Spécial Halloween : la malédiction mystérieuse du musée Dobrée

Thomas Dobrée et la malédiction de la citrouille nantaise

« Ann Dianaf a rog ac’hanoun » (l’inconnu me dévore), dit la devise très Halloween-friendly inscrite sur le manoir Dobrée. Thomas Dobrée aurait-il, tel Toutânkhamon, jeté un sort à ceux qui manquent de respect à sa mémoire ? Il faut être juste, le département lui-même a fait de son mieux pour aller au-devant des ennuis.

On se félicitait de la réouverture du musée Dobrée ce printemps et, patatras ! moins de cinq mois plus tard, le voilà à nouveau objet de scandale. Le rapport d’observations définitives (ROD) sur le département de Loire-Atlantique publié voici quelques jours par la chambre régionale des comptes dénonce « un cumul d’anomalies sur un lot du musée Dobrée ».

Lors des travaux de rénovation du musée, ce lot, le n° 21, a fait l’objet de deux offres. L’une des deux a été rejetée comme irrégulière parce qu’elle « allait au-delà du cahier des charges », ce qui, observe la chambre, « ne correspond pas à la définition d’une offre irrégulière » fixée par le code de la commande publique (CCP). Comble d’ironie, une fois le marché attribué à un autre candidat, « le département a demandé une prestation complémentaire correspondant à une partie de la prestation non demandée ». Tu veux ou tu veux pas ? Le département a aussi passé un marché négocié malgré plusieurs lettres de la préfecture contestant la légalité de cette procédure.

L’examen de la Chambre ne porte sue sur les exercices 2018 et suivants. Elle ne peut cependant ignorer totalement ce qui s’est passé avant. « L’opération de rénovation du musée Dobrée a fait l’objet de glissements importants », écrit-elle. D’abord « en termes de planning : le musée, fermé depuis janvier 2011 n’a réouvert complètement et de manière pérenne qu’en mai 2024, soit treize ans plus tard ». Et aussi « du point de vue financier : l’enveloppe initiale a doublé (25 M€ en 2016, réévaluée à 50 M€en octobre 2023) ».

Des problèmes créés par la main de l’homme

Mais elle ne dit rien des nombreuses tribulations du projet Dobrée depuis quarante ans. Elles ne sont pas à la gloire de son propriétaire, le département de Loire-Atlantique. Le Musée lui-même se garde d’en dire trop dans le dossier de presse préparé pour sa réouverture.

Le Musée Dobrée doit son existence à Thomas Dobrée. À la fin du XIXe siècle, celui-ci lègue au département de Loire-Inférieure son manoir et ses vastes collections. Son testament contient quelques conditions très raisonnables. Le département les accepte en acceptant le legs. Or, aujourd’hui, il ne les respecte pas. De là à penser que le fantôme de Dobrée se venge…

Voici un bref rappel des principales péripéties.

L’empilement des projets. Après un premier projet abandonné dans les années 1990, un projet de rénovation du musée est mis au point en 2004. La même année, l’élection départementale fait passer la Loire-Atlantique à gauche ; le nouveau pouvoir rejette le projet « de droite ». En 2010, il passe commande à un architecte à la mode, Dominique Perrault. Celui-ci a préparé le terrain : commissaire du pavillon français à la Biennale d’architecture de Venise en 2010, il y a complimenté la ville de Nantes. Il est « parti à la recherche des grands chantiers emblématiques et exemplaires des métropoles françaises », s’est enthousiasmé Jean-Marc Ayrault. Le projet Perrault séduit les édiles grâce à une extension souterraine éclairée par une immense verrière. Une fois le projet attribué, la verrière se transforme en dalle de béton ! Malgré ce reniement, le département maintient son intention. Il ferme le musée le 2 janvier 2011 et ne le rouvre pas quand le permis de construire, fautif à plus d’un titre, est annulé en 2012. Puis il fait appel à un nouvel architecte pour un nouveau projet en 2017. Il faudra encore huit ans pour en venir à bout.

Le bâtiment Voltaire. Dans le projet de rénovation de 2011, ce bâtiment présenté aujourd’hui comme « caractéristique de l’architecture brutaliste des années 1970 » doit être détruit. Victime d’infiltrations, il est irréparable. Le département (de droite), qui l’a construit en 1974, soit trente-six ans plus tôt, aurait donc bâclé le travail ? Pas tant que ça, finalement, puisque quatorze années supplémentaires ont passé et que le bâtiment est toujours là. L’erreur de diagnostic (supposons la bonne foi) du projet Perrault a failli coûter des millions d’euros.

La valse des conservateurs. En 2010, le département limoge Jacques Santrot, historien respecté, auteur de nombreux travaux historiques et conservateur du musée Dobrée depuis 1985 (le dossier de presse du musée rénové ne le mentionne même pas). Il lui faut plusieurs mois de recherche pour trouver un remplaçant, Louis Mézin, directeur des musées de Nice et ex-directeur du musée de la Compagnie des Indes à Lorient. Au jour prévu, Louis Mézin n’est pas là : en désaccord avec Perrault, paraît-il, il renonce au poste. Les candidats ne se bousculent pas. Il faut plus d’un an pour désigner un nouveau conservateur, Patrick Porte, qui vient alors de subir un revers professionnel à la direction du Musée national du Sport. Arrivé le 15 mars 2012, il s’en va moins de sept mois plus tard. Une directrice par intérim, Laure Barthet lui succède en novembre 2012. Au printemps 2016, elle vogue vers d’autres eaux. Le poste échoit alors à Julie Pellegrin, actuelle directrice.

Le reliquaire d’Anne de Bretagne. A-t-on besoin d’un conservateur et d’un effectif complet pour un musée fermé depuis des années et dont la réouverture n’est pas pour demain ? Le musée retrouve un peu de légitimité en ouvrant un petit espace d’exposition en 2015. Il y montre en particulier son trésor le plus précieux : le reliquaire en or qui a contenu le cœur d’Anne de Bretagne. Cette mission-croupion est-elle au-dessus de ses forces ? Dans la nuit du 18 avril 2018, le reliquaire est volé. L’alarme sonne mais le veilleur de nuit ne voit rien ! Heureusement, la police retrouve le trésor au terme d’une enquête express. Et le musée se referme.

Sven Jelure

Nantes Métropole invente la « stabilisation transitoire » pour les ménages déménagés des bidonvilles

Nantes veut évacuer le bidonville de la prairie de Mauves. Elle a choisi un prestataire pour déloger les occupants ; elle en cherche un autre pour les reloger ailleurs. Le montant total de cette double manœuvre pourrait approcher 100 millions d’euros, hors construction du moindre logement. Et ce n’est pas fini.

Nantes Plus a été le premier à attirer l’attention des Nantais d’une part sur l’échec ébouriffant de la « concertation préalable » autour du projet de Pôle d’écologie urbaine (PEU) de la prairie de Mauves, d’autre part sur les dépenses abracadabrantesques envisagées pour en déloger les occupants des bidonvilles qui s’y trouvent.

