Beaujoire, YelloPark, foot business…

Pataugeoire La Beaujoire

Quand les candidates se renvoient la balle

Viendra ? Viendra pas ? Johanna Rolland a préféré ne pas donner le sentiment de botter en touche : elle a finalement répondu à l’invitation de l’association À la nantaise. Elle est donc venue, ce mercredi 11 décembre, débattre de l’avenir de la Beaujoire et des relations de la Ville avec le FC Nantes.

Si les quatre candidates à sa succession avaient d’emblée répondu par l’affirmative à l’invitation de Florian Le Teuff, Johanna Rolland avait, dans un premier temps, décidé d’envoyer à sa place Bassem Asseh… Il faut dire que, depuis le feuilleton YelloPark, les relations étaient tendues entre l’association des amoureux du FC Nantes et la mairie. Pascal Bolo, actif soutien à Waldemar Kita, était prié de rester aux vestiaires et de faire profil bas. C’est Madame la maire elle-même qui jouerait en défense.

#JR2020 en défense

Car c’est bien de défendre la position de la Ville dont il était question. Après “le fiasco du YelloPark”, évoqué par l’ensemble des adversaires de Johanna Rolland, il convenait en effet de clarifier le projet municipal concernant l’avenir du stade de la Beaujoire et, plus globalement, les relations entre la Ville et le club.

Première à monter à l’attaque, Julie Laernoes ne mâche pas ses mots : oui, le projet Yello-Park est un fiasco, oui, la Ville a fait “ce qu’il ne fallait pas faire”, oui, il faut optimiser l’équipement actuel, l’adapter et le moderniser. À sa suite, Valérie Oppelt semble manquer de vitesse. Alors, quelques généralités plus tard, le ballon est dans les pieds de Laurence Garnier. Plutôt à l’aise, la candidate revient sur le fiasco “politique et démocratique” du projet YelloPark avant de regretter que “depuis sept ans, rien n’a bougé sur ce dossier de la Beaujoire”.

Le FCN fait partie de notre patrimoine commun…” Johanna Rolland ne prend pas de risque face à un auditoire d’amoureux du club. Et elle enfonce le clou en plaidant pour la réhabilitation du stade. Non sans nuancer cet engagement : la Métropole s’engage à réaliser des travaux pour un montant, dans un premier temps, de 6 millions.

Margot Medkour est plus radicale et plaide pour une “réappropriation” du stade et du club qui, selon elle, doivent appartenir aux supporters. Ce plaidoyer pour un actionnariat populaire risque toutefois d’être insuffisant pour faire face au besoin de travaux à la Beaujoire.

Travaux : attention danger

Premier constat : plus personne ne parle de détruire la Beaujoire. Même Johanna Rolland ne voit plus la nécessité de construire un nouveau stade pour accueillir les manifestations internationales (Coupe d’Europe, Jeux Olympique…). La candidate-à-sa-succession désavoue ainsi son adjoint aux finances et aux sports de haut niveau, Pascal Bolo, qui a toujours affirmé le contraire.

Reste que le coût de ces travaux varie de 30 à… 100 millions ! Si on peut soupçonner Waldemar Kita d’avoir placé la barre très haut pour mieux “vendre” son projet, on comprend moins que Madame la Marie n’ait pas, elle-même, demandé à ses services ce qu’il conviendrait de faire et combien il en coûterait aux contribuables. Mystère. Étrangement, personne ne lui demande de précisions à ce sujet.

Autre question épineuse, le montant, ridiculement bas, de la location du stade. 140 000 euros/an, qui dit mieux ? Pour Julie Laernoes et Margot Medkour, il s’agit là d’une “subvention déguisée au foot business” pourtant dénoncé par Johanna Rolland qui n’a cessé de marteler pendant l’affaire du YelloPark : “ma position est claire : pas un euro des contribuables pour le foot business”. Pas davantage de précisions sur l’hypothèse de la construction d’un nouveau stade. Tout juste la candidate-à-sa-succession s’engage-t-elle à ce qu’à l’avenir, on consulte les riverains. Ce qu’elle revendiquait d’avoir déjà fait pour le projet YelloPark…

La balle au centre

Il faut saluer l’association À la nantaise pour être parvenue à  (re)placer le football au centre du débat. Même s’il était étrange de voir un plateau exclusivement masculin face aux cinq jeunes candidates à la mairie. Si les femmes vont (aussi) en stade, ce sont les hommes qui parlent avenir de la Beaujoire et du club, musée du FCN ou actionnariat populaire. La parité n’est pas encore au rendez-vous.

