cœurs d’îlots caractérisés par la présence de pleine terre, végétalisée et parfois boisée, avec un intérêt paysager, et qui correspondent aux jardins publics et privés, aux parcs ». La ville a donc défini des « espaces paysagers à protéger ».
Sacralisés ? Jusqu’à un certain point. À cause de trois arbres dans son jardin, M. Tartempion n’aura pas le droit d’agrandir sa bicoque. Mais selon que vous serez puissant ou misérable… Nantes s’apprête à autoriser la destruction de 3 800 m² de jardin d’un seul tenant (plus que le square Jean-Baptiste Daviais) ! Et un parc boisé accessible au public, en pleine ville ! Pas moins de 120 arbres vont être sacrifiés d’un coup.
Il s’agit de l’espace vert du palais de justice, le long de la rue La Noue Bras-de-Fer. Le ministère de la Justice avait prévu dès 2000 de le sacrifier un jour pour agrandir son palais, dit-on. M. Tartempion aussi avait prévu d’agrandir sa bicoque le jour où, devenu vieux, il aurait besoin d’une chambre au rez-de-chaussée. Or à présent, demerdieren Sie sich ! Mais quand la règle change, ce n’est pas forcément pour tous. À M. Dupond-Moretti, on va dérouler le tapis rouge en détruisant le tapis vert.
1 contre 120 : la balance de la Justice penche
La SAMOA (Société d’aménagement de la métropole Ouest Atlantique), structure créée par la ville de Nantes, a piloté l’aménagement de l’île de Nantes. Aujourd’hui encore, sur le site web qu’elle a créé pour faire valoir ses réalisations, elle vante le palais de justice entre autres parce que « la façade opposée à la Loire, qui donne sur la rue la Tour d’Auvergne, est ouverte sur un jardin de frênes, contrastant avec 1500 tonnes d’acier du bâtiment ». (On note que la Samoa, qui loge à 300 m de là sur le quai François-Mitterrand, confond la rue La Tour d’Auvergne et la rue La Noue Bras-de-fer !) Il va falloir changer de storytelling.
Bof ! le palais de justice, ce « bâtiment mal né et ruineux », comme dit Médiacités, n’en est pas à ça près. Son architecte lui-même, Jean Nouvel, y voyait « une structure rigoureuse avec un vocabulaire formel de grilles, de transparences et de réflexions comme environnement de la nécessaire ouverture et impartialité de la justice ». Le cabinet d’architecte nantais Mabire-Reich, chargé de l’agrandissement, trouvera certainement un discours ad hoc. Il a d’ailleurs commencé à le tester auprès d’Ouest-France : « La nouvelle salle des pas perdus s’organise autour d’un patio dans l’axe de la passerelle Schoelcher, et dont le centre est un arbre, autre symbole de justice ». Un arbre planté dans un patio fermé pour 120 abattus dans un parc ouvert, le « symbole de justice » est éloquent !
Pour Nantes, il ne s’agit pas de la conséquence malheureuse d’un projet ourdi depuis longtemps par la Justice : en l’état actuel du PLUM, le parc de la rue La Noue Bras-de-Fer est inconstructible. Elle s’apprête à le modifier délibérément. Afin que force reste à la Loi. Le nouveau PLUM est soumis à enquête publique du 20 mai au 20 juin. En pleine campagne électorale : soit les services de Johanna Rolland sont vraiment très distraits, soit ils n’avaient pas très envie que les citoyens s’y intéressent de trop près. Quant à la composante écolo de la municipalité, aujourd’hui côte à côte avec le parti socialiste au sein de la NUPES, elle est bien silencieuse : candidate aux législatives, sa chef de file a d’autres chats à fouetter. Et lalonlalonlère et lalonlalaernoes…
Sven Jelure
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La destruction des grands arbres sur l’allée Brancas n’est que le prolongement de la destruction des grands platanes allée du Port Maillard et allée Flesselle il y a 10 ans. Sur les 21 arbres, il n’en reste que 9, ce qui a transformé cette promenade en ilot de chaleur par temps de canicule. L’on vous vend ensuite un « reboisement » à partir d’arbustes souffreteux d’1.80m. Et je ne parle pas des trois magnifiques peupliers abattus au bout du pont du général Haudibert, ni de peupliers semblables abattus en face du Chateau cours John Kennedy. Pourquoi cette haine des grands arbres ? La réponse fut apportée par l’architecte Fortier, massacreur du Bouffay 1/Ces vilaines choses empêchent de voir les façades (toujours dans cette idée que la ville n’est qu’un décor, pas un lieu où habiter) 2/Pas de place pour cet héritage bourgeois du XIX que sont les promenades plantées. RIP
bonsoir Herminie44,
je suis heureuse de lire votre commentaire qui s’ajoute à l’article de Sven. ce n’est que ce soir que je découvre ce site.
moi aussi, je suis sensible à cet abattage inacceptable, irrespectueux, et surtout irraisonné.
Et extrêmement agacée par ces replantations inappropriées. En ce moment, les jeunes pousses, sans eau et avec fortes températures, sont en train de crever sur pied.
Du bon sens JR. Mettez 2 gr de bon sens sous votre brushing !
Vous me taxez d’insolente ? pas davantage que les discours politiques prometteurs
j’en arrive à me demander si nos politiques n’ont qu’une intelligence de la parade, du beau parlage, sans aucune intelligence du quotidien et encore moins du demain… des conséquences apportées par leurs caprices du jour…
avez vous participé à des ateliers citoyens? j’y croyais. je n’y participe plus du tout. j’ai trop le sentiment d’être méprisée. comme les autres participants puisque nos propositions ne sont pas retenues, même partiellement.
en ce moment, je prépare une réponse pour un architecte du Sud qui prend Nantes comme exemple pour la végétalisation du centre ville.
je reste factuelle. Je pointe les endroits où avant je pouvais circuler à l’ombre. Je ne lui présente que des photos avant-après. mais c’est un gros travail de recherche et de saisie des références.
bonne soirée,
Anne C
Correctif : en réalité, le nombre de frênes ne dépasse pas 90. S’y ajoutent diverses plantations de moindre envergure.