Depuis la fin janvier, Johanna Rolland avait entre les mains un rapport cinglant de la Commission nationale du débat public. Elle a attendu la fin juin pour revenir sur le sujet devant le conseil métropolitain. Non sans dorer la pilule aux élus. « Dans l’ensemble, les participants à la concertation ont considéré que le pôle d’écologie urbaine apportait une réponse conforme aux évolutions des modes de vie et des transitions, en adaptant les équipements métropolitains aux exigences du contexte et favorisant les synergies transversales », leur a-t-on assuré. Où a-t-on trouvé ça ? La Commission avait surtout indiqué : « Plus concrètement, la concertation a mis en exergue les interrogations et inquiétudes des riverains du projet ou des habitants proches du projet qui redoutent une aggravation des nuisances et pollutions ».

Malgré sa maigre efficience dans la concertation, Nantes Métropole a proposé de prendre en charge « toute opération de résorption de bidonville située sur un terrain concerné par un projet métropolitain ». En l’occurrence, la prairie de Mauves, occupée par « près de 700 personnes migrantes de l’Est européen » ‑ plus précisément, des Roms principalement originaires de la région de Drobeta-Turnu Severin, sur la rive gauche du Danube. La métropole s’est ainsi placée dans une seringue infernale.

Un rêve de squatteur : 48 mois de tranquillité garantis

La métropole propose de prendre en charge la « résorption » mais refile prudemment ladite charge à un prestataire. Coût prévu, sur une période de quatre ans : « un montant de base de 12 694 729 € HT/an et dans la limite d’un plafond maximum sur les 4 années de 80 M€ HT ». Le marché a été attribué à Coallia, grosse association fondée en 1962 par Stéphane Hessel dans le but de « faciliter le retour au pays des travailleurs migrants africains et malgaches », qui aujourd’hui se consacre surtout à l’hébergement social pour le compte et aux frais des pouvoirs publics.

Il s’agit de décider 700 personnes à quitter un bidonville ; le prix de revient de cette bienveillance se situe donc entre 72.541 (montant de base) et 114.000 euros (plafond maximum) par personne. À ce prix-là, les résultats ne sont même pas garantis. « Au terme de la démarche, évacuation définitive du site en cas de maintien d’occupants », prévoit Nantes Métropole. Autrement dit, s’il reste des occupants au bout de quatre ans de cajoleries, « dans le cadre de la stratégie métropolitaine de résorption des bidonvilles qui prend appui sur des volets d’action alliant humanité et fermeté », on leur enverra les CRS. Dame, il faudra bien que le PEU se fasse.

Puisque l’« évacuation définitive » interviendra « au terme de la démarche », le volet « humanité » à 80 millions d’euros garantit aux réfractaires quarante-huit mois de tranquillité Et comme toute sortie du bidonville est définitive, ils prendront sûrement le temps de la réflexion avant de bouger. Encore heureux s’ils ne sont pas rejoints par des occupants d’autres campements sauvages habitués à être expulsés tous les six mois, aspirant eux aussi à profiter de l’aubaine.

Et les logements ? Ça va venir…

Ceux que Coallia aura convaincus de quitter la prairie de Mauves ne seront pas réduits à l’errance ou au retour à Drobeta-Turnu Severin : il leur sera proposé de s’installer provisoirement sur des terrains gérés par les communes ou par Nantes Métropole. Cette dernière a donc publié un nouvel appel d’offres. Il porte sur la « gestion locative de terrains d’insertion et gestion d’occupation de terrains de stabilisation (et autres formes d’habitat ou d’hébergement adaptés aux publics issus des bidonvilles) sur le territoire de Nantes Métropole ». Il comprend six lots, trois « terrains d’insertion » et trois « terrains de stabilisation » répartis sur le territoire métropolitain (Sud Ouest, Nantes et Nord Est), à partir du 1er février 2025. Budget supplémentaire total pour les six terrains : jusqu’à 14.999.999 euros sur quatre ans.

Selon le ministère du Logement, la gestion d’un logement social coûte en moyenne 1.170 euros par an (montant 2022). La somme envisagée par Nantes Métropole équivaudrait donc à la gestion de… 3 205 logements. Elle ne porte que sur la gestion, l’entretien et la petite maintenance. Un peu plus qu’un travail de syndic d’immeuble classique quand même, d’abord parce qu’il est bilingue (« la quittance doit être traduite en français et en roumain ») et surtout parce qu’une révolution culturelle sera réclamée aux bénéficiaires (« veiller à ce que les occupants ne déposent pas de déchets, de véhicules épaves, de carcasses automobiles, de carcasses deux-roues, ou tout encombrant (pièces mécaniques, électroménager, cartons, matériaux, etc.) sur les terrains », etc.). Quant aux frais de création et d’aménagement des terrains, c’est encore un autre budget, pas encore déterminé. Idem pour la construction de mobil homes « et autre forme d’habitat adapté aux publics issus des bidonvilles ».

Et après ? Dans un précédent appel d’offres, Nantes Métropole présentait l’opération comme une « stabilisation transitoire » ! L’oxymore est créatif mais la métropole ne pourra pas indéfiniment se payer de mots. Dans son nouvel appel d’offres, elle affirme que les ménages installés sur les « terrains d’accueil transitoires » bénéficieront d’un « suivi adapté pour accéder ensuite à un logement social ». Dans une agglomération déjà pleine comme un œuf, il faudra encore le construire, ce logement. Encore un budget à prévoir, sans parler de l’élaboration des éléments de langage justifiant son attribution réservée à un certain public. La « stabilisation transitoire » pourrait durer.

Sven Jelure

Cinquante Otages : la Semitan grignote à nouveau le monument

Naolib rachète le monument aux Cinquante Otages de Nantes

Nantes honorera le mois prochain les quarante-huit otages exécutés par l’armée allemande le 22 octobre 1941 en représailles contre l’assassinat du colonel Hotz deux jours plus tôt. Le monument dit « aux Cinquante Otages », conçu par Marcel Fradin et Jean Mazuet, a été érigé en leur mémoire. Il comprend un obélisque formé de cinq flèches, deux statues et leur entourage.

Ledit entourage a été discrètement rogné du temps de Jean-Marc Ayrault, lors de la construction de la ligne 2 du tramway en 1993, puis aux premiers temps du mandat de Johanna Rolland, en 2014. Et pourquoi pas ? Le monument n’était pas protégé, la ville en disposait à sa guise.

Enfin, tout de même, un arrêté préfectoral du 10 mai 2017 l’a inscrit aux monuments historiques. Ce classement a été publié au Journal officiel du 3 mai 2018. Le périmètre de protection est précis : il comprend l’ensemble du monument « y compris ses murs de soutènement et emmarchements, selon l’emprise délimitée par un trait rouge sur le plan annexé à l’arrêté ».

Le plan en question, le voici :

Le trait rouge est parfaitement visible. On devine bien l’ablation effectuée au profit du tramway dans la partie nord-ouest du bâtiment, côté quai de Versailles. Mais ça c’était avant. À présent, le monument est intouchable. Ou pas ? La ligne 2 du tramway a été rénovée cet été entre le pont Saint-Mihiel et la place du Cirque. Et voici ce qui s’est passé :

Pour ériger ce nouveau poteau, on a encore grignoté le monument aux Cinquante Otages. Même pas un mètre carré au sol, certes, mais l’aspect du monument en est sensiblement affecté. Oh ! la Semitan a sûrement obtenu l’autorisation du préfet de région, indispensable pour des travaux sur un monument historique. Vous ne l’avez pas vue affichée sur le chantier ? C’est sûrement que vous n’avez pas bien cherché.