On peut s’amuser de voir les candidates prendre place avec Florian Le Teuff , face au public : Margot Medkour (Nantes en commun) se retrouve à l’extrême gauche et Johanna Rolland à… l’extrême-droite avec, à ses côtés, Laurence Garnier. Entre elles, Julie Laernoes (EELV) et Valérie Oppelt (LREM).

Rien à redire l’organisation de ce débat : temps de parole minuté pour chacune des candidates, tirage au sort de l’ordre des interventions, assistance comptée, applaudissements polis, pas de réactions intempestives dans la (petite) salle des salons Mauduit. On était loin de l’ambiance en tribune à la Beaujoire et c’est peut-être le seul bémol de la soirée.

Car, finalement, tout le monde s’est accordé sur la création d’un musée du FCN, sur la réhabilitation (nécessaire !) du stade ou encore sur l’actionnariat populaire. Du coup, on peut regretter l’absence de tacles (même glissés…) qui aurait pu enflammer le public. L’arbitre Le Teuff n’a pas eu à sortir de carton.

Un CHU sur pilotis : une première à Nantes

CHU ACCUEIL

“Nantes inaugure le 1er hôpital sur pilotis au monde” : ce titre d’Ouest-France, en date du vendredi 13 août 2027, a largement été repris sur les réseaux sociaux. Cette “première mondiale” méritait bien un gros titre après les polémiques sur les dérapages budgétaires successifs qui ont vu l’ardoise initiale (1 milliard) passer finalement à… 1,9 milliard !

Anticipation ? Pas vraiment tant le projet de construction de ce nouvel équipement, présenté comme tout aussi nécessaire qu’un nouvel aéroport, semble rencontrer des vents contraires. Dès la présentation du projet, quelques critiques avaient pointé un certain nombre de risques, compte tenu du lieu d’implantation du futur CHU sur l’île de Nantes.

Des crues historiques

Au début des années 2000, il n’était pas encore question de réchauffement climatique, ni de montée générale des eaux dans l’estuaire et donc à Nantes. Sans remonter à celle, historique, de 1846, la crue centennale de 1910 avait provoqué l’inondation d’une partie de la ville durant un  mois et demi. Le quartier Madeleine-Champ de Mars avait été totalement inondé. On y circulait en barque dans les rues !

Plus près de nous, en 1995, les crues qui ont touché 43 départements n’ont pas épargné l’ensemble des Pays de la Loire et causé d’importants dégâts. Depuis, on se rassure avec la mise en place d’un Service de prévision des crues chargé de donner l’alerte aux responsables locaux (préfet, maires…) et de mobiliser les moyens de secours. Et on croise les doigts pour que les catastrophes d’hier ne se produisent pas demain.

CHU les pieds dans l’eau ?

Chapeau #JR2020
Durant les grandes crues, un cargo assurerait les services d’urgence du futur CHU

“Nantes face à la menace de la montée des eaux” : la page d’Ouest-France (en date du 10 décembre 2019) ne pouvait que réveiller le scepticisme sur la pertinence du déménagement du CHU. Carte scientifique à l’appui, le journal présentait en effet une ville en grande partie inondée en 2050 si rien n’est fait pour ralentir le réchauffement de la planète.

Le quotidien enfonçait le clou en rappelant que le futur (?) CHU sur l’île de Nantes se retrouvait “en première ligne”. Un ancien ingénieur, membre du Groupement d’analyses et d’études de Loire-Atlantique, rappelait avoir, depuis des années mais en vain, “pointé le risque de catastrophe”. Agathe Moureaud, du service de gestion et de prévention des risques à Nantes Métropole, appelle, elle aussi, à la prudence : « Dans le quartier Madeleine, l’eau pourrait monter jusqu’à un mètre de haut à certains endroits et même si dans la plupart des rues, elle ne dépasserait pas 50 centimètres, il faut tout de même s’y préparer. Surtout qu’elle pourrait mettre plusieurs semaines à redescendre, comme en 1910 où les inondations avaient duré un mois ».

