Toujours plus d’insécurité

Police métropolitaine

De réunion de quartier en réunion de quartier, Madame la Maire l’assure : elle est « à l’écoute des Nantaises et des Nantais ». S’il en était besoin, une photo dans le journal pourrait en témoigner. Une poignée de militants sur le cliché et Johanna Rolland, tout sourire, peut repartir.

Il reste que ces visites ne trompent personne. Une fois le cortège reparti, la réalité s’impose : la situation dans les quartiers sensibles continue de se dégrader. À Malakoff qui avait vu sa médiathèque saccagée lors des émeutes de l’été 2018, c’est au tour du centre médical pour les jeunes enfants de plier bagage. En cause “la multiplication des incidents”. Le lieu, de l’avis de l’équipe en place, est “devenu dangereux pour les salariés”. Ouvert en janvier 2018, le centre médico-social n’aura pas tenu deux ans. C’est toujours mieux, direz-vous, que l’installation de Royal de Luxe à Bellevue.

Lorsqu’il y a le feu, il convient de réagir. Johanna Rolland a donc, en urgence, fait valider par Nantes Métropole la création d’une police métropolitaine. La presse s’empresse d’indiquer que cette initiative figurait au programme de la candidate-à-sa-succession. Réclamée en vain par l’opposition accusée d’instrumentaliser l’insécurité, la création d’une trentaine de postes de police municipale a donc été votée vite fait sur proposition de… Johanna Rolland ! Et le tour est joué.

Pour faire bonne mesure, Madame la Maire a décidé de se débarrasser de son adjoint à Malakoff. Adjoint à la Culture, mais aussi en charge de ce quartier, David Martineau a été informé qu’il pouvait retourner à la vie civile. À défaut de contrôler ce qui se passe dans les quartiers de Nantes, #JR2020 avait besoin de faire la démonstration de son autorité. Exit donc David Martineau. Pas sûr que ça suffise à ramener la tranquillité à Malakoff dont les habitants se disent aujourd’hui “orphelins”.

Quatre casquettes et un enterrement

Quand Pierre Orefice parle de l’Arbre aux Hérons,  il porte quatre casquettes à la fois :

  1. En tant que co-créateur du projet, il a déjà obtenu 70.000 euros H.T. de droits d’auteur versés par Nantes Métropole pour une simple idée, simplement sur sa bonne mine, sans début de réalisation, sans même savoir si le projet est faisable.
  2. En tant que salarié de la société Le Voyage à Nantes, il dirige les Machines de l’île. Juridiquement, les Machines n’ont aucun lien avec l’Arbre aux Hérons, qui est un projet de Nantes Métropole. Mais elles en font la propagande à longueur d’années et ont créé de nombreux dispositifs qui lui sont destinés (en dernier lieu le Paresseux), financés par des subventions d’équipement de la métropole.
  3. En tant que collaborateur mis à disposition du Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons, il recherche des mécènes qui co-financeront la création de l’attraction.
  4. En tant que co-attributaire, avec François Delarozière et l’association La Machine, d’un marché d’étude confié par Nantes Métropole, il est chargé de définir le projet d’Arbre aux Hérons.

Pierre Orefice a beau être un surhomme, ses journées n’ont que 24 heures. Il ne peut pas tout faire bien à la fois. Après avoir plusieurs fois annoncé que quarante mécènes s’étaient engagés à financer son Arbre (troisième casquette), il ne peut plus en montrer que dix-sept. Quant à l’étude de définition du projet attribuée le 20 décembre 2017 (quatrième casquette), qui devait durer deux ans, elle est repartie pour un tour.

Un prestataire qui ne rend pas son travail en temps et en heure doit en général payer une pénalité. Ici, c’est tout le contraire : le conseil métropolitain du mois d’octobre a accordé aux attributaires 1,4 million d’euros de budget en rab’, en plus des 2,75 millions prévus à l’origine.

En fait, on se demande même si Pierre Orefice a lu l’intitulé de la mission : « étude de définition du projet d’arbre aux Hérons permettant de confirmer sa faisabilité dans le respect des contraintes du site retenu, du coût d’opération défini et des contraintes réglementaires applicables à ce type d’équipement ».