Sven Jelure

Un gros nuage sur Le Voyage à Nantes et sur un député de Loire-Atlantique

Les pro du bidouillage d'appel d'offre ! Copinage et rince coquin pour faire rire la justice qui n'a que ça à faire

Décidément, Le Voyage à Nantes n’est pas une promenade de santé. Après la mise en examen de Jean Blaise l’an dernier dans l’affaire du Carrousel des fonds marins, la SPL est à présent au centre d’une enquête pour favoritisme. La mairie de Saint-Sébastien-sur-Loire a été perquisitionnée voici quelques jours. Les policiers s’intéressaient à la Station Nuage, cette guinguette toute bleue aménagée par l’Atelier Yok Yok sur l’île Forget. Sa création a fait l’objet d’un contrat signé le 7 juillet 2020 entre la commune et le Voyage à Nantes, qui la présente comme l’une de ses « œuvres pérennes ». L’enquête est la suite logique d’un rapport publié par la chambre régionale des comptes en juin 2022.

Pour la Chambre, l’affaire est simple : « le contrat passé sans négociation par la commune pour la conception et la réalisation de la Station Nuage en collaboration avec le Voyage à Nantes, pour un montant prévisionnel de 167 000 €HT, contrevient au principe de la liberté d’accès à la commande publique, car ce contrat portant sur la réalisation d’un équipement a été conclu sans mise en concurrence. »

Le Voyage à Nantes est allé au-delà de la simple « collaboration », souligne la Chambre : « la SPL VAN ne s’est pas limitée à un rôle  d’assistant à maîtrise d’ouvrage puisqu’elle a également pris à sa charge certaines dépenses […], payées dès janvier 2020, avant même la conclusion du contrat de coproduction. En réalité, le contrat comme la convention ont été signés alors que les travaux avaient été lancés depuis mars 2020 et que les missions d’assistance du VAN se déroulaient depuis 2019. La SPL est ainsi sortie d’un rôle habituel d’assistance à maîtrise d’ouvrage, qui plus est au bénéfice d’une collectivité non actionnaire, sur la base d’un montage complexe qui dans  les faits a conduit à contourner le cadre légal défini par l’article L. 1531-1 du code général des  collectivités territoriales. »

Mais le plus ennuyeux, c’est que la commande à l’Atelier Yok Yok a été passée sans appel d’offres ni négociation, en invoquant l’article R2122-3 du code de la commande publique (CCP), qui autorise une dérogation au droit normal pour les œuvres protégées par des droits d’exclusivité. La Station Nuage est une œuvre d’art, prétendait la mairie. Non, a fermement répondu la Chambre : il n’y a d’œuvres d’art que réalisées par leurs auteurs. Ce qui est sous-traité, comme la charpente de la Station Nuage, ne peut être considéré comme tel.

La Chambre « ne conteste nullement la qualité d’œuvre de l’esprit qui s’attache à l’esquisse et à la conception de la Station ». En revanche, les mobiliers, les parasols, l’installation d’un filet, etc., auraient dû faire l’objet d’une publicité et d’une mise en concurrence. Diverses autres irrégularités s’y ajoutent ; le conseil municipal n’a même pas été informé. La Chambre est donc tout à fait affirmative : « La procédure suivie était irrégulière ».

Un rapport avec l’abandon de l’Arbre aux Hérons ?

Allons, 167.000 euros, ce n’est qu’une bricole, n’est-ce pas ? L’ennui, c’est que Le Voyage à Nantes a fonctionné sur le même principe pendant des années. Se pourrait-il que des cadavres dorment dans ses placards ? Aymeric Seassau, élu de Nantes Métropole qui sera bientôt intronisé président de la SPL Le Voyage à Nantes, a déjà vécu les ennuis de la SEM La Folle Journée et de l’École des beaux-arts de Nantes-Saint-Nazaire. Il n’est peut être pas pressé de repiquer. Quant à Sophie Lévy, qui s’apprête à quitter la direction du Musée d’arts pour prendre celle du Voyage à Nantes, a-t-elle exactement mesuré dans quoi elle allait s’aventurer ? L’un et l’autre seraient bien inspirés de réclamer un audit de la chambre régionale des comptes, histoire de partir du bon pied sans qu’on vienne un jour leur reprocher ce qu’ont fait leurs prédécesseurs.

Ce n’est encore pas tout, bien sûr : depuis des années, Nantes Métropole passe aussi des contrats du même genre au nom de l’article R2122-3 du CCP. Cela concerne entre autres plusieurs millions d’euros de dépenses liées à l’Arbre aux Hérons.

Le rapport de la Chambre a été publié en avril 2022, mais un rapport provisoire a été communiqué à MM. Laurent Turquois et Joël Guerriau, maire et ancien maire de Saint-Sébastien-sur-Loire le 23 décembre 2021. Des extraits ont aussi été adressés à « divers tiers concernés par certaines observations ». Parmi ces tiers figure sûrement le président de la SPL Le Voyage à Nantes, visé p. 46 du rapport comme signataire du contrat  du 7 juillet 2020 avec Saint-Sébastien-sur-Loire. Or ce président, Fabrice Roussel, est aussi premier vice-président de Nantes Métropole, chargé du tourisme et des équipements culturels à vocation métropolitaine.

Une certaine inquiétude règne sans doute déjà. En 2020, Nantes Métropole a passé un marché avec un cabinet d’avocats parisien pour se faire conseiller sur l’Arbre aux Hérons et les contentieux qui pourraient en résulter. Elle a budgété jusqu’à 80.000 euros pour quatre ans. C’est beaucoup mais, deux ans plus tard, le budget est déjà consommé ! On ne dit pas ce sur quoi les avocats ont planché. Quoi qu’il en soit, un nouveau contrat est signé dès le 3 mars 2022, dans des conditions qui ont fait tiquer l’association Anticor et le préfet de Loire-Atlantique.

Début septembre 2022, trois mois après la publication du rapport de la chambre régionale des comptes sur Saint-Sébastien, Fabrice Roussel fait une annonce inattendue aux côtés de Johanna Rolland : l’Arbre aux Hérons est abandonné ! Tout cela peut aujourd’hui lui paraître lointain : il a été élu voici deux mois député (P.S.) de Loire-Atlantique. Ce qui ne veut pas dire que la page soit forcément tournée : en cas de favoritisme, le délai de prescription est de six ans.

Sven Jelure

Voyage à Nantes : du cafouillage dans le nettoyage

Pourquoi les Machines de l’île devraient-elles rester sales pendant deux mois et demi cet automne ? Parce qu’un curieux cafouillage administratif du Voyage à Nantes les prive provisoirement du nettoyage que plusieurs entreprises étaient prêtes lui fournir.

Le Voyage à Nantes a des soucis immédiats de propreté. Au mois de mai, il se met en devoir de trouver un prestataire chargé de nettoyer l’atelier et la Galerie des Machines, l’Éléphant, la boutique, le Carrousel des Mondes Marins et le bâtiment voisin (la Déferlante), ainsi qu’un entrepôt à Saint Herblain. Le contrat précédent a été conclu pour quatre ans le 1er octobre 2020. Le Voyage à Nantes publie le 30 mai 2024 un avis de marché prévoyant le début des prestations le 2 octobre.