Preuve que ce problème d’inondation potentielle est tout de même pris au sérieux, Nantes Métropole réfléchit à la consolidation de la levée de la Divatte à Saint-Sébatien-sur-Loire : une délibération est prévue à cet effet au Conseil métropolitain ! Lors de l’inondation de 1910, la levée de la Divatte avait en effet cédé, inondant les centaines d’hectares. À l’époque certains (complotistes, déjà ?) avaient évoqué un sabotage pour limiter les inondations à Nantes… Si le CHU s’installe sur l’île de Nantes, les maraîchers des bords de Loire sont prévenus : on pourra toujours faire baisser le niveau du fleuve en noyant quelques planches de mâche.

Mme la Maire rame…

En effet, malgré les risques encourus et les avertissements, Johanna Rolland persiste et signe : le CHU se fera là où il est prévu. Quitte à mettre en avant les réponses techniques au risque d’inondation : fondations de grande profondeur, cuvelage des locaux et des parkings en sous-sol. En gros, les chirurgiens ne seront pas obligés d’opérer en cuissardes et leurs voitures ne devront pas être amphibies.

Bien entendu, ces risques liés à la proximité du fleuve vont nécessiter des études et des réponses adaptées. De quoi faire s’envoler un peu plus le coût final de cet équipement.

Autre difficulté pointée depuis le départ : l’accès au futur ( ?)  équipement. Les ponts Anne-de-Bretagne  et Trois-continents sont d’ores et déjà saturés. Et ils devraient absorber quelque 10 000 véhicules supplémentaires par jour. Alors on imagine un nouveau pont mais les écolos n’en veulent pas… et une nouvelle ligne de tram. Sauf qu’on ne sait toujours pas où la faire passer. Autant dire qu’à ce jour, Mme la Maire rame…

La solution herblinoise

Si le déménagement du CHU s’impose pour des raisons de développement et de mise aux normes, l’idée de son implantation sur l’île de Nantes n’est pas de Johanna Rolland mais de son prédécesseur. Jean-Marc Ayrault aurait refusé en effet de faire cadeau de ce nouvel équipement à son ennemi intime de l’époque Charles Gautier. Le CHU resterait à Nantes.

L’ancien maire de Saint-Herblain pouvait légitimement présenter quelques atouts. Sur sa commune, le CHU Nord dispose toujours de réserves foncières susceptibles de répondre aux besoins d’un nouveau CHU. Et un tel équipement à cet endroit serait toujours plus facile d’accès qu’un CHU enclavé sur une ile de Nantes qui fait déjà face à des embouteillages matin et soir.

Un autre argument pour la solution herblinoise tient à l’implantation du cyclotron Arronax, un équipement de pointe pour la recherche en cancérologie et immunologie. Inauguré en 2008, l’équipement a coûté près de 37 millions dont 28 à la charge des collectivités territoriales et il accueille chaque année des équipes de recherche françaises et européennes.

Tout cela sera-t-il balayé demain d’un revers de main ? Si Johanna Rolland persiste dans son idée d’implanter le futur CHU sur l’île de Nantes, quid de ce Cyclotron et de la recherche médicale à Nantes ? Il est encore temps de se poser la question. Un CHU sur pilotis et une première mondiale ? On attend autre chose qu’une énième tentative pour noyer le poisson.

Plus de patates chaudes

Les patates chaudes de #JR2020

« Les emmerdes, ça vole en escadrille… » Johanna Rolland pourrait reprendre à son compte la délicate formule de Jacques Chirac. Il est vrai que la candidate-à-sa-succession se serait bien passé de voir ressurgir certains dossiers à la veille des prochaines élections.

