Pascal Praud, animateur vedette de CNews, a forcément plein de qualités puisque c’est un ancien de Saint-Stan’. Mais les meilleurs eux-mêmes peuvent se tromper. Accuser Le Voyage à Nantes de chercher à détruire Noël dans une ville qui n’est plus elle-même (« À Nantes, Noël n’est plus Noël et Nantes n’est plus Nantes ») n’est pas très crédible. Jean Blaise et les siens ne méritent ni cet excès d’honneur ni cette indignité. Même s’ils le voulaient, ils ne seraient pas de taille.
Le Voyage en hiver cherche clairement à profiter de Noël, non à le démolir. Il le fait juste avec tant de maladresse qu’on pourrait s’y tromper. Il faut dire que l’accusation a été en quelque sorte avalisée par la Ville de Nantes quand elle a présenté Noël comme une fête « multiculturelle ». Fallait-il qu’elle juge la gaffe énorme pour retirer son tweet au bout de quelques heures ! D’ordinaire, elle persiste longuement dans ses erreurs ; il suffit de voir l’énorme quantité d’éloges encore adressés à l’Arbre aux hérons sur près d’un millier de pages de son site web. Jean Blaise lui-même avait cherché des verges pour se faire battre l’an dernier en annonçant vouloir créer avec Le Voyage en hiver « de nouveaux rituels étonnants pour nos publics de proximité ». Mais il a fait machine arrière cette année en affirmant : « Je crois être dans l’esprit de Noël et plus qu’avant ».
Le problème du Voyage en hiver est qu’il bouleverse une tradition à un moment où, presque tous, nous rêvons de tradition. Les Nantais assistent chaque jour à des changements qu’ils n’ont pas désirés. Les décorations de Noël leur apportaient, quelques jours par an, au moins une illusion de stabilité. Et voilà qu’on les en prive ! Alors qu’ils voient tous les jours à la télévision des reportages sur la « magie de Noël » dans d’autres villes ! « On peut aimer boire un vin chaud et voir des œuvres », plaide Johanna Rolland, qui sait ce qui touche le cœur des Nantais…
Quelle vanité a donc poussé une entreprise chargée d’une délégation de service public et financée à 75 % par la collectivité à abandonner brutalement les guirlandes lumineuses, parfaitement laïques au demeurant, qui donnaient le sentiment de marcher tous ensemble sous une même voûte ? Le Voyage à Nantes a ainsi a dressé beaucoup de Nantais contre ses décors inspirés des mascarons nantais qui, sans doute, auraient été appréciés dans d’autres circonstances.
Perseverare diabolicum : l’édition 2022 du Voyage en hiver a été un échec manifeste, immédiat et sans appel. Et voilà que Le Voyage à Nantes récidive en 2023, comme un joueur ruiné au casino qui prétend « se refaire » en misant davantage. En guise d’enjeu supplémentaire, il a juste ajouté deux-trois trucs (et 340.000 euros de budget supplémentaire, ce qui porte ses coûts au-delà du million). Pourquoi s’entête-t-il ? La réponse est bien sûr qu’il est coincé : il s’est lié les mains en signant des contrats pluri-annuels avec les artistes exposés. Peut-être aussi Jean Blaise n’a-t-il pas voulu partir en retraite sur un échec. Partir sur deux échecs est-il si enviable ?
Mais si les critiques sont injustes, il est bien possible que le grief de déchristianisation arrange quand même Le Voyage à Nantes. Ce dernier a un souci avec la laïcité. Après l’exposition d’un « croisé du Moyen-âge » place du Commerce cet été, le Voyage en hiver est un peu borderline avec un décor d’origine religieuse exposé rue des Carmes, et surtout avec ses concerts de cloches. Ceux-ci prennent de l’ampleur cette année avec les quatre cloches de Fontevraud installées dans les douves du château. Les textes d’application de la loi de 1905 permettent un usage « civil » des cloches des églises s’il obéit à des « usages locaux » ‑ or Le Voyage à Nantes, par ignorance ou par provocation, signale lui-même que ces usages locaux ont disparu depuis longtemps ! Jean Blaise a eu l’imprudence de le souligner dans un entretien avec Ouest-France : « On a retravaillé sur les cloches, qui étaient tellement abandonnées qu’on n’entendait même plus. Un travail réalisé avec le diocèse, avec son accord et sa bienveillance. » Lui reprocher son manque de religion contribue à le dédouaner…
Sven Jelure
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Décidément, l’intimidation culturelle n’est plus ce qu’elle était ! La municipalité devrait lire le génial Paul Watzlawick, auteur de « Faites vous même votre malheur » qui expliquait gentiment que « toujours plus de la même chose » donnait « toujours plus du même résultat ». Et comme les contrats ont été signés pour 4 ans, il est à craindre que nous subissions l’année prochaine les mêmes sinistres fantaisies, accompagnées des mêmes sinistres déclamations, sur le mode là aussi déjà utilisé du ‘Béotiens incultes, amateurs de sapin décoré et de guirlandes, vous n’avez rien compris’. A moins que le départ annoncé de Jean Blaise en 2024 ne remette un Père Noël à la barre ? Voilà qui va être très intéressant à observer. NB Je note que c’est Atlantis et non le centre ville qui a gagné la visite d’une influenceuse célèbre, adulée de son jeune public. Un signe des temps ?
La déculture à Nantes… tout un programme spécialement concocté par les petits amis de JR qui vivent grassement de l’explosion de la taxe foncière que subissent les Nantais(e)s ! Bref, vivement les prochaines élections…
Belle écriture et juste analyse de l’échec de ce Mr Blaise à Nantes. Que cet imposteur, à l’ego surdimensionné, rende leur Ville aux Nantais.