Puis quelqu’un, sans doute, s’avise que le contrat de 2020 s’achève le 30 septembre et non le 1er octobre. Le 12 juin, Le Voyage à Nantes publie un nouvel avis de marché/avis de changement. La « correction par l’acheteur » qui oblige à refaire la procédure est le remplacement de la date du 2 octobre par celle du 1er octobre. Pas question que Machines restent une journée sans nettoyage ! À part cela, l’avis est identique d’un bout à l’autre.

Pour un contrat de quatre ans, la valeur des services est estimée à 904.000 euros HT (un montant qui, à date, correspond au coût de neuf salariés à plein temps payés au SMIC). Cela laisse une belle marge d’augmentation puisque le contrat qui s’achève le 30 septembre s’élevait à 700.000 euros HT pour quatre ans. Sept entreprises sont intéressées, elles accomplissent tout le travail administratif nécessaire pour remplir leur dossier et le présenter dans le délai fixé.

Avec une chance sur sept d’être retenues ? Non, zéro chance sur sept. Le 20 août, Le Voyage à Nantes rejette tout le monde, puis publie le 4 septembre un avis de résultat indiquant : « Statut sélection lauréat: Aucun lauréat n’a été choisi et la mise en concurrence est clos. La raison pour laquelle un lauréat n’a pas été choisi: Décision de l’acheteur, en raison d’un changement des besoins ».

Les Machines de l’île n’auraient-elles plus besoin d’un nettoyage ? En fait, le « changement des besoins » est vite analysé : le même jour que l’avis de résultat négatif du 4 septembre, Le Voyage à Nantes publie un nouvel avis de marché. Il porte exactement sur les mêmes prestations, pour le même montant ! Loin de spécifier un « changement des besoins », il les confirme !

Cependant, le marché est intitulé cette fois « Marché de services de propreté et d’hygiène pour le site de la SPL Le Voyage à Nantes », et présente les prestations comme l’un des quatre lots d’un marché passé par Le Voyage à Nantes et portant aussi sur le château des ducs de Bretagne, sur les Nefs et sur le siège de la SPL, rue Crucy. De fait, Le Voyage à Nantes a déjà passé des marchés de nettoyage l’an dernier (y compris, à l’en croire, pour Les Machines de l’île !).

De l’intérêt de se relire

Or, surprise ! le premier avis de marché concernant les Machines, le 30 mai 2024, tout en traitant le nettoyage des Machines de l’île comme un marché à part entière, annonçait déjà dans son article 2.1.4 : « Le présent marché est décomposé en 4 marchés distincts : – Lot 1 : Château des Ducs de Bretagne et ses locaux annexes ; – Lot 2 : Machines de l’île et le Carrousel des Mondes Marins », etc., non sans spécifier quelques lignes plus bas que l’avis portait sur le « LOT-0001 Titre: Marché de services de propreté et d’hygiène pour les Machines de l’Ile et le Carrousel des Mondes Marins » ! La rédaction initiale était manifestement le fruit d’un gros cafouillage administratif.

Plus cocasse encore, l’avis du 12 juin, celui qui avançait la date de début du nettoyage au 1er octobre, était rédigé dans les mêmes termes ! C’est à se demander si la direction du Voyage à Nantes relit ses avis de marché avant de les publier – or on parle ici d’un budget de 904.000 euros, excusez du peu. Selon toute probabilité, le double embrouillamini n’a été découvert que le 20 août, lors de la commission des marchés, et l’on s’est empressé de remettre les choses à peu près d’aplomb en alléguant un « changement des besoins », comme une ardoise magique avant de recommencer la procédure en bon ordre.

Le Voyage à Nantes ne lit probablement pas Nantes Plus, et c’est dommage pour lui. Le 30 mai, le même jour que son premier avis de marché, nous avons signalé les « fautes de frappe à plusieurs millions d’euros » commises par la Samoa dans ses avis de marché. Cet article aurait dû inciter Jean Blaise à mieux vérifier les avis de ses propres services…

Les conséquences de ce cafouillage ne sont sans doute pas gravissimes : les sept entreprises intéressées n’auront qu’à recopier leur offre précédente. Mais évidemment, la Loire a passé sous les ponts ‑ or on doit respecter certains délai entre la publication des avis, la réception des offres et le début des prestations. En définitive, celles-ci ne devraient commencer ni le 1er octobre ni le 2 mais le 13 décembre, et encore faut-il pour cela déroger à la réglementation (article 13.1.1 du CCAG/FCS). Conclusion : entre le 1er octobre et le 13 décembre 2024, les Machines de l’île devraient rester sales.

Sven Jelure

La Cantine du voyage : 12 ans de déroute culinaire parrainée par Le Voyage à Nantes

« TripAdvisor ennemi ou ami des restaurateurs ? », demandait Presse Océan sur deux pleines pages le 28 août. Les avis des professionnels interrogés n’étaient pas unanimes, mais l’auteur de l’article, Maxence Bianchi, n’avait pas pris trop de risques en interrogeant des établissements très bien notés par le site de commentaires touristiques ‑ Chez B.B., Le Bistro des Enfants nantais, Le Lion et l’agneau. Que ne s’est-il pas tourné aussi vers la La Cantine du Voyage ?

En bon office de tourisme financé par des fonds publics, Le Voyage à Nantes prétend assurer la « promotion culinaire » de Nantes. À cet effet, il publie un Guide des tables de Nantes, dont la nouvelle édition vient de paraître, et organise chaque année une La Nuit des Tables de Nantes, qui a lieu vendredi. Et puis, en 2012, il a créé le restaurant La Cantine du Voyage, au bout du Hangar à bananes. Il lui a bâti en 2013 une énorme structure genre serre exotique, censée être démontée chaque année en fin de saison mais qui ne l’a jamais été.

L’endroit est enviable, en bord de Loire. Les dimensions du bâtiment ont permis d’y installer des jeux pour enfants et adultes, des transats, etc. C’est la belle vie !

Mais pas la belle assiette : dès ses débuts, La Cantine du Voyage s’est bâti une solide réputation de gargote. Elle a eu beau, pendant des années, réduire sa carte à un seul plat – poulet-pommes de terres pour tout le monde – elle n’a même pas réussi à le faire bien. L’emplacement de premier ordre est toujours apprécié. Mais la plupart des commentateurs sont assez futés pour ne pas mélanger le cadre et l’assiette. TripAdvisor n’ose plus classer La Cantine du Voyage comme un vrai restaurant. Il l’a rangée dans sa catégorie plutôt bas de gamme « repas sur le pouce ». Et même là, elle ne fait pas de prouesses.