Celle qui revendique d’entraîner derrière elle les Nantais “en confiance” ne sait plus trop quoi faire de certaines patates chaudes. #JR2020 peut certes reporter sur l’État les problèmes de sécurité et multiplier les communiqués pour dénoncer “avec la plus grande fermeté” les dégâts causés par des manifestants qu’elle soutient par ailleurs, il n’en est pas de même pour quelques projets qui ont du plomb dans l’aile.

On oubliera l’échec du transfert de l’aéroport pour ne pas faire de peine à ses amis socialistes. Qu’ont-ils fait lorsqu’ils contrôlaient la région, le département, la métropole et même… Matignon ? Rien. Outre que ce non-transfert n’a pas réglé le problème du développement du transport aérien, on se souvient que l’un des arguments des avocats de NDDL était de répéter : “si l’aéroport n’est pas transféré, impossible de construire le nouveau CHU”.

Curieusement, aujourd’hui, plus rien ne semble s’opposer à cette construction si ne n’est (une broutille ?) la perspective d’une montée des eaux suite au réchauffement climatique. De là à imaginer un projet de plus embourbé, il n’y a qu’une glissade mais nous y reviendrons.

Autres patates chaudes : le projet d’Arbre aux hérons dont on sait désormais qu’il coûtera plus cher que ce qu’en avait dit Pierre Oréfice (lire par ailleurs) et le transfert, ou non, du FCN aux frontières de l’agglomération. Après avoir laissé Pascal Bolo gérer les relations entre la Ville et Waldemar Kita, Johanna Rolland a décidé d’entrer elle-même en jeu. On espère qu’elle a de bons crampon car le terrain est glissant.

Sur l’ensemble de ces dossiers, tout irait (presque) bien si #JR2020 pouvait compter sur ses “amis” écolos auxquels elle garde quelques strapontins pour le second tour. Or lorsqu’on leur parle de ces dossiers, les Verts voient rouge… et ne semblent pas prêts à suivre Madame la maire “en confiance”.

Toujours plus d’insécurité

Police métropolitaine

De réunion de quartier en réunion de quartier, Madame la Maire l’assure : elle est « à l’écoute des Nantaises et des Nantais ». S’il en était besoin, une photo dans le journal pourrait en témoigner. Une poignée de militants sur le cliché et Johanna Rolland, tout sourire, peut repartir.

Il reste que ces visites ne trompent personne. Une fois le cortège reparti, la réalité s’impose : la situation dans les quartiers sensibles continue de se dégrader. À Malakoff qui avait vu sa médiathèque saccagée lors des émeutes de l’été 2018, c’est au tour du centre médical pour les jeunes enfants de plier bagage. En cause “la multiplication des incidents”. Le lieu, de l’avis de l’équipe en place, est “devenu dangereux pour les salariés”. Ouvert en janvier 2018, le centre médico-social n’aura pas tenu deux ans. C’est toujours mieux, direz-vous, que l’installation de Royal de Luxe à Bellevue.

Lorsqu’il y a le feu, il convient de réagir. Johanna Rolland a donc, en urgence, fait valider par Nantes Métropole la création d’une police métropolitaine. La presse s’empresse d’indiquer que cette initiative figurait au programme de la candidate-à-sa-succession. Réclamée en vain par l’opposition accusée d’instrumentaliser l’insécurité, la création d’une trentaine de postes de police municipale a donc été votée vite fait sur proposition de… Johanna Rolland ! Et le tour est joué.

Pour faire bonne mesure, Madame la Maire a décidé de se débarrasser de son adjoint à Malakoff. Adjoint à la Culture, mais aussi en charge de ce quartier, David Martineau a été informé qu’il pouvait retourner à la vie civile. À défaut de contrôler ce qui se passe dans les quartiers de Nantes, #JR2020 avait besoin de faire la démonstration de son autorité. Exit donc David Martineau. Pas sûr que ça suffise à ramener la tranquillité à Malakoff dont les habitants se disent aujourd’hui “orphelins”.

