Nantes plus mouillée – le sacre de la dame-pipi 

« Cachez ce pubis que je ne saurais voir », s’étaient exclamées des âmes prudes à l’annonce de l’arrivée de Fontaine, une statue d’Elsa Sahal, place Royale. Si son titre ne dénote pas une grande imagination, il en faut en revanche, de l’imagination, pour voir un pubis dans ce gros haricot rose juchés sur deux poteaux en grès émaillé. Ça n’est pas la Naissance de Vénus

D’une petite fente ménagée dans l’engin devrait jaillir un filet d’eau. Certains veulent y voir une « vulve pissante ». Voire même, pour quelques-uns, une évocation pédophile : la statuette serait le pendant femelle du Maneken-Pis bruxellois. Le pédophile qui y voit vraiment ça doit être plus tordu encore qu’on ne l’aurait cru. 

Mais les protestations font sans doute les affaires de Jean Blaise et de ses troupes. Car avant de débarquer place Royale, cette œuvre a pas mal traîné ses guêtres, au jardin des Tuileries et en maints autres lieux. Une fois de plus, le Voyage à Nantes tente de donner une seconde jeunesse à une installation déjà bien connue. Comme on ne peut pas brûler une cathédrale tous les mois pour rester sous les feux de l’actualité, rien de tel qu’un petit parfum de scandale, même éventé.

Pendant ce temps-là, l’installation du Rideau (quelle débauche d’imagination dans les titres du Voyage à Nantes, cette année !) de Stéphane Thidet progresse sur la place Graslin. En ce mardi ensoleillé, de premiers essais ont confirmé notre prophétie : ça va faire du bruit ! On ne s’entendra plus parler sur la place Graslin, et pas seulement parce qu’on sera bouche bée d’émerveillement.

 Rideau d’eau de Graslin

Et tant que nous en sommes au chapitre aquatique, que devient la fontaine miraculeuse du pont Anne de Bretagne ? Eh bien, hier soir, elle était toujours là, et en pleine forme. La sécheresse à Nantes, ça n’existe pas.

Sven Jelure

2 réponses sur “Nantes plus mouillée – le sacre de la dame-pipi ”

  1. Marcel Duchamp et son urinoir on inauguré une longue cohorte de fabricants de « Cas-Nul-Art », courtisans des collectivités publiques, attrape-badeaux, attrapes-touristes…
    Voir le passionnant film du réalisateur Florian Henckel von Donnersmarck (« La vie des autres ») « L’oeuvre sans auteur » qui montre la triste imposture de cette véritable « course à l’échalote »…

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