Nantes Métropole se prépare aux inondations

Non, grâce à ses pilotis, Johanna Rolland ne craint pas que le CHU de l’île de Nantes soit inondé. Mais elle s’y prépare quand même. Nantes Métropole veut dispenser à ses élus et dirigeants une formation sur la communication de crise « notamment en cas d’inondation ». Elle vient de publier une annonce pour trouver un formateur.

Les risques naturels et technologiques sont du ressort de la Métropole. Ils sont nombreux : tempêtes, tremblements de terre, transport de matières dangereuses, accidents industriels, etc. Le risque numéro un, cependant, est celui d’inondation. Sur les vingt-quatre communes métropolitaines, dix-sept y sont exposées.

La préparation à la communication de crise dénote-t-elle un affolement particulier ? Pas vraiment. Il y a longtemps que l’État s’inquiète des risques d’inondation, étudiés dans une série de documents publiés en 2014 par la préfecture de Loire-Atlantique. En 2018 a été arrêté un « PAPI d’intention Loire-aval » animé par Nantes Métropole (PAPI signifie « Programme d’actions de prévention des inondations »). L’intention Loire-aval est bonne mais tarde peut-être à se concrétiser. Nantes Métropole se réfère explicitement au PAPI dans son avis de marché. Trois ans après la décision, il est bien temps de penser au préventif !

PAPI à petits pas

Malgré ce délai de réflexion, Nantes Métropole patauge un peu. La mesure du PAPI qu’elle entend mettre en œuvre est celle-ci : « Définir une stratégie globale d’information préventive des populations en zone inondable et hors zone inondable ». Logique, puisque le PI de PAPI, répétons-le, signifie « prévention des inondations ». Or l’objectif explicite de Nantes Métropole est de former ses dirigeants à la « communication de crise ». La communication de crise, c’est quand le pépin est arrivé. Elle n’a rien de préventif.

Simple erreur de vocabulaire ? Non, Nantes Métropole précise : « L’objectif global de la formation est de permettre aux participants de mieux informer et communiquer en cas d’événement grave et/ou à forte portée médiatique ». Les personnes formées devront « savoir mesurer l’impact médiatique d’un événement », « savoir s’exprimer devant une caméra », etc. Autrement dit, l’objet de la formation n’est pas l’« information préventive des populations », c’est de se débrouiller face à la presse devant les images d’une Venise de l’Ouest en temps d’acqua alta. Ou toute autre sorte de catastrophe, d’ailleurs.

Vu ses actuelles responsabilités extra-nantaises, on comprend les préoccupations de la maire de Nantes. Il ne faudrait pas qu’une gaffe d’un de ses proches lui mette davantage la tête sous l’eau. PAPI a bon dos, mais après lui, il n’y a plus que le cierge à sainte Rita, patronne des causes désespérées.

Sven Jelure

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