Quatre casquettes et un enterrement

Quand Pierre Orefice parle de l’Arbre aux Hérons,  il porte quatre casquettes à la fois :

  1. En tant que co-créateur du projet, il a déjà obtenu 70.000 euros H.T. de droits d’auteur versés par Nantes Métropole pour une simple idée, simplement sur sa bonne mine, sans début de réalisation, sans même savoir si le projet est faisable.
  2. En tant que salarié de la société Le Voyage à Nantes, il dirige les Machines de l’île. Juridiquement, les Machines n’ont aucun lien avec l’Arbre aux Hérons, qui est un projet de Nantes Métropole. Mais elles en font la propagande à longueur d’années et ont créé de nombreux dispositifs qui lui sont destinés (en dernier lieu le Paresseux), financés par des subventions d’équipement de la métropole.
  3. En tant que collaborateur mis à disposition du Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons, il recherche des mécènes qui co-financeront la création de l’attraction.
  4. En tant que co-attributaire, avec François Delarozière et l’association La Machine, d’un marché d’étude confié par Nantes Métropole, il est chargé de définir le projet d’Arbre aux Hérons.

Pierre Orefice a beau être un surhomme, ses journées n’ont que 24 heures. Il ne peut pas tout faire bien à la fois. Après avoir plusieurs fois annoncé que quarante mécènes s’étaient engagés à financer son Arbre (troisième casquette), il ne peut plus en montrer que dix-sept. Quant à l’étude de définition du projet attribuée le 20 décembre 2017 (quatrième casquette), qui devait durer deux ans, elle est repartie pour un tour.

Un prestataire qui ne rend pas son travail en temps et en heure doit en général payer une pénalité. Ici, c’est tout le contraire : le conseil métropolitain du mois d’octobre a accordé aux attributaires 1,4 million d’euros de budget en rab’, en plus des 2,75 millions prévus à l’origine.

En fait, on se demande même si Pierre Orefice a lu l’intitulé de la mission : « étude de définition du projet d’arbre aux Hérons permettant de confirmer sa faisabilité dans le respect des contraintes du site retenu, du coût d’opération défini et des contraintes réglementaires applicables à ce type d’équipement ».

Or il vient de déclarer à Ouest-France (5 décembre) que le coût de construction de l’Arbre ne pourra être finalisé qu’une fois toutes les études réalisées. Relisons donc l’intitulé officiel ci-dessus : la mission vise à confirmer la faisabilité de l’Arbre dans le respect du coût d’opération défini. Curieusement, ce coût d’opération défini n’est pas d’indiqué dans l’avis d’attribution du marché. Mais il a été maintes fois affiché officiellement : 35 millions d’euros.

Et voilà que Pierre Orefice, après avoir plusieurs fois cité lui-même ce montant déjà colossal, laisse entendre clairement qu’il faudra davantage d’argent. Selon lui, donc, l’Arbre n’est pas faisable dans le respect du coût d’opération défini. Puisque l’une des trois conditions posées (respect des contraintes du site, du coût d’opération et des contraintes réglementaires) est hors d’atteinte, à quoi bon continuer ? Il ne reste qu’à enterrer le projet.

Johanna Rolland lui a néanmoins accordé encore plus de temps et d’argent. Ce n’est pourtant pas en augmentant le coût des études qu’on ramènera le budget dans les clous ! Mais c’est peut-être en prolongeant la durée de l’étude qu’on parviendra à passer le cap des élections municipales. Encore un instant, monsieur le bûcheron !

Sven Jelure

CAP44 : la surprise de Johanna Rolland

CAP44… Johanna Rolland et son comité scientifique nous réservent une surprise de taille. Le démantèlement partiel du patrimoine industriel mondial sera compensé par une nouvelle réalisation à la nantaise. Une évocation contemporaine des Grands Moulins de Loire que les Nantaises et les Nantais ne manqueront pas de nommer « L’Éolienne jaune ». 

Ce projet titanesque devrait non seulement accompagner l’ouverture de la Cité de l’imaginaire, mais aussi contribuer à réduire l’empreinte carbone catastrophique de la pompe de relevage de la chute d’eau du Jardin extraordinaire.

Décidément, l’équipe #JR2020 nous étonne chaque semaine un peu plus.