Or il vient de déclarer à Ouest-France (5 décembre) que le coût de construction de l’Arbre ne pourra être finalisé qu’une fois toutes les études réalisées. Relisons donc l’intitulé officiel ci-dessus : la mission vise à confirmer la faisabilité de l’Arbre dans le respect du coût d’opération défini. Curieusement, ce coût d’opération défini n’est pas d’indiqué dans l’avis d’attribution du marché. Mais il a été maintes fois affiché officiellement : 35 millions d’euros.

Et voilà que Pierre Orefice, après avoir plusieurs fois cité lui-même ce montant déjà colossal, laisse entendre clairement qu’il faudra davantage d’argent. Selon lui, donc, l’Arbre n’est pas faisable dans le respect du coût d’opération défini. Puisque l’une des trois conditions posées (respect des contraintes du site, du coût d’opération et des contraintes réglementaires) est hors d’atteinte, à quoi bon continuer ? Il ne reste qu’à enterrer le projet.

Johanna Rolland lui a néanmoins accordé encore plus de temps et d’argent. Ce n’est pourtant pas en augmentant le coût des études qu’on ramènera le budget dans les clous ! Mais c’est peut-être en prolongeant la durée de l’étude qu’on parviendra à passer le cap des élections municipales. Encore un instant, monsieur le bûcheron !

Sven Jelure

CAP44 : la surprise de Johanna Rolland

CAP44… Johanna Rolland et son comité scientifique nous réservent une surprise de taille. Le démantèlement partiel du patrimoine industriel mondial sera compensé par une nouvelle réalisation à la nantaise. Une évocation contemporaine des Grands Moulins de Loire que les Nantaises et les Nantais ne manqueront pas de nommer « L’Éolienne jaune ». 

Ce projet titanesque devrait non seulement accompagner l’ouverture de la Cité de l’imaginaire, mais aussi contribuer à réduire l’empreinte carbone catastrophique de la pompe de relevage de la chute d’eau du Jardin extraordinaire.

Décidément, l’équipe #JR2020 nous étonne chaque semaine un peu plus.

Chapeau JR !

Victor Hublot

L’Arbre aux hérons deviendrait l’Arbre aux pythons

C’est bien sûr à mettre au conditionnel, nos équipes n’ayant pour l’instant pas de confirmation de la part des services culturels de la métropole, le futur départ de l’actuel adjoint à la culture de Nantes ayant pas mal modifié les agendas locaux. Ce n’est donc pour l’instant qu’une rumeur que Nantesplus vous livre. Ce serait une évolution autant zoologique qu’économique.
Plusieurs raisons auraient présidé à ce revirement stratégique.   
• La première est qu’il serait plus aisé pour Pierre Oréfice et François Delarozière de soutenir Johanna Rolland, en faisant directement le lien avec le célèbre « Aie confiance… »* de Kaa, le python du Livre de la jungle de Kipling (1884) ; 
• La deuxième, plus durable, permettrait de créer un lien très malin avec le monde de Disney qui reste le leader sur le marché des parcs d’attractions (David Martineau n’aurait pas réussi à faire implanter le deuxième Disneyland français sur l’île de Nantes) ;

  

• La troisième serait économique : le python ne vole pas, il passe le plus clair de son temps lové au soleil. La Machine n’aurait qu’à imaginer un mécanisme qui permet au python de se dresser face aux visiteurs deux à trois fois par jour pour entonner un « Aaaaiiie confiaaaannnnnnce ! » moins coûteux qu’une tour Eiffel à l’envers qui ferait tourner des nacelles grimées en héron.
• La quatrième, économique également, serait double. Il suffirait, sans en modifier le sens, de remplacer « hérons » par «python » dans tout les contrats et publications, et de déplacer la virgule d’un chiffre vers la gauche (!) dans les comptes, puisque le coût passerait d’une grosse quarantaine de millions d’euros à 4 petits millions tout rikikis. 
Si cela se confirmait, nous pourrions dire : 
« Chapeau #JR2020 ! Ça c’est politique ! »
Les Nantesplus vous en diront plus dès qu’ils en savent plus ! 

 

V. H.

* Johanna Rolland, candidate à sa succession, a choisi « Nantes en confiance » comme slogan de campagne électorale

Plus (ou moins) de mécènes pour l’Arbre aux Hérons

Héron sans rond

Avant même la création du Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons ses initiateurs avaient pris soin de déposer le nom de domaine arbreauxhérons.fr. Puis ils l’ont laissé dormir un bon moment. Enfin, ce 22 novembre, un courriel adressé aux contributeurs de la campagne Kickstarter leur a annoncé l’ouverture du site.