Voici les titres des avis de consommateurs déposés sur TripAdvisor en juillet-août 2024 :

  • Très cher pour ce qui est proposé. Des légumes tièdes et mal cuits, de la viande sans goût. Un attrape touristes et bobo
  • À éviter !
  • A éviter
  • Porte bien son nom
  • Première et dernière visite
  • Déçus
  • Dégoûtant
  • Top resto

Sur les 527 avis déposés à ce jour par les contributeurs de TripAdvisor à propos de La Cantine du Voyage, 498 sont en français, soit 94,5 %. Le plus récent avis en langue étrangère – néerlandais en l’occurrence – date de 2020. Autrement dit, la fréquentation internationale espérée par Le Voyage à Nantes est minime. La « promotion culinaire » ferait-elle fuir les touristes gastronomes ?

Le plus extraordinaire n’est pas la régularité des mauvais résultats, c’est l’indifférence avec laquelle Le Voyage à Nantes semble les considérer. Il a maintenu en place le même gérant pendant des années. Une nouvelle équipe a pris les rènes en 2022 sans redresser la barre, comme si une malédiction pesait sur l’établissement. En fait, Le Voyage à Nantes semble avoir baissé les bras depuis un bout de temps. Dans le livret distribué aux touristes en route pour la ligne verte, il ne présente plus La Cantine du Voyage comme un restaurant mais comme un « espace de restauration ». Sur son site web, c’est même un « lieu de convivialité ». Le successeur de Jean Blaise aura une sacré pente à remonter.

Sven Jelure

Royal de Luxe a investi massivement en 2023 aux frais de Nantes Métropole

Expert en comptabilité nantaise, Royal de Luxe passera au niveau 5 de financement et deviendra Royal de Grand Luxe dès 2025

Qu’il fasse quelque chose ou rien du tout (la dernière « Actualité » de son site web date du 21 septembre 2023), Royal de Luxe est ponctuel sur un point : il publie ses comptes au Journal officiel chaque année, comme la loi l’y oblige. Toujours un peu en retard sur le délai légal, mais c’est une broutille. Cette année, il présente une nouveauté : l’idée géniale immobilisée sur dix ans.

En 2022, on s’en souvient, Royal de Luxe avait présenté sur les bords du Rhône un spectacle bâti sur la rencontre entre deux gros chiens mécaniques, l’un créé des années plus tôt, l’autre construit pour l’occasion. En 2023, la troupe a donné non pas un mais deux spectacles avec ces deux machines : à Anvers au mois d’août et à Nantes au mois de septembre.

Johanna Rolland et Fabrice Roussel, vice-président de Nantes Métropole, avaient tenu à affirmer que le spectacle de Nantes était nouveau, « une vraie création ». Au vu du spectacle, on se demandait pourquoi, tant les parentés étaient évidentes avec ceux de Villeurbanne et d’Anvers. Mais au vu des comptes de Royal de Luxe pour 2023, on comprend mieux : c’est là qu’est la vraie nouveauté.

Comme les années précédentes, ces comptes ont de quoi faire rêver les dirigeants d’associations désargentées et leurs comptables scrupuleux. Royal de Luxe dort toujours sur un tas d’or : 846.418 euros de disponibilités au 31 décembre 2023, soit +34,5 % par rapport à fin 2022.

L’année 2023 a été bonne ! D’abord parce que l’association retrouve des adhérents : elle perçoit 4 euros de cotisations, comme en 2021, contre zéro en 2022. En revanche, ses spectacles ne lui rapportent « que » 824.761 euros, dont 538.580 euros pour le spectacle nantais. C’est beaucoup moins que les 1.312.459 euros de 2022, et cela montre au passage qu’Anvers a payé beaucoup moins cher que Villeurbanne et Nantes pour avoir à peu près le même spectacle. Cependant, une pluie d’argent s’abat sur le « nouveau » spectacle nantais de la troupe.

Elle provient d’une convention entre Nantes Métropole et Royal de Luxe qui mérite de rester dans les annales. Décidée par le conseil métropolitain le 7 avril 2023, elle comprend les 538.580 euros H.T. mentionnés ci-dessus et une subvention d’investissement de 1.270.000 euros H.T. Celle-ci est basée sur un « coût prévisionnel du projet » établi par Royal de Luxe. Le voici :

En fait de « prévisionnel », on voit que le poste principal, de loin, est le Bull Machin. Or ce chien mécanique géant dont Nantes Métropole affecte de parler au futur en avril 2023 a été au centre du spectacle montré à Villeurbanne en septembre 2022, à tel point que ce spectacle était intitulé Le Bull Machin de Villeurbanne. Non seulement il existe déjà, mais la compagnie l’a créé pour les habitants de Villeurbanne et pas pour ceux de la métropole, qu’on invite pourtant à le financer a posteriori. Et comme les 1.336.350 euros du Bull Machin représentent plus de la moitié du total du projet, soit 2.606.350 euros, parler d’un « nouveau » spectacle est abusif.

Puisque le Bull Machin est un investissement aux yeux de Royal de Luxe et de Nantes Métropole, il doit avoir été inscrit comme une immobilisation dans les comptes 2022 de l’association. Or l’actif immobilisé total de l’association au 31 décembre 2022 ne dépasse pas 22.525 euros ! Le bilan 2022 devient faux rétroactivement ! Il n’a pas été publié de compte rectificatif à ce jour. Cela vaudrait mieux, car on imagine que Nantes Métropole réserve ses subventions à des entités aux comptes impeccables…

Royal de Luxe a encore des idées, et ce qui est rare est cher

Hormis le Bull Machin, les autres dépenses d’investissement alléguées s’élèvent à 1.270.000 euros : pilpoil le montant de la subvention accordée. Cependant, les achats et charges externe de Royal de Luxe ne s’élèvent qu’à 885.289 euros en 2023, alors que bien entendu ils doivent recouvrir aussi des tas d’autres choses que le « nouveau » projet. Deux hypothèses, donc : soit Royal de Luxe a truandé Nantes Métropole en gonflant ses prévisions de dépenses (mais l’association est censée avoir fourni les factures), soit l’investissement a essentiellement été effectué en matière grise : il a sûrement fallu énormément de travail créatif pour ne pas faire le même spectacle qu’à Villeubanne…

Confirmation : une immobilisation incorporelle de 1.076.986 euros apparaît subitement dans les comptes 2023 de Royal de Luxe. Or 1.076.986 euros, c’est à peu près les deux tiers du montant des frais de personnel de l’année. Royal de Luxe aurait donc consacré les deux tiers de son activité de 2023 à la création tout en organisant quand même deux grands spectacles, à Anvers et Nantes, au lieu d’un l’année précédente ? À quoi il faut ajouter que le montant global des salaires a baissé de 8,2 % d’une année sur l’autre, et l’effectif de 12,5 %, ce qui ne paraît pas cohérent avec un gros travail créatif en 2023.

Et alors ? Une seule idée géniale ne pourrait-elle pas valoir 1 million d’euros ? Rien que d’avoir inventé le nom Le Bull Machin de Monsieur Bourgogne, tiens, un nom entièrement nouveau par rapport à celui du tout autre spectacle qu’était Le Bull Machin de Villeurbanne

Cet éclair de génie destiné à  trois jours de spectacle nantais va être amorti progressivement sur dix ans ! Normal, puisqu’il s’agit d’un investissement et que la logique comptable doit rester maîtresse du terrain. Pourrait-il servir à nouveau un jour ? Pendant ces dix années, Royal de Luxe s’est engagé à reverser 50.000 euros à Nantes Métropole chaque fois qu’il revendrait le spectacle (celui-là exactement, hein, pas celui d’Anvers et de Villeurbanne) pour au moins 720.000 euros. Johanna Rolland et Fabrice Roussel croiraient-ils au Père Noël ?