Chapeau JR !

Victor Hublot

L’Arbre aux hérons deviendrait l’Arbre aux pythons

C’est bien sûr à mettre au conditionnel, nos équipes n’ayant pour l’instant pas de confirmation de la part des services culturels de la métropole, le futur départ de l’actuel adjoint à la culture de Nantes ayant pas mal modifié les agendas locaux. Ce n’est donc pour l’instant qu’une rumeur que Nantesplus vous livre. Ce serait une évolution autant zoologique qu’économique.
Plusieurs raisons auraient présidé à ce revirement stratégique.   
• La première est qu’il serait plus aisé pour Pierre Oréfice et François Delarozière de soutenir Johanna Rolland, en faisant directement le lien avec le célèbre « Aie confiance… »* de Kaa, le python du Livre de la jungle de Kipling (1884) ; 
• La deuxième, plus durable, permettrait de créer un lien très malin avec le monde de Disney qui reste le leader sur le marché des parcs d’attractions (David Martineau n’aurait pas réussi à faire implanter le deuxième Disneyland français sur l’île de Nantes) ;

  

• La troisième serait économique : le python ne vole pas, il passe le plus clair de son temps lové au soleil. La Machine n’aurait qu’à imaginer un mécanisme qui permet au python de se dresser face aux visiteurs deux à trois fois par jour pour entonner un « Aaaaiiie confiaaaannnnnnce ! » moins coûteux qu’une tour Eiffel à l’envers qui ferait tourner des nacelles grimées en héron.
• La quatrième, économique également, serait double. Il suffirait, sans en modifier le sens, de remplacer « hérons » par «python » dans tout les contrats et publications, et de déplacer la virgule d’un chiffre vers la gauche (!) dans les comptes, puisque le coût passerait d’une grosse quarantaine de millions d’euros à 4 petits millions tout rikikis. 
Si cela se confirmait, nous pourrions dire : 
« Chapeau #JR2020 ! Ça c’est politique ! »
Les Nantesplus vous en diront plus dès qu’ils en savent plus ! 

 

V. H.

* Johanna Rolland, candidate à sa succession, a choisi « Nantes en confiance » comme slogan de campagne électorale

Plus (ou moins) de mécènes pour l’Arbre aux Hérons

Héron sans rond

Avant même la création du Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons ses initiateurs avaient pris soin de déposer le nom de domaine arbreauxhérons.fr. Puis ils l’ont laissé dormir un bon moment. Enfin, ce 22 novembre, un courriel adressé aux contributeurs de la campagne Kickstarter leur a annoncé l’ouverture du site.

L’ouverture officielle, du moins, car il était déjà accessible depuis un bout de temps. En fait, son état de finition aurait plutôt reculé. Au lieu d’un élégant vol de hérons animé en 3D, la page d’accueil affiche aujourd’hui un gros « 404 » (ce code http ne désigne pas une vieille Peugeot mais une page web inexistante ou introuvable).

Le site est peu fourni. Les donateurs de la campagne Kickstarter du printemps 2018 peuvent y afficher leur « titre de copartage »numéroté et nominatif. Il aurait dû être « vérifiable à tout moment sur le site des Machines de l’île » (la promesse figure encore en toutes lettres sur Kickstarter). Les lecteurs de Nantes Plus se souviennent que ces titres ont été ouverts à tous vents pendant un moment. À présent, il faut quand même déclarer à la fois son numéro de titre et son adresse électronique – mais celui qui voudrait afficher le titre de Pierre Orefice y parviendrait sans peine. La page n’est pas sécurisée, c’est écrit en rouge. Je m’inquiète un peu : mon titre de copartage est-il à la merci des cambrioleurs ?).

Quatre catégories de mécènes, dont une vide

La page vraiment intéressante est celle des mécènes. On se rappelle que l’Arbre aux Hérons doit être financé à hauteur d’un tiers, soit une douzaine de millions d’euros au compte actuel, par le secteur privé. Johanna Rolland compte que les entreprises se dévoueront. Depuis des mois, Pierre Orefice annonçait qu’au moins quarante mécènes s’étaient déclarés ; l’affirmation est encore visible sur le site de Nantes Métropole. Ils attendaient juste un rescrit fiscal grâce auquel ils pourraient déduire une partie de leur don de leurs impôts.