L’ouverture officielle, du moins, car il était déjà accessible depuis un bout de temps. En fait, son état de finition aurait plutôt reculé. Au lieu d’un élégant vol de hérons animé en 3D, la page d’accueil affiche aujourd’hui un gros « 404 » (ce code http ne désigne pas une vieille Peugeot mais une page web inexistante ou introuvable).

Le site est peu fourni. Les donateurs de la campagne Kickstarter du printemps 2018 peuvent y afficher leur « titre de copartage »numéroté et nominatif. Il aurait dû être « vérifiable à tout moment sur le site des Machines de l’île » (la promesse figure encore en toutes lettres sur Kickstarter). Les lecteurs de Nantes Plus se souviennent que ces titres ont été ouverts à tous vents pendant un moment. À présent, il faut quand même déclarer à la fois son numéro de titre et son adresse électronique – mais celui qui voudrait afficher le titre de Pierre Orefice y parviendrait sans peine. La page n’est pas sécurisée, c’est écrit en rouge. Je m’inquiète un peu : mon titre de copartage est-il à la merci des cambrioleurs ?).

Quatre catégories de mécènes, dont une vide

La page vraiment intéressante est celle des mécènes. On se rappelle que l’Arbre aux Hérons doit être financé à hauteur d’un tiers, soit une douzaine de millions d’euros au compte actuel, par le secteur privé. Johanna Rolland compte que les entreprises se dévoueront. Depuis des mois, Pierre Orefice annonçait qu’au moins quarante mécènes s’étaient déclarés ; l’affirmation est encore visible sur le site de Nantes Métropole. Ils attendaient juste un rescrit fiscal grâce auquel ils pourraient déduire une partie de leur don de leurs impôts.

Ce rescrit a été délivré en juillet(1). Les mécènes n’avaient plus qu’à signer. On attendait avec curiosité et impatience la liste des 40 valeurs. Quatre mois plus tard, la liste est bien là, affichée sur le site. Les mécènes y sont répartis en quatre catégories selon l’importance de leur don :

  • Héron Impérial (500.000 euros et plus)
  • Héron Goliath (200.000 à 499.000 euros)
  • Grand Héron (50.000 à 199.000 euros)
  • Héron Cendré (5.000 à 49.000 euros)

En catégorie Héron Impérial, c’est simple : il n’y a que le Crédit Mutuel, engagé dans le projet depuis des années ; il aurait promis 1,5 million d’euros.

En catégorie Héron Goliath, c’est encore plus simple : personne.

La catégorie Grand Héron aligne Cryo-West (peinture industrielle), SFCMM (métallurgie), Adekma (manutention, transports), Harmonie Mutuelle (mutuelle santé), UIMM (syndicat patronal), Maison Berjac (commerce de gros), Atlantis (centre commercial), Les Pépinières du Val d’Erdre (pépiniériste), Dintec (moteurs) et Brémond (promotion immobilière).

Côté Héron Cendré, on trouve CEMétal (métallurgie), Guilberteau (menuiserie), Eugénie (boulangerie), Bélénos (serrurerie, plomberie), Thierry Immobilier (immobilier) et l’association Plein Centre. Oui, l’Arbre aux Hérons apaise la concurrence : les commerçants du centre-ville s’allient à Atlantis pour le promouvoir, même si le héron cendré des uns fait parent pauvre face au grand héron de l’autre…

Des mécènes pas pressés de tenir leurs promesses

Dix-sept mécènes, donc : il en manque vingt-trois pour arriver aux quarante censés avoir déjà dit oui. La plupart d’entre eux s’étaient déclarés depuis longtemps. Ouest France, par exemple, en recensait quinze voici trois ans. Et le Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons avait déjà engrangé 1,39 million d’euros de promesses de dons de la part d’entreprises mécènes en 2018. À ce jour, exception faite du Crédit Mutuel, le total des engagements des mécènes est compris entre 2.284.000 euros au maximum et 530.000 euros au minimum. La récolte 2019 ne paraît pas très abondante. On l’espère quand même supérieure aux frais de fonctionnement du Fonds (455.000 euros l’an dernier).