Les salariés mieux lotis que le proprio

On aurait tort pourtant d’accuser Nantes Métropole de tout céder à Royal de Luxe. D’un seul coup d’un seul, la valeur d’une année de location de ses locaux du Bas-Chantenay occupés par la troupe bondit dans les comptes de 96.717 euros à 251.885 euros. Elle n’avait pas bougé depuis l’origine. Mais comme il s’agit d’une mise à disposition gracieuse, Royal de Luxe ne paiera pas un sou de plus. C’est juste le cadeau consenti par les contribuables (ce qui est prêté à Royal de Luxe n’est pas loué à quelqu’un d’autre) qui est multiplié par 2,6.

Enfin, Royal de Luxe confirme en 2023 son orientation salariale de 2022. Ses comptes indiquent un effectif moyen annuel indiqué en équivalent temps plein (ETP). Les intermittents du spectacle, rémunérés au cachet, doivent y être inclus selon un calcul spécial. La troupe dit avoir fait travailler 150 intermittents du spectacle dans l’année, mais sûrement pour de courtes durées puisque son effectif ETP n’est finalement que de sept personnes – trois cadres et quatre employés ; elle figure dans la tranche « entre 6 et 9 salariés » de la base de données Sirene. Le montant global des salaires en 2023, hors charges patronales, a été de 1.041.662 euros, soit une moyenne de 148.809 euros par personne, encore mieux que l’année précédente(141.789 euros). S’il y a un poste à pourvoir, je suis candidat.

Sven Jelure

 

Taxe foncière à Nantes : une augmentation deux fois plus rapide que l’inflation, mais pour payer quoi ?

Pour les propriétaires, il est temps de payer sa taxe foncière. Seules 36,5 % des résidences principales nantaises sont habitées par leur propriétaire. Une population très minoritaire, dont on n’est pas très sûr qu’elle vote bien : pourquoi se gêner ? La taxe foncière augmente donc bien plus vite que l’inflation. Et que les revenus…

Voici un appartement nantais, tout à fait banal, 63 m² à la périphérie du centre. Quelques montants de taxe foncière payés par le même propriétaire pour le même appartement :

  • 2008 : 712 €
  • 2012 : 860 €
  • 2015 : 882 €
  • 2024 : 1226 €

En 2008, Jean-Marc Ayrault est maire de Nantes depuis près de vingt ans. Entre 2008 et 2012, année où il quitte la mairie pour l’Hôtel Matignon, la taxe foncière augmente de 20,8 % en quatre ans. Soit 3,4 fois plus que l’inflation.

En 2015, la taxe foncière n’est en hausse que de 2,6 % par rapport à la dernière année de Jean-Marc Ayrault. Autrement dit, Patrick Rimbert, maire de juin 2012 à avril 2014 a observé une modération bienvenue après l’augmentation effrénée pratiquée par son prédécesseur.

Hélas, Johanna Rolland, élue maire de Nantes en 2014, est une disciple de Jean-Marc Ayrault. Elle s’empresse de faire danser l’anse du panier nantais. De 2015 à 2024, l’augmentation est de 39,0 ! Si la taxe foncière avait « seulement » subi l’inflation de la période, soit +19,7 %, elle s’élèverait à 1056 euros cette année, au lieu de 1226 euros (et à 923 euros, si l’on prenait 2008 comme référence). Quels services supplémentaires Nantes Métropole procure-t-elle en contrepartie de ces 170 euros « en trop » ?

Ne dites pas trop vite : « je ne vois pas ». Beaucoup de services indispensables rendus par Nantes Métropole sont du domaine de l’immatériel et même de l’invisible. Les conseillers métropolitains doivent acheter le travail de cerveaux extérieurs pour les études et réflexions qui les dépassent. Voici par exemple une liste non exhaustive d’avis de marché publiés par Nantes ou Nantes Métropole au cours de cet été 2024, période habituellement peu chargée :

  • Assistance externe pour la réalisation du portrait social des familles monoparentales sur le territoire de Nantes, en 2025.
  • Prestations intellectuelles portant sur le concours d’un organisme de conseil spécialisé dans le conseil et l’analyse annuelle de la dette et de la trésorerie des collectivités locales
  • Conseil et accompagnement à la mise en place d’un laboratoire d’innovation pour les mobilités
  • Évaluation des dispositifs de tarification solidaire des mobilités
  • Accompagnement autour des solutions FME et prestations associées [ce FME dont les « solutions » posent problème, apparemment, n’est ni le Fonds monétaire européen ni la Fondation pour la mémoire de l’esclavage présidée par Jean-Marc Ayrault mais un logiciel de traitement de données géographiques]
  • Plan de formation sur la prévention et la lutte contre les discriminations
  • Dialogue citoyen sur le parc de Plaisance à Orvault : préfiguration par des aménagements temporaires dans le cadre de l’évaluation participative des usages du parc
  • Barometre habitants GUSP (gestion urbaine et sociale de proximité) 2025 & 2028 sur l’agglomeration nantaise
  • Mission d’assistance et d’expertise juridique pour l’opération Tour de Bretagne
  • Repositionnement pour raison de santé, tests d’évaluation des compétences et aptitudes à un emploi »
  • Prestations en appui de la conduite de projets en systèmes d’informations ressources humaines
  • Prestations de formations à destination des associations nantaises – lot n°3 – formations sur le mécénat
  • Création et mise en œuvre d’un projet d’Education Artistique et Culturelle (EAC) pour les Archives de Nantes (2024-2026)
  • Mission d’animation d’une démarche de design d’équipement visant à co-construire et expérimenter « un lieu de vie autour de la lecture, de la connaissance et des savoirs » avec les usagers
  • Les rencontres de Citad’elles 2024 : Animation de l’événement du 21 novembre 2024
  • Conception, Organisation et Réalisation des événements éco-responsables « Le Grand RDV des EngagéEs » & « Les Rencontres Européennes des EngagéEs »

On se dit au moins que le recours à tant d’intervenant extérieurs allégera le travail des élus et du personnel municipal. Mais on n’est pas très sûr qu’il ne leur en ajoute pas. Car la plupart de ces études donnent lieu à moult travaux de préparation des dossiers, de suivi et d’inspection des travaux finis. L’Évaluation des dispositifs de tarification solidaire des mobilités, par exemple, sera suivi par un comité de pilotage « piloté par le Vice-Président en charge des Stratégies de Mobilité et des Déplacements et constitué des élus ayant des délégations sur le champs de la mobilité, se réunissant tous les 2 à 3 mois sur les sujets de mobilités en cours », mais aussi par un groupe technique « composé de représentants des services de Nantes Métropole, commanditaire de l’évaluation (Direction des Services de Mobilités), de représentants des opérateurs de mobilité (en fonction des sujets abordés) ». Il est précisé que « l’organisation (invitation, réservation de salle, etc.) des diverses réunions du Groupe Technique et du Comité de Pilotage sont [sic] à la charge de Nantes Métropole ».