Ce rescrit a été délivré en juillet(1). Les mécènes n’avaient plus qu’à signer. On attendait avec curiosité et impatience la liste des 40 valeurs. Quatre mois plus tard, la liste est bien là, affichée sur le site. Les mécènes y sont répartis en quatre catégories selon l’importance de leur don :

  • Héron Impérial (500.000 euros et plus)
  • Héron Goliath (200.000 à 499.000 euros)
  • Grand Héron (50.000 à 199.000 euros)
  • Héron Cendré (5.000 à 49.000 euros)

En catégorie Héron Impérial, c’est simple : il n’y a que le Crédit Mutuel, engagé dans le projet depuis des années ; il aurait promis 1,5 million d’euros.

En catégorie Héron Goliath, c’est encore plus simple : personne.

La catégorie Grand Héron aligne Cryo-West (peinture industrielle), SFCMM (métallurgie), Adekma (manutention, transports), Harmonie Mutuelle (mutuelle santé), UIMM (syndicat patronal), Maison Berjac (commerce de gros), Atlantis (centre commercial), Les Pépinières du Val d’Erdre (pépiniériste), Dintec (moteurs) et Brémond (promotion immobilière).

Côté Héron Cendré, on trouve CEMétal (métallurgie), Guilberteau (menuiserie), Eugénie (boulangerie), Bélénos (serrurerie, plomberie), Thierry Immobilier (immobilier) et l’association Plein Centre. Oui, l’Arbre aux Hérons apaise la concurrence : les commerçants du centre-ville s’allient à Atlantis pour le promouvoir, même si le héron cendré des uns fait parent pauvre face au grand héron de l’autre…

Des mécènes pas pressés de tenir leurs promesses

Dix-sept mécènes, donc : il en manque vingt-trois pour arriver aux quarante censés avoir déjà dit oui. La plupart d’entre eux s’étaient déclarés depuis longtemps. Ouest France, par exemple, en recensait quinze voici trois ans. Et le Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons avait déjà engrangé 1,39 million d’euros de promesses de dons de la part d’entreprises mécènes en 2018. À ce jour, exception faite du Crédit Mutuel, le total des engagements des mécènes est compris entre 2.284.000 euros au maximum et 530.000 euros au minimum. La récolte 2019 ne paraît pas très abondante. On l’espère quand même supérieure aux frais de fonctionnement du Fonds (455.000 euros l’an dernier).

Certains mécènes annoncés naguère (Kéran, Idea, La Fraiseraie, Vinci…) sont absents de la liste publiée sur arbreauxherons.fr. Ils vont peut-être se réveiller et déverser des millions. Il serait temps ! Karine Daniel, ancienne députée socialiste et directrice du Fonds, tire des sonnettes depuis près de deux ans afin de financer un projet annoncé il y a quinze ans. Or pour le moment la somme totale réunie n’atteint probablement pas le quart de ce qu’il faudrait pour lancer la construction. La « confiance » revendiquée par la candidate aux municipales Johanna Rolland ne règne pas.

Sven Jelure

(1) Un rescrit peut être remis en cause si les conditions du demandeur changent. Nantes Métropole a décidé en octobre 2019, après la délivrance du rescrit donc, de modifier l’objet du Fonds de dotation pour l’étendre au financement du « Jardin extraordinaire ». La sécurité juridique ne règne pas plus que la confiance.

Toujours plus de confiance ?

Avoir confiance...

La campagne municipale est (enfin ?) lancée. Avec son lot de promesses et… de surprises. Surprise que de voir Johanna Rolland (#JR2020) installer sa permanence électorale dans… une impasse. Surprise encore que de découvrir un slogan – Nantes en confiance – qui a fait sourire quelques mauvais esprits. Que dire à des conseillers en com en mal d’inspiration ? Qu’ils ont inconsciemment choisi ce slogan pour éviter toute fuite ? Qu’ils sont noyautés par des agents cryptomacroniens (« en confiance » était la formule de politesse de la « Lettre aux Français » d’Emmanuel Macron, en janvier dernier) ?