Certains mécènes annoncés naguère (Kéran, Idea, La Fraiseraie, Vinci…) sont absents de la liste publiée sur arbreauxherons.fr. Ils vont peut-être se réveiller et déverser des millions. Il serait temps ! Karine Daniel, ancienne députée socialiste et directrice du Fonds, tire des sonnettes depuis près de deux ans afin de financer un projet annoncé il y a quinze ans. Or pour le moment la somme totale réunie n’atteint probablement pas le quart de ce qu’il faudrait pour lancer la construction. La « confiance » revendiquée par la candidate aux municipales Johanna Rolland ne règne pas.

Sven Jelure

(1) Un rescrit peut être remis en cause si les conditions du demandeur changent. Nantes Métropole a décidé en octobre 2019, après la délivrance du rescrit donc, de modifier l’objet du Fonds de dotation pour l’étendre au financement du « Jardin extraordinaire ». La sécurité juridique ne règne pas plus que la confiance.

Toujours plus de confiance ?

Avoir confiance...

La campagne municipale est (enfin ?) lancée. Avec son lot de promesses et… de surprises. Surprise que de voir Johanna Rolland (#JR2020) installer sa permanence électorale dans… une impasse. Surprise encore que de découvrir un slogan – Nantes en confiance – qui a fait sourire quelques mauvais esprits. Que dire à des conseillers en com en mal d’inspiration ? Qu’ils ont inconsciemment choisi ce slogan pour éviter toute fuite ? Qu’ils sont noyautés par des agents cryptomacroniens (« en confiance » était la formule de politesse de la « Lettre aux Français » d’Emmanuel Macron, en janvier dernier) ?

Reste la réalité du terrain. Au message commun à tous les candidats – “ça ira mieux demain” – , l’actualité invite parfois à espérer que ça puisse aller un peu mieux. Ce qui s’est passé, autour de l’installation de Royal de Luxe à Bellevue, est, de ce point de vue, révélateur. À peine installée, l’œuvre a été incendiée. Et il s’est trouvé des jeunes du quartier pour poster, sur les réseaux sociaux, des images de ce saccage.

“Nous ne renoncerons pas…” La réponse de Johanna Rolland a été aussi ferme qu’un énième communiqué au lendemain d’une manif des gilets jaunes pour  consoler les commerçants et habitants du centre-ville. Errare, humanum est, perseverare diabolicum, disait-on au temps de Sénèque. Qu’importe. À lire la presse, “les habitants de Bellevue ont adoré cette création…”. Tout va donc pour le mieux. On peut même, pour se rassurer, reprendre les (vieux) éléments de langage de la com municipale sur la culture qui est “l’ADN de cette ville” et voir, dans cette énième dégradation, la conséquence d’une lutte engagée, dans ce quartier, contre les trafics de drogue. On se pince pour y croire.

Petit rappel, au besoin, au risque de remettre en cause ce discours officiel. Un colloque, organisé en grande pompe à Nantes en 2018, avait donné quelques pistes pour une politique culturelle de reconquête des quartiers : ne pas faire des choses “pour” les gens mais faire des choses “avec” eux. Exactement le contraire de ce qui a été fait à Bellevue. On a cru (ou fait semblant de croire…) que pour reconquérir Bellevue, il suffisait de donner 570 000 euros à Royal de luxe pour animer le quartier. Pour quels résultats ?

Il serait facile de dire que ces 570 000 euros sont aujourd’hui partis en fumée. Par contre, une chose est sûre, redire après ça que “ça rira mieux demain” (air connu) peut paraître un peu court. Confiance, dites-vous ? Le service com a beau en remettre une couche (!), ce n’est pas gagné.

#JR2020 : plus transparente que jamais

#JR2020... J'lui trouve un ptit gout d'com...

“Johanna Rolland prône davantage de transparence et d’exemplarité…” (Presse-Océan). Pour la presse (et les réseaux sociaux !), ce jeudi 14 novembre serait donc une journée historique. Promis, juré, la candidate-à-sa-succession ferait au cours de son nouveau mandat ce qu’elle n’a pas pu faire pendant six ans. Et tans pis pour celles et ceux qui trouvaient déjà sa gestion exemplaire.