Quant au temps des prestataires, en revanche, on veille à ne pas en abuser. « Il existe d’ores et déjà de nombreux diagnostics et analyses statistiques qu’il conviendra de recenser et mobiliser afin de limiter le temps de collecte », note la Ville de Nantes à propos du diagnostic des familles monoparentales, par exemple. Ce qui, évidemment, ne la dissuade pas de commander un diagnostic de plus.

Sven Jelure

Le Campus Créatif du VAN : une brise désespérante

Petit segment à part au sein de la ligne verte du Voyage à Nantes 2024, le « Campus Créatif » illustre surtout l’échec d’une vieille ambition technocratique. Et c’est dommage, car ses étudiants mériteraient mieux que ça.

Au long de la ligne verte du Voyage à Nantes 2024, les numéros 39 et 40 sont les plus rébarbatifs d’aspect.

Au numéro 39, l’accueil de l’École nationale supérieure d’architecture (ENSA) est aussi peu convivial que celui d’un parking public, et pour cause : pour visiter l’exposition « J’habite ici ! », il faut gravir la rampe d’accès grillagée, sous le cagnard éventuellement, sous l’œil d’un vigile assurément.

Au numéro 40, l’École des beaux-arts Nantes Saint-Nazaire (EBANSN) n’est pas plus accueillante, mais en version rez-de-chaussée. Son énorme et sombre porte-à-faux d’aspect industriel domine de sa masse une élégante table en anneau copieusement salopée par les pigeons et les graffeurs. Pas la meilleure entrée en matière pour une exposition intitulée « Go Wild ».

Qu’on ne se laisse pas intimider ! À l’étage noble de l’ENSA, une trentaine de maquettes de maisons sont exposées ‑ « au sein d’une scénographie chaleureuse », assure la plaquette du Voyage à Nantes. En fait de scénographie, quelques blocs de terre noirâtre ont été déposés dans un vaste espace de béton poli, le côté chaleureux étant assuré par la météo. Quant aux maquettes, le Voyage à Nantes les compare à « des maisons de poupées à observer minutieusement ». On l’a connu plus prodigue de superlatifs. Mais a-t-il observé lui-même ? Ces travaux d’étudiants ne sont pas des joujoux pour ados attardés. À les « observer minutieusement », on perçoit au contraire des réflexions professionnelles solides et raisonnables. Trop peut-être : la végétation urbaine ne hante guère l’imagination de la future promo d’architectes. C’est peut-être par esprit de contradiction puisque le thème du VAN 2024 est « L’arbre dans la ville ».

À l’EBANSN, un vaste espace clair accueille une exposition collective d’une trentaine d’étudiants. Imagine-t-on qu’une bande d’artistes en devenir pourrait se passer de délires prétentieux et encombrants ? En l’occurrence, les œuvres, de genres divers (peinture, sculpture, photo…), se distinguent plutôt par leur sobriété et leur maîtrise technique. Elles sont bien servies par la mise en place élégante de la commissaire d’exposition Colombe Lecoq-Vallon (joli nom pour une expo sur le thème du vivant). Aucun cartel, c’est manifestement un parti-pris : les œuvres se suffisent ensemble à elles-mêmes sans envolées lyriques. Beaucoup sont d’ailleurs libellées « Sans titre », seuls quelques-unes font de la retape (mention pour Javiera Demetrio-Ruiz avec J’attaque!!! Où j’attaque??). Mais c’est peut-être trop compter sur le degré d’éveil des visiteurs après les 39 étapes précédentes de la ligne verte. N’aurait-on pu faire appel à quelques apprentis rédacteurs de la voisine Audencia SciencesCom pour regonfler les enthousiasmes ?

Car les numéros 39 et 40 font partie avec Audencia SciencesCom et quelques autres d’un sous-ensemble du Voyage à Nantes 2024 présenté comme le « # Campus Creatif Nantes » – « un seul et unique quartier de tous les possibles ». Un ghetto hors duquel rien n’est possible, en somme ? (La traduction anglaise donne : « a single district, where students can dream big », ce qui paraît tout de suite moins despotique.) Cette tentative de création d’une étiquette commune souligne plus qu’elle ne dissimule une cruelle réalité : de campus, il n’y a point. Alors que 800 mètres à peine séparent l’ENSA à l’Est de Cinécréatis à l’Ouest, avec une demi-douzaine d’établissements entre les deux on ne voit rien qui évoquerait l’unité et la vie d’un campus. Le numéro 38 de la ligne verte, L’Absence, semble donner le ton aux étapes suivantes.

Une vieille idée maintenant

C’est l’un des plus tristes aspects du ratage urbanistique de l’île de Nantes telle qu’héritée de l’époque Ayrault. L’idée du Quartier de la Création remonte à une vingtaine d’années. Réuni en 2017 sous la présidence de Johanna Rolland, le conseil de Nantes Métropole se payait encore de mots : « Nantes Métropole a l’ambition, avec le Quartier de la Création, de créer un pôle de compétences de niveau international à la croisée de l’économie, la recherche, la formation et la culture, de développer de nouvelles formes d’activités et de contribuer ainsi à l’émergence d’un mode de croissance économique issue des Industries Culturelles et Créatives (ICC). Ainsi, au sein du Quartier de la création, en phase de construction, émerge un «campus créatif», avec la présence sur site de… » ‑ ici une belle liste d’établissements et d’équipements d’enseignement supérieur : Médiacampus, École de design Nantes Atlantique, etc.

Quelques mois plus tard, Nantes Métropole confiait à la SAMOA par délégation de service public de, entre autres, « assurer la montée en puissance du Campus Créatif associant art, culture, recherche, enseignement supérieur et économie, sur un campus urbain, qui a vocation à rayonner à l’échelle métropolitaine, régionale et européenne ». Déjà, on ne prétendait plus à l’échelle internationale : c’était mauvais signe. Depuis lors, certains établissements sont brillamment illustrés grâce au talent de leurs enseignants et de leurs étudiants. Le Campus Créatif, lui, est resté pour l’essentiel un concept publicitaire inabouti que le Voyage à Nantes continue à traîner machinalement.

D’autres « campus créatifs » se sont créés ailleurs : Montpellier, Lille, Cannes, Bordeaux, Tours, Rennes… Le nom « Campus Créatif » lui-même a été déposé par une société montpelliéraine. Interrogé sur « campus créatif », le moteur de recherche Bing* de Microsoft mentionne d’abord les campus créatifs de Lille, Bordeaux et Montpellier. Celui de Nantes n’arrive qu’à la treizième réponse : sa « montée en puissance » ne l’a pas mené bien haut en sept ans. On aimerait ricaner des échecs de Nantes Métropole (« Caramba, encore raté ! »), mais sur un tel sujet, alors que Nantes partait avec tant d’atouts et y a mis tant de moyens, et a suscité tant d’espoirs sans doute, le résultat inspire surtout la consternation.

Sven Jelure

* Pourquoi Bing ? Parce que Google a parfaitement repéré que je m’intéresse à Nantes et me présente d’abord ce qui concerne la ville ! Il me fallait un moteur de recherche « naïf ».

De CAP 44 à la Cité des Imaginaires : le storytelling laborieux de Nantes Métropole

De quel imaginaire peut bien parler une équipe municipale qui fait appel à des consultant pour écrire le récit de sa ville ?