Reste la réalité du terrain. Au message commun à tous les candidats – “ça ira mieux demain” – , l’actualité invite parfois à espérer que ça puisse aller un peu mieux. Ce qui s’est passé, autour de l’installation de Royal de Luxe à Bellevue, est, de ce point de vue, révélateur. À peine installée, l’œuvre a été incendiée. Et il s’est trouvé des jeunes du quartier pour poster, sur les réseaux sociaux, des images de ce saccage.

“Nous ne renoncerons pas…” La réponse de Johanna Rolland a été aussi ferme qu’un énième communiqué au lendemain d’une manif des gilets jaunes pour  consoler les commerçants et habitants du centre-ville. Errare, humanum est, perseverare diabolicum, disait-on au temps de Sénèque. Qu’importe. À lire la presse, “les habitants de Bellevue ont adoré cette création…”. Tout va donc pour le mieux. On peut même, pour se rassurer, reprendre les (vieux) éléments de langage de la com municipale sur la culture qui est “l’ADN de cette ville” et voir, dans cette énième dégradation, la conséquence d’une lutte engagée, dans ce quartier, contre les trafics de drogue. On se pince pour y croire.

Petit rappel, au besoin, au risque de remettre en cause ce discours officiel. Un colloque, organisé en grande pompe à Nantes en 2018, avait donné quelques pistes pour une politique culturelle de reconquête des quartiers : ne pas faire des choses “pour” les gens mais faire des choses “avec” eux. Exactement le contraire de ce qui a été fait à Bellevue. On a cru (ou fait semblant de croire…) que pour reconquérir Bellevue, il suffisait de donner 570 000 euros à Royal de luxe pour animer le quartier. Pour quels résultats ?

Il serait facile de dire que ces 570 000 euros sont aujourd’hui partis en fumée. Par contre, une chose est sûre, redire après ça que “ça rira mieux demain” (air connu) peut paraître un peu court. Confiance, dites-vous ? Le service com a beau en remettre une couche (!), ce n’est pas gagné.

#JR2020 : plus transparente que jamais

#JR2020... J'lui trouve un ptit gout d'com...

“Johanna Rolland prône davantage de transparence et d’exemplarité…” (Presse-Océan). Pour la presse (et les réseaux sociaux !), ce jeudi 14 novembre serait donc une journée historique. Promis, juré, la candidate-à-sa-succession ferait au cours de son nouveau mandat ce qu’elle n’a pas pu faire pendant six ans. Et tans pis pour celles et ceux qui trouvaient déjà sa gestion exemplaire.

À peine élue, Johanna Rolland avait déjà promis, en 2014, une “nouvelle gouvernance”. Une formule, aujourd’hui oubliée, dont on peut se demander ce qu’elle a changé. Johanna Rolland s’est inscrite dans la parfaite continuité d’une gestion en place depuis… 1989 ! Qu’importe. De nouveaux éléments de langage ont été fournis par les “communicants” de Nantes et de Nantes Métropole réunies qui, depuis quelques mois, n’ont plus d’autre mission que la campagne #JR2020.

Cet axe de la transparence a toutefois ses limites : il souligne, en creux, que tout ne serait pas clair dans la gestion municipale, revendiquée pourtant “au service des Nantaises et des Nantais”. En d’autres termes, la “nouvelle gouvernance”, promise en 2014, n’y aurait rien changé : les décisions continueraient à être prises dans la plus grande opacité. Mais, promis juré, tout va changer. On songe même à créer, pour ce faire, un poste de “déontologue”. Nul doute que ce poste à pourvoir est de nature à faire plaisir à un membre rapproché de l’équipe #JR2020.

Quelques mauvais esprits ont déjà ironisé, trouvant la candidate-à-sa-succession déjà très transparente. Alors, pour ne pas faire de procès d’intention et en attendant la prise en compte, dans les faits, de ce renforcement de transparence, il est prudent d’attendre… pour y voir plus clair.