À peine élue, Johanna Rolland avait déjà promis, en 2014, une “nouvelle gouvernance”. Une formule, aujourd’hui oubliée, dont on peut se demander ce qu’elle a changé. Johanna Rolland s’est inscrite dans la parfaite continuité d’une gestion en place depuis… 1989 ! Qu’importe. De nouveaux éléments de langage ont été fournis par les “communicants” de Nantes et de Nantes Métropole réunies qui, depuis quelques mois, n’ont plus d’autre mission que la campagne #JR2020.

Cet axe de la transparence a toutefois ses limites : il souligne, en creux, que tout ne serait pas clair dans la gestion municipale, revendiquée pourtant “au service des Nantaises et des Nantais”. En d’autres termes, la “nouvelle gouvernance”, promise en 2014, n’y aurait rien changé : les décisions continueraient à être prises dans la plus grande opacité. Mais, promis juré, tout va changer. On songe même à créer, pour ce faire, un poste de “déontologue”. Nul doute que ce poste à pourvoir est de nature à faire plaisir à un membre rapproché de l’équipe #JR2020.

Quelques mauvais esprits ont déjà ironisé, trouvant la candidate-à-sa-succession déjà très transparente. Alors, pour ne pas faire de procès d’intention et en attendant la prise en compte, dans les faits, de ce renforcement de transparence, il est prudent d’attendre… pour y voir plus clair.

Cap 44 ou le futur raboté

#JR2020

« Raser Cap 44 ? Vous n’y pensez pas… »
Il y a quelques mois, Johanna Rolland avait été très ferme : non, la Ville n’envisageait pas de rayer du paysage ce bâtiment du patrimoine industriel nantais. Ce 6 novembre, la-candidate-à-sa-succession confirme ce que chacun savait : on ne rasera pas Cap 44, on va juste “abaisser” la partie Est du bâtiment. Qu’en termes élégants, ces choses-là sont dites.

Pour justifier une décision personnelle (“j’ai fait le choix…”), Johanna Rolland s’appuie sur la consultation des citoyens et sur l’avis d’un comité scientifique. La liste des membres de ce “comité” ne manque pas d’intérêt. On y trouve un scénariste, le directeur de la Cité des Congrès, un vice-président de l’Université, le directeur du Jardin des plantes… et Pierre Oréfice ainsi que François Delarozière qui avaient obtenu de madame la Maire que le bâtiment, accusé de faire de l’ombre à leur projet d’Arbre aux hérons, serait “abaissé” dans sa partie Est.

Dites comme ça, les choses sont plus claires. La communication municipale, elle, ne parlera que d’un “grand projet”, d’un “nouveau Musée Jules Verne”, d’une “cité de l’imaginaire”. Excellente idée a priori que d’honorer ainsi la mémoire et la vision de Jules Verne dans sa ville. Mais faut-il parler de “vision” lorsqu’on redéfinit les dimensions du bâtiment avant de lancer le concours d’architectes, annoncé pour… 2021 ? Avec le cahier des charges imposé par la mairie, on ne risque pas d’avoir une “pointure” se prêter à ce (petit) jeu de démolition/reconstruction.

En résumé : le futur Cap 44 sera bas de plafond. C’est donc un projet “terriblement nantais” pour reprendre les éléments de langage soufflés à la presse et repris à l’unisson. Nantes ou l’avenir raboté : tout un programme. ! Cap 44, à la fin du XIXe, c’étaient les Grands moulins de Loire. #JR2020 leur est donc fidèle sans le vouloir : elle brasse de l’air ou elle bat de l’aile. C’est comme vous voulez.

Demain, Nantes plus odorante

Cologne, quatrième ville d’Allemagne, a son Eau de Cologne depuis le 18e siècle. N’est-il pas grand temps que Nantes, sixième ville de France, ait quelque chose qui sent ? Jean Blaise, qui a toujours eu du blaze, a décidé de s’attaquer à la tâche. Il vient de rencontrer des parfumeurs à Grasse.