Il faudrait un Jules Verne pour dynamiser tout ça !
CAP 44, le très moche immeuble bleu posé au bord de la Loire au pied de la butte Sainte-Anne, va être transformé en musée Jules Verne et en Cité des Imaginaires. Avec la nomination d’un maître d’œuvre, le projet entre à présent en phase active.

Pourquoi tient-on à modifier le gros parallélépipède de CAP 44 au lieu de le démolir ? Parce que cette ancienne minoterie construite en 1897 est un vestige des applications du béton armé inventé par François Hennebique, un industriel du Nord de la France contemporain de Jules Verne.

Pas le vestige le plus ancien cependant. Hennebique a déposé son brevet en 1886 en Belgique et en 1892 en France. Selon Le Panthéon de l’Industrie, il avait déjà plus de 440 réalisations à son actif en 1897 (« un procédé industriel extrêmement rare », assure pourtant Johanna Rolland). Pas le vestige le plus remarquable non plus. On cite plutôt le musée des antiquités du Caire ou le 1, rue Danton à Paris, prestigieux immeuble d’habitation et de bureaux.

L’un des principaux intérêts du système Hennebique était la possibilité de bâtir de grandes structures homogènes d’un seul tenant grâce à une armature métallique. À Nantes, celle-ci est trop corrodée pour que l’homogénéité du bâtiment soit conservée. De toutes façons, largement modifié voici cinquante ans, il n’est plus « dans son jus » depuis longtemps.

Une histoire plus cahoteuse que respectable

Il n’y a donc pas conservation de l’immeuble mais, écrit Johanna Rolland, « une transformation respectueuse de l’histoire des lieux » (Nantes Passion n°286, janvier 2019). Le pluriel « des lieux » vise peut-être à éviter une funeste confusion avec le Lieu Unique. Leur « histoire », en revanche, devrait évoquée au pluriel et l’on voit mal en quoi elle mérite un respect particulier. L’immeuble, dont le premier propriétaire a vite fait faillite, n’a été voué à un usage industriel que moins de quarante ans, de 1897 à 1934. Il a été un immeuble tertiaire pendant plus longtemps. Et pendant plus longtemps encore, il a été en réparation, en transformation, inoccupé ou squatté par des migrants. Pour demain, sa nouvelle vocation touristique réclame un atrium végétalisé, une terrasse-belvédère avec vue sur Loire, un bar, une boutique… tous équipements plus sympathiques que respectueux de « l’histoire des lieux ».

Ladite histoire demeure cahoteuse jusqu’à nos jours. En 2016, la maire de Nantes décide d’implanter l’Arbre aux Hérons dans la carrière de Miséry, juste en face de CAP 44, alors propriété d’une compagnie d’assurance. Les promoteurs de l’Arbre réclament instamment la démolition de ce bâtiment qui gêne leur future vue sur Loire. Quand la ville de Nantes le rachète, en 2018, son sort paraît scellé. Et pourtant non ! En 2022, le projet de la Cité des Imaginaires jaillit comme un lapin d’un chapeau (1) ; quelques semaines plus tard (une sorte de délai de viduité ?), celui de l’Arbre aux Hérons est abandonné. Dans la querelle entre la ruine et la chimère, Johanna Rolland donne la victoire à la première.

Dans l’esprit de Jean-Marc Ayrault

Elle marche ainsi sur les traces de Jean-Marc Ayrault. À lui aussi, il lui est arrivé de cultiver le conservatisme au nom d’un passé fantasmé. L’exemple le plus remarquable en est l’École des Beaux-arts de Nantes-Saint-Nazaire (EBANSN), qu’il a tenu, après dix ans de réflexion, à installer dans une halle Alstom dénaturée. « Nous avions entre les mains un tel patrimoine industriel, appartenant à l’histoire de la ville, que nous ne pouvions pas le laisser partir et le voir disparaître », expliquait l’an dernier la patronne de la Samoa. « Il nous a été permis d’avoir l’intelligence de se donner du temps pour savoir ce que nous allions en faire. »

En tant que patrimoine industriel, Alstom était tout de même d’un autre calibre que CAP 44. N’empêche, faire d’une usine une école était un pari idiot. Même avec de l’intelligence, beaucoup de temps et encore plus d’argent, le résultat est sous-optimal. Les locaux sont peu fonctionnels et énergivores. Pour rester dans l’allusion industrielle, un énorme pont roulant a été conservé à l’entrée de l’école. Hélas, ce colosse de métal enserré comme Gulliver à Lilliput semble plutôt un muet reproche adressé par un passé de labeur à un présent futile ; il contribue à conférer au lieu un aspect rébarbatif. Johanna Rolland espère-t-elle réussir dans le Bas-Chantenay ce que son mentor a raté sur l’île Sainte-Anne ?

Initialement annoncée pour 2024, la Cité des Imaginaires devrait voir le jour en 2028. Un groupement d’architectes et de techniciens vient d’être chargé de piloter l’opération. Il palpera 3 471 778 euros hors taxes, soit quelque chose comme 680 euros du m². Ce qui paraît cher pour une simple « transformation respectueuse de l’histoire des lieux », beaucoup moins s’il s’agit de donner à la fois le spectacle du neuf et l’illusion du vieux.

Un coût à déterminer

Pour le reste, le coût global du projet est obscur. Quand Johanna Rolland l’a détaillé, en novembre 2019, un an après l’avoir annoncé, il était question de 10 à 15 millions d’euros. Le coût d’une transformation, quoi… En 2022, on en était à 50 millions ; au même moment, l’Arbre aux Hérons devait coûter 52,4 millions. Deux mois plus tard, Johanna Rolland réévaluait à 80,4 millions d’euros le coût de ce dernier, et jetait l’éponge, mais ne disait rien de la Cité des Imaginaires. À ce jour, Nantes Métropole annonce toujours 50 millions.

Décortiqué par la chambre régionale des comptes, l’exemple de l’EBANSN incite à la prudence : « Avant le lancement des marchés de travaux, l’enveloppe globale du projet est […] passée de 28,9 M€ à 41,4 M€ TTC, soit une hausse de 43 % ». Pour ce bâtiment d’une superficie supérieure de 40 % à celle de la Cité des Imaginaires, la rémunération du maître d’œuvre s’est élevée à 2 339 476 euros (environ 275 euros du m²).

L’obligation de conserver quelque chose de Hennebique limite fatalement la créativité. Pour un bâtiment en hommage à Jules Verne, on aurait attendu un peu de la Tour du Taureau (Les 500 millions de la Bégum), du Palais-Neuf (Michel Strogoff), de la forteresse de Werst (Le Château des Carpathes) ou plus modestement du manoir finistérien de Chanteleine (Le Comte de Chanteleine). Hélas, l’architecture ne semble pas devoir rejoindre la littérature.

Sven Jelure

(1) L’idée n’est pas vraiment nouvelle. En 2014, lors du Grand débat « Nantes, la Loire et nous », Les Transbordés avaient détaillé dans un cahier d’acteurs un projet ambitieux de Port Jules Verne dans lequel CAP 44 hébergerait un « Vernoscope » ayant pour mission de « projeter et conjuguer l’esprit vernien au présent et au futur ».