C’est Nice Matin qui nous l’apprend : « si le créateur du ‘Lieu unique’ s’est baladé dans la vieille ville ou à Plascassier le nez au vent, ce n’est pas pour faire du tourisme ». Oui, enfin, à en croire la photo publiée par le quotidien méridional, ce n’était pas le bagne non plus. But de ce voyage d’affaires ensoleillé, loin des averses nantaises : « demander à des parfumeurs grassois d’imaginer la signature olfactive de la capitale de la Loire-Atlantique ». Compléter la palette de ses outils publicitaires avec un peu de marketing olfactif. Du pschitt-pschitt personnalisé comme en ont pas mal de grosses entreprises depuis des décennies.

On est un peu déçu. « Une ville sans parfum est une ville sans avenir », disait Mademoiselle Chanel ‑ à en croire du moins Aphrodite Duras (mais on se méfie un peu de quelqu’un qui porte « Biche dans l’absinthe » de Gobin Daudé). Alors, on aurait espéré un jus grandiose destiné aux coquettes (et/ou aux coquets, hein, pas de discrimination de genre dans le sent-bon) du monde entier comme en ont, seules ou en déclinaison, Paris (chez Yves Saint-Laurent, Guerlain, Van Cleef et Arpels, Bourjois, Le Labo, Bath & Body Works, Avon, etc.), Abou Dabi, Amalfi, Amsterdam, Avignon, Barcelone, Bellagio, Berlin, Bombay, Boston, Bowling Green, Brooklyn, Buenos Aires, Cabo, Cambridge, Chicago, Coromandel, Cortina, Dallas, Darwin, Doha, Dubaï, Dubrovnik, Florence, Grasse, Haïfa, Hollywood, Ibiza, Inisfree, Ispahan, Istanbul, Jailsalmer, Jaipur, Kyoto, La Havane, La Nouvelle-Orléans, Las Vegas, Les Baux, Londres , Malibu, Marrakech, Miami, Milan, Mogador, Moscou, Munich, Naples, Ouarzazate, Oxford, New York, Newport, Paestum, Palerme, Palm Beach, Parati, Parme, Portofino, Providence, Riga, Rio de Janeiro, Rome, Sacramento, Saint-Moritz, Samarcande, Santa Barbara, Savannah, Séville, Shanghaï, Sienne, Singapour, South Beach, Syracuse, Tombouctou, Tokyo, Venise, Versailles, Yendi, Zagorsk, Zanzibar, et sûrement quelques autres, mais on ne va quand même pas y passer la journée.

Fleur de Feydeau ou Soir de Guist’hau ?

Certains de ces noms ne sont pas très romantiques ? Le parfum, c’est du commerce aussi ! The Scent of Departure (« L’odeur du départ »), une entreprise française, comme son nom ne l’indique pas, fait un tabac avec des parfums vendus en duty free dans les grands aéroports : vous ne quitterez pas Munich ou Dubaï sans votre flacon éponyme. Odeurs de gaz d’échappement et de graillon des rues ? « Heureusement, les parfums devraient sentir bien meilleur que leur nom ne le laisse penser », notait judicieusement un quotidien anglais. Voilà le genre de concept qui partirait comme des petits pains à Nantes Atlantique.

Pour les plus grandes villes, certains parfumeurs affinent encore la localisation, comme à Paris : Champs Élysées, Rive gauche, Rue Cambon, 24 Faubourg… Pour Nantes, qui n’est pas une ville à l’eau de rose, on aurait rêvé… peut-être pas d’une senteur qui rappelle les nourritures dégoûtantes de la HAB Galerie, mais au moins d’une « Fleur de Feydeau », d’un « Soir de Guist’hau », d’un « Anneau dans le miroir d’eau » et sûrement, comme Jean Blaise est soucieux d’inclusion, du « Portrait d’un zadiste », d’un « Soupir de Bellevue » et d’un « Minuit à Malakoff ».

Reniflage moderne d’un vieux pays

Mais pourquoi aller chercher tout cela loin vers le Sud ? Déjà, Jean Blaise pourrait consulter les experts d’AudenciaSciencesCom, qui ont réfléchi à la question. Et puis, n’est-il de bon nez que de Grasse, comme il n’est de bon bec que de Paris ?

Pourquoi ne pas aller en voisin interroger Yves Rocher ? La gamme du parfumeur de La Gacilly comprend déjà des jus très alléchants – « Comme une évidence », « Autour de minuit », « Moment de Bonheur », « Oui à l’Amour », « Bois Sensuel »… ‑ qu’une spécialité nantaise compléterait agréablement (« Bois sans soif de minuit à Nantes » ? « Moments d’Amour boulevard Schuman » ?).

Pourquoi, refaisant la Traversée moderne d’un vieux pays, ne pas faire étape à Saint-Malo chez Yvon Mouchel, créateur des parfums Divine, qui ont déjà une boutique rue Rubens à Nantes ? Jean Blaise s’y retrouverait aisément : dans la gamme figurent « L’Homme de cœur », « L’Homme sage », « L’Homme infini », « L’Homme accompli ». En octobre, hélas, les cieux malouins ne valent pas ceux de la Provence.

Sven Jelure

Nantes toujours plus nature

Ne pas manquer de pots…
Promettre toujours plus reste le principe de base de toute campagne électorale. Johanna Rolland ne manque pas de souligner que, si beaucoup a déjà été fait pour améliorer le sort des Nantais depuis 2014, un nouveau mandat ne sera pas de trop pour mener à bien la mission qu’elle s’est fixée : rendre la plus belle ville du monde encore plus belle. Une ville où la nature sera, demain, encore plus présente.

Après une vaste campagne sur “la nature en ville”, destinée à faire oublier l’abattage massif de platanes (du quai Henri-Barbusse à l’allée Duguay-Trouin…), Johanna Rolland a inauguré, en ce début de campagne, le “Jardin extraordinaire” appelé à “servir d’écrin” (sic) au futur Arbre aux hérons. Force est de constater que, si la plus grande incertitude continue de planer sur ce projet, le jardin de la carrière Misery bénéficie d’un joli succès de curiosité. Même si, pour y aller, les moyens de transports publics restent à l’état de projet. Mais, là encore, ça ira mieux demain (air connu…).

Des jardinières sublimes apportent une petite touche de nature folle en pleine ville 🙂

 

Il reste que, pour gagner ce Jardin extraordinaire, on peut cheminer le long du quai de la Fosse, baptisé “quai des plantes” sur une partie du parcours. En fait de plantes, ce sont surtout des arbrisseaux et des arbres en pots qui ont été disposés le long du fleuve. Plus ou moins bien entretenu, ce quai des plantes est assez représentatif d’une approche très urbaine de “la nature en ville” : que ce soit place Royale ou place Graslin, par exemple, Johanna Rolland aime surtout “la nature en pots”. Vous les aviez remarqués, vous, ces petits arbres place Royale ? Sagement alignés et collés aux façades, ils se fondent dans un ensemble très minéral. L’avantage des arbres en pots ? Ils peuvent être aisément déplacés, remplacés ou… supprimés sans les hurlements d’une tronçonneuse qui provoquent immanquablement ceux des voisins.

Cet amour de “la nature en pots” touche en fait toute la ville. Avec la complicité du SEVE (service des espaces verts et de l’environnement), Claude Ponti en a en effet semé quelques dizaines au jardin des plantes. Des pots avec des plantations mais aussi des pots avec rien du tout, des pots vides dans un espace ludique pour les enfants. On l’aura compris, Nantes ne risque pas de manquer de pots !

Plus de nature, c’est aussi ce qui attend le quartier Commerce/Petite Hollande. L’organisation d’ateliers citoyens a permis de calmer un peu l’inquiétude des riverains. Ainsi, le square Daviais ne sera pas supprimé. Du moins en principe. Certains rêvaient d’y construire une rotonde. Aussi jolie que l’immeuble du square Fleuriot ? Allez savoir. Une partie du parking, la plus proche de la Loire, serait réaménagée et réservée à des activités de loisirs. Avec peu d’arbres et de la pelouse pour conserver la perspective vers le fleuve. Le projet de parking en sous-sol ? On en parlera mais plus tard. Pas question en effet de froisser les écolos qui ne veulent pas en entendre parler. Ces écolos, il faudra bien les ramener au bercail au second tour du scrutin municipal.

Johanna Rolland qui pensait avoir coupé les ailes des Verts (en rappelant à Ronan Dantec qu’il lui faudrait les voix du PS pour un nouveau mandat au Sénat !), reste toujours sous la pression des écolos. Ce qui fait dire à un observateur averti que son slogan d’écologie sociale ne trompe pas grand monde. De là à dire que, sur certains sujets, madame la Maire est un peu “empotée”, il y a tout de même un pas que nous ne franchirons pas.

